Comptoirs alimentaires

Fini le plastique à usage unique à l'UdeM

Exit le plastique à l’Université de Montréal. Dès le 6 février, l’établissement d’enseignement supérieur retirera tous les contenants à usage unique de ses comptoirs d’alimentation, avec la possibilité d’apporter les siens, d’en acheter ou d’en louer par un service de prêt. Parlant d’un réel « changement de culture », la direction fait toutefois le pari que sa communauté emboîtera le pas.

« Quand les gens ont dû abandonner les sacs en plastique dans les supermarchés, ça a fait beaucoup jaser. Mais en fin de compte, tout le monde s’est adapté et aujourd’hui, chacun s’en sort très bien, les habitudes ont changé. On veut que ce soit la même chose ici, mais avec tous les contenants de plastique », affirme le directeur des services alimentaires de l’UdeM, Pascal Prouteau, en entrevue avec La Presse.

Selon lui, « il n’y a pas de meilleur endroit qu’une université pour implanter ce genre de projet écologique ».

« Comme institution, on a un devoir d’exemplarité en matière de développement durable. Mais surtout, on est un service autofinancé, donc oui, on doit rentabiliser nos activités, mais on n’a pas le même objectif financier que dans une entreprise privée », explique M. Prouteau.

« Ça nous donne le luxe de faire des essais, de tester des projets écodurables. »

– Pascal Prouteau, directeur des services alimentaires de l’UdeM

Dès le 6 février, la cafétéria Chez Valère et les cinq comptoirs alimentaires de l’université n’offriront donc plus aucun contenant en plastique. Au moins deux cafés étudiants se sont déjà joints au mouvement, mais M. Prouteau ambitionne de les réunir tous ; on en compte environ 25 sur le campus.

Trois choix

Les étudiants auront dorénavant trois choix : apporter les leurs, en acheter à un coût modique ou utiliser le service de location de la jeune pousse Cano, qui fait déjà affaire avec l’UdeM et un peu plus d’un millier d’étudiants depuis quelques années, en offrant des gobelets de café réutilisables.

Établie à Montréal, l’entreprise québécoise, déjà présente dans une vingtaine d’établissements scolaires et une quinzaine d’entreprises, prêtera maintenant une dizaine de modèles de contenants réutilisables aux étudiants, de façon entièrement gratuite, depuis une application mobile.

Fait à noter : comme l’étudiant ne paiera rien, c’est plutôt son gestionnaire – ici l’université – qui réglera la note en fonction de l’utilisation, au bout du mois. « Sur l’application, ça se fait en quelques secondes, un peu comme un BIXI : on les emprunte et quand on a terminé, on les laisse dans une boîte de collecte pour être nettoyés sur place. Tous nos contenants ont un code QR unique, facilement traçable », raconte le fondateur de Cano, Marco Gartenhaus.

« Tout est fait pour que ça soit simple, rapide. À l’UdeM, on a six bacs de collecte déjà en place. Les étudiants auront 14 jours pour le retourner, mais il y aura des incitatifs s’ils le font en 48 heures », poursuit le jeune homme.

« On vise plusieurs centaines, voire un millier d’utilisations pour un seul contenant. »

– Marco Gartenhaus, fondateur de Cano

« C’est tout un changement »

En principe, l’Université de Montréal deviendra donc la première au Québec à faire un virage « 100 % zéro emballage », affirme M. Gartenhaus, qui y voit un geste « vraiment audacieux » pouvant en inspirer d’autres. Institutionnellement, « c’est un pari qu’on fait », reconnaît d’ailleurs la porte-parole de l’Université, Geneviève O’Meara.

« Oui, c’est tout un changement d’habitude pour la communauté, mais on pense qu’au final, après quelques semaines, nos 45 000 étudiants et nos 10 000 employés vont choisir leurs options. Ils vont soit télécharger Cano, soit amener leurs propres contenants, soit en acheter dans les comptoirs alimentaires », dit-elle.

Pascal Prouteau va dans le même sens. « Au début, il y aura probablement un peu de frustration, on s’y attend, parce que les gens vont se sentir obligés de sortir de leurs sentiers battus. Mais à terme, comme il n’y aura plus d’autres options, là je pense que ça va vraiment exploser », anticipe le gestionnaire.

Celui-ci ne cache pas que le règlement de l’administration Plante visant à bannir les plastiques à usage unique dans la métropole à partir du 1er mars 2023 a « accéléré les démarches » de l’UdeM en ce sens. « Quand on a vu cette loi arriver, on s’est dit qu’il fallait devancer nos démarches. C’était très ambitieux, mais en même temps, c’est une pression positive pour trouver des solutions rapidement », conclut-il.

D’ici le 6 février, l’entreprise Cano tiendra des kiosques d’information à raison d’une ou deux fois par semaine sur le campus montréalais. Une campagne de communication sera aussi lancée cette semaine.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.