OPINION

Les quotas et les femmes en politique

La récente élection met en lumière la faible représentation des femmes québécoises dans les institutions politiques, représentation qui, au lieu de s’améliorer au fil des ans, a subi un recul. Ce recul a fait naître un débat sur la pertinence d’instaurer des quotas pour les candidats et candidates de chaque parti politique.

Le débat n’est pas unique au Québec, mais a fait l’objet de plusieurs discussions à travers les démocraties occidentales, menant à l’adoption de quotas dits législatifs en Espagne, au Portugal et en Irlande. Ce type de quota nécessite l’adoption d’une loi demandant aux partis politiques de nommer un certain pourcentage de femmes et d’hommes à titre de candidats.

Le succès varie selon les pays. Certains partis politiques, en effet, préfèrent payer une amende plutôt que de nommer un plus grand nombre de femmes comme candidats. Malgré tout, des études démontrent que les quotas législatifs sont un facteur important de l’augmentation du nombre de femmes en politique.

Un autre type de quota ne nécessite pas l’adoption d’une loi : le quota volontaire. C’est le cas lorsque des partis politiques adoptent volontairement un règlement interne stipulant un pourcentage minimum de candidates et de candidats. Ce type de quota a surtout été populaire dans les pays scandinaves, où d’importants partis politiques ont adopté des quotas, forçant les autres partis à les imiter, ce qui a mené à une présence des femmes dans les législatures frôlant les 50 %.

Si l’on considère que la sous-représentation des femmes en politique est un problème, il convient dès lors de se pencher sur les moyens les plus susceptibles de le régler. Plusieurs études démontrent que la présence de femmes à titre de candidates ou d’élues a un impact important sur la manière dont la politique est conduite et sur les sujets discutés.

Par exemple, les questions sociales et l’égalité entre les genres sont plus souvent discutées dans le processus politique lorsque plus de femmes sont élues. De plus, la présence de femmes en politique a un impact sur les opinions des citoyens. Ces derniers ont une plus grande confiance dans les institutions politiques lorsque la présence de femmes élues est plus élevée.

INFLUENCE NÉGATIVE
SUR LA QUALITÉ ?

Un des arguments contre l’adoption de quotas stipule que ces derniers affecteraient négativement la qualité des candidates et des élues. Or, selon une récente étude sur l’impact de la loi sur les quotas en Italie (loi qui fut abolie après l’élection de 1994), une telle conclusion est fausse(1). L’étude démontre que les femmes candidates et élues en vertu de la loi sur les quotas sont en général plus qualifiées, ont une plus longue expérience et font un meilleur travail que les autres politiciens.

Puisque la présence accrue des femmes en politique est bénéfique pour le processus politique et pour les citoyens, il convient de prendre des mesures pour régler ce problème de sous-représentation. À la lumière des derniers résultats électoraux, il est faux de croire qu’il se réglera avec le temps. Des mesures doivent être adoptées, et les quotas forment une solution simple qui peut produire les effets escomptés sans les inconvénients souvent mentionnés.

(1)Ana Catalano Weeks et Lisa Baldez, Quotas and qualifications: the impact of gender quota laws on the qualifications of legislators in the Italian parliament, European Political Science Review, 2014.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.