PETITS SOINS
La mort expliquée aux tout-petits
Collaboration spéciale
La mort est un sujet qu’on préfère généralement éviter. Pour les tout-petits, le choc sera cependant moins grand s’ils en ont entendu parler avant de la croiser sur leur route.
Contes, décorations d’Halloween, balade devant le cimetière, les occasions d’aborder la question avec les enfants sont nombreuses. À l’âge préscolaire, ils croient souvent qu’on peut revenir à la vie ou mourir « juste un peu ». Ce n’est que vers 9 ou 10 ans qu’ils peuvent comprendre ce qu’il en est. Que ce soit pour discuter de la mort ou pour l’annoncer, utilisez des mots simples, mais précis.
• Expliquez que, lorsqu’on meurt, le cœur et le corps arrêtent de fonctionner.
• Présentez vos croyances comme telles et non comme des faits. « Il faut laisser planer un doute. Si l’enfant est convaincu que le paradis est un endroit merveilleux, il peut vouloir se suicider pour retrouver sa maman morte », signale Josée Masson, directrice générale de Deuil-Jeunesse.
• Évitez de dire que la personne est partie en voyage ou au ciel. Le petit aura alors l’impression qu’un retour est possible. Il pourrait ressentir un fort sentiment d’abandon.
• Évitez les références au sommeil. Le bambin pourrait se mettre à craindre de dormir et avoir peur que ses parents ne se réveillent plus.
• Nommez la maladie (s’il y a lieu). « Pour simplifier les choses, on a tendance à expliquer seulement aux petits que la personne était très malade, constate Josée Masson. Mais ils risquent de devenir anxieux. Au moindre rhume, ils s’imaginent qu’ils vont mourir. »
Si possible, amenez l’enfant voir la personne malade à l’hôpital si elle est proche de lui. « Il pourra constater par lui-même ce qui se passe », note Claire Foch,
parentale, conférencière et auteure.De plus, les adultes sont souvent tentés de tenir les bambins à l’écart des rites funéraires. C’est une erreur, selon les spécialistes. « Évidemment, il faut leur expliquer ce qui va se passer et les prévenir que des gens pleureront », souligne Claire Foch. Même la participation des bébés est souhaitable. Les souvenirs de la cérémonie qu’on leur racontera les aideront dans leur deuil.
Plus la personne morte est proche de l’enfant, plus sa réaction sera forte. On observe parfois du mutisme, des crises de colère, des pleurs et des régressions (le bambin propre qui recommence à mouiller son lit, par exemple). On peut également avoir l’impression que le petit ne réagit pas, car il continue de s’amuser, même au salon funéraire. En fait, il est dans l’incompréhension. Jouer l’aide à se rassurer. L’attitude et le comportement de l’enfant changeront en raison du deuil. Mais après les rites funéraires, les choses devraient lentement revenir à la normale. « Si on ne note aucun progrès ou que la situation se détériore, les parents devraient s’informer pour essayer de l’aider », souligne Josée Masson.
Deuil-Jeunesse : deuil-jeunesse.com
, par Josée Masson, aux éditions Logiques
, par Claire Foch, aux éditions Enfants Québec (dès 3 ans)
, par Pernilla Stalfelt, aux éditions Casterman (dès 5 ans)