Une facture salée
pour la Ville
La crise dans le recyclage du verre a des impacts importants pour la Ville de Montréal. Selon ce qu’a appris , la Ville a dû débourser plus de 500 000 $ jusqu’à maintenant pour se débarrasser du verre qui s’accumulait au centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel.
Depuis la fermeture de l’usine Klareco de Longueuil il y a un an, le verre récupéré trouve difficilement preneur au Québec. Comme plusieurs autres villes, Montréal doit envoyer cette matière vers un site d’enfouissement où elle sert pour le recouvrement des déchets et la confection de chemin d’accès.
« Nous avons évalué d’autres solutions, comme l’exportation vers l’Europe, mais les coûts étaient beaucoup trop élevés, explique Louis Gagné, agent de recherche et de planification à Recyc-Québec. C’est une voie pour venir en aide présentement, mais ce n’est pas la meilleure solution pour valoriser le verre. »
« On travaille à d’autres mesures pour amener une plus grande valeur ajoutée à tout le verre qui est récupéré au Québec. »
— Louis Gagné, agent de recherche et de planification à Recyc-Québec
Au site d’enfouissement de BFI à Terrebonne, on reçoit maintenant 40 000 tonnes de verre par année. « C’est une forme de réutilisation. C’est un bon matériau pour nous. Au lieu de payer pour aller chercher du sable, on prend du verre, explique Hector Chamberland, directeur du développement des affaires pour BFI Canada. C’est un gain économique pour nous, qui fait qu’on peut se permettre d’avoir un meilleur prix pour l’enfouissement des déchets. Ça nous coûte moins cher. »
Si la Ville de Montréal a dû payer plus d’un demi-million de dollars pour se débarrasser du verre jusqu’à maintenant, la facture continuera de monter. Près de 2000 tonnes de verre sont récupérées chaque mois au centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel. Il en coûte 27,50 $ la tonne pour l’envoyer au site d’enfouissement de BFI à Terrebonne. Une facture que la Ville ne veut plus payer.
« Nous n’avons pas trouvé de manière d’utiliser cette matière-là dans les opérations de la Ville de Montréal. Ce qu’on souhaite, c’est obtenir un décret ministériel pour transférer au centre de tri la responsabilité de disposer de cette matière-là », affirme Réal Ménard, responsable du développement durable, de l'environnement au comité exécutif.
La Ville de Montréal s’attend toutefois à ce que jusqu’à 80 % de la facture de la valorisation lui soit remboursée par le régime de compensation pour la collecte sélective des matières recyclables de Recyc-Québec.
Même s’il y a peu de demande pour le verre maintenant, ça ne veut pas dire qu’il n’y en aura jamais, indique-t-on chez Recyc-Québec. Les citoyens doivent donc continuer de placer leurs bouteilles au recyclage.
« Il y a quand même certains joueurs qui en ont encore besoin. Même si le verre se retrouve au site d’enfouissement, il a quand même une utilité même si ce n’est pas la meilleure façon de le valoriser », indique Louis Gagné. Même son de cloche, chez Gilbert Durocher, vice-président aux opérations de RSC, qui gère le centre de tri de Montréal.
« Le verre n’a jamais été une matière qui nous rapportait de l’argent. Ça provoque une usure prématurée sur les équipements et les camions qui le transportent. Mais si on dit aux gens de le jeter, ça deviendrait difficile de dire aux gens de changer leurs habitudes lorsqu’une solution apparaîtra », conclut-il.