Médecine alternative

Les sons et les vibrations apaisants

On connaît la massothérapie, la zoothérapie, l’art-thérapie ou encore la musicothérapie. Mais la sonothérapie ? Un peu moins.

Tirée de la sonologie, science des sons et des vibrations, la sonothérapie ne prétend pas, officiellement du moins, guérir les maladies. La notion de « thérapie » fait référence à l’origine du mot qui signifie « être au service » ou « prendre soin ».

La sonothérapie englobe le toucher par le son, les massages sonores et les bains sonores (une « enveloppe » de vibrations et non un bain rempli d’eau), qui se déroulent pendant que nous sommes habillés de la tête aux pieds.

Le Français d’origine Emmanuel Comte, à la tête du Centre de recherche MedSon situé en Estrie, a enseigné les massages sonores pendant plus de sept ans à Kiné-Concept, école de massothérapie réputée à Montréal. Musicien de formation, il a été initié par hasard à la sonothérapie en 1977, lorsqu’il était hospitalisé pour un cancer.

« Je jouais de la flûte pour me désennuyer dans ma chambre et les infirmières m’ont demandé de jouer pour les autres patients, se souvient-il. J’ai été estomaqué de voir que je pouvais apporter du bien aux autres. La musique ne m’a pas guéri. J’ai eu des opérations et fait de la chimiothérapie. Mais les sons soulageaient certains symptômes grâce à la détente. C’est un complément de la médecine. »

La sonothérapie en salle d’opération

Composant peu à peu des musiques de méditation et de relaxation, il a fait la rencontre, quelques années plus tard, d’un chirurgien vasculaire, Yves Heynen, qui cherchait de nouveaux morceaux à écouter en salle d’opération. Lorsque celui-ci a testé les compositions de M. Comte, il a constaté qu’elles aidaient ses patients à se détendre davantage. Intrigué, il a mené une étude en 1996, à la clinique Jeanne d’Arc de Vichy, qui a démontré que les patients ayant bénéficié d’une anesthésie locale et de la musique d’Emmanuel Comte vivaient une baisse significative de l’angoisse et de la douleur opératoire.

« Certains anesthésistes m’ont même expliqué qu’ils avaient parfois besoin de 50 % moins d’anesthésiants quand ma musique jouait en salle, note M. Comte. Ils remarquaient aussi que mes compositions harmonisaient l’équipe et qu’elles optimisaient les gestes du chirurgien, qui était plus zen. » Il a depuis testé l’impact de ses compositions en accompagnant des équipes médicales dans les hôpitaux de Montréal, Sherbrooke, Québec, Granby, Lévis et Drummondville.

La sonothérapie est une option à considérer pour ceux qui veulent relaxer et les personnes aux prises avec des problèmes de stress, d’anxiété, de dépression ou d’hyperactivité. « La détente aide à mieux respirer, ce qui facilite l’oxygénation, aide le cœur à se réguler et tout le corps à mieux se porter », fait valoir M. Comte.

Selon lui, la relaxation que procure la sonothérapie aide également à apaiser ceux qui souffrent de douleurs articulaires et musculaires, de migraines, de rhumatismes, de fibromyalgie, de troubles digestifs et de troubles du sommeil. Sans oublier ceux qui ont des problèmes de concentration, d’attention, de mémoire et d’apprentissage. « Si l’apprentissage avec la musique crée de la détente, les personnes apprennent deux fois plus vite », soutient-il.

De l’opéra à la sonothérapie

Évoluant dans l’univers de la musique et des sons depuis toujours, la Montréalaise Nathalie-France Forest a été initiée à la sonothérapie au cours des cinq dernières années. Titulaire d’un baccalauréat en chant classique et d’un autre en enseignement de l’Université Laval, forte d’une carrière de 26 ans comme professeure de chant et de 35 ans comme chanteuse d’opéra, elle a été impliquée dans un accident qui lui a fait perdre la voix, il y a bientôt 10 ans.

« Après mon accident, j’ai enseigné le chant presque entièrement dans le silence, se rappelle-t-elle. J’utilisais mon piano pour communiquer différemment avec mes élèves. J’ai remarqué que les vibrations du piano détendent certaines parties du corps. En plus d’aider mes élèves chanteurs à mieux respirer, les vibrations leur permettent de mieux répartir l’engagement musculaire et la pression pour émettre un son correctement, avec le moins d’efforts possible. »

Au bout de deux ans à apprivoiser l’impact du son et des vibrations, elle a rencontré Emmanuel Comte, avec qui elle a poussé son apprentissage et découvert les bienfaits des bols tibétains et des diapasons. « Depuis, j’utilise la voix et les sons pour créer une mobilité et une circulation dans le corps. J’aide mes élèves à développer leurs capacités à s’affirmer et à être présents. »

Nathalie-France Forest use également des sons pour aider ses élèves en chant et ses clients en sonothérapie à prendre conscience de leur état. « Quand on leur demande de frapper sur le bol ou le diapason, c’est un peu comme s’ils touchaient la note d’un piano : ils peuvent le faire avec force, douceur, joie, colère, etc. La manière d’aborder l’instrument exprime l’état dans lequel ils sont. C’est une méthode très efficace avec les introvertis qui ont de la difficulté à prendre leur place. Avec les sons, je les aide à s’écouter, à s’observer, à s’assumer et à s’exprimer. »

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