Éric Morin
Sur les traces de Godard
La Presse
Nom : Éric Morin
Âge : 42 ans
Profession : réalisateur
Faits marquants : réalisateur de
et à ARTV. Son premier long métrage de fiction, , sera présenté en première mondiale le 30 septembre au Festival du film de Hambourg, en Allemagne.Il y a trois ans, Éric Morin a décidé de retourner vivre dans son Abitibi natale. Il s’est installé avec sa famille au bord d’un lac, près de Rouyn. Et il a fait ce dont il rêve depuis qu’il est tout jeune : écrire le scénario d’un film de fiction qu’il a en tête depuis presque 20 ans.
Le 30 septembre, Morin, un ancien batteur de groupe rock reconverti au cinéma, lancera au 21
Festival du film de Hambourg, en Allemagne (qui s’ouvrira avec de Louise Archambault), son tout premier long métrage de fiction, l’onirique et très éclaté .Le 26 octobre, ce film mettant en vedette Sophie Desmarais, Alexandre Castonguay et Martin Dubreuil ouvrira le 32
Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, où il a été tourné. « Je suis retourné en Abitibi pour briser le rythme des projets de télévision et me plonger dans un projet de fiction », dit le réalisateur de 42 ans, derrière notamment le succès de à ARTV, qui lui a valu deux prix Gémeaux de la meilleure réalisation pour un magazine culturel.Le scénario de ce premier long métrage s’inspire de la visite en Abitibi de Jean-Luc Godard, en 1968. Une anecdote que le réalisateur québécois a découverte dans un livre de cinéma, au milieu des années 90. Quelques mois après Mai 68, le cinéaste d’
et de était venu en Abitibi afin d’y tenter une expérience télévisuelle inédite et révolutionnaire.n’est pas une docu-fiction sur cet épisode, ni même un film sur Godard. « C’est un film qui parle de partir ou de rester, quand on a 20 ans », résume Éric Morin, qui a lui-même quitté l’Abitibi à 19 ans, pour faire des études de cinéma à l’Université de Montréal et à l’Université Concordia.
C’est d’abord la musique qui fut son moyen d’expression artistique. Morin a fondé avec des amis du cégep de Rouyn-Noranda, dont Philippe B. (connu notamment pour ses collaborations avec Pierre Lapointe), le groupe de rock indépendant Gwenwed, qui s'est fait connaître sur la scène locale montréalaise dans les années 90 et au début des années 2000.
« Mais le cinéma n’était jamais loin, dit l’ancien batteur. J’étais un peu le metteur en scène du groupe, dans ma manière d’approcher les choses. » Il a délaissé peu à peu la musique après avoir eu l’occasion de réaliser des reportages à ARTV pour l’émission
(une autre référence à Godard…), où il a rencontré l’animatrice Catherine Pogonat. C’est avec elle qu’il a conçu et réalisé , qui a fait les beaux jours d’ARTV, remportant cinq fois le prix Gémeaux du meilleur magazine culturel entre 2006 et 2011.« Ce fut une période importante et très formatrice pour moi, dit-il. ARTV m’a donné carte blanche. J’ai beaucoup été inspiré par des artistes montréalais, qui m’ont donné envie de faire du cinéma. »
Le germe de
est né à l’époque où Éric Morin était serveur au Barbare, rue Saint-Denis, juste à côté du Théâtre du Rideau Vert. « Avec les habitués du bar, des artistes comme René-Daniel Dubois ou Alexis Martin, j’ai beaucoup discuté de mon projet à l’époque. Ils m’ont beaucoup encouragé. »Après la réalisation de quelques courts métrages « financés avec [sa] carte de crédit » – dont
, qui a été présenté dans une vingtaine de festivals internationaux –, Éric Morin s’est lancé dans l’écriture et la réalisation de son premier long métrage. Un film qui a été produit de manière indépendante, avec un budget de moins d’un million de dollars.« Il fallait des producteurs audacieux pour oser l’aventure, reconnaît le cinéaste. Ce n’est pas évident de faire venir une équipe de Montréal pour tourner un film l’hiver, en Abitibi, avec plus de 200 figurants. »
En attendant avec fébrilité la première de son film, Éric Morin s’investit pleinement dans l’écriture de son prochain long métrage, pour lequel il vient de recevoir une bourse en scénarisation de la SODEC. Il y sera question de la vision du retour aux sources d’un exilé, 10 ans après avoir quitté sa région natale. Le deuxième film, dit Morin, de son « cycle abitibien »…