Opinion

Services en CHSLD
Des correctifs s’imposent

Je suis une ex-directrice des soins infirmiers ayant œuvré dans tous les milieux de soins au cours de 35 ans de service.

J’aimerais attirer l’attention sur la grande difficulté de dispenser des soins et des services de qualité dans les CHSLD, en particulier dans les centres privés non conventionnés. Les derniers CHSLD qui ont été « conventionnés » remontent à 2003 et c’est le gouvernement de Jean Charest qui a mis fin au financement de ces établissements au Québec.

Dans les établissements privés, la responsabilité de trouver un médecin pour prendre en charge les personnes hébergées incombe aux propriétaires et leur succès est plutôt mitigé.

Trop souvent, la personne âgée est transférée aux urgences et son état se détériore rapidement alors qu’elle aurait pu être traitée sur place s’il y avait eu un médecin responsable qui effectue des visites régulièrement et assure un service de garde.

Infirmières praticiennes spécialisées

L’apport des infirmières praticiennes spécialisées (IPS) devrait pouvoir améliorer la situation. Toutefois, l’Ordre des infirmières et les directrices de soins infirmiers ont dû livrer bataille afin de permettre et d’encourager ces professionnelles à pratiquer en CHLSD. Même si le recrutement des médecins demeure difficile, une forte résistance existe encore autour de la pratique autonome des IPS dans ces milieux et, à ma connaissance, on n’a toujours pas statué à ce sujet.

La ministre Marguerite Blais, qui promettait récemment « des changements au niveau de la culture de nos milieux de vie », ne pourra procéder à ces changements sans le soutien du gouvernement et de ses collègues à l’Assemblée nationale.

Ce rattrapage devra passer par une réforme en profondeur de tous les établissements dispensateurs de soins aux personnes âgées et non seulement par l’ajout de nouvelles « maisons des aînés ».

À cet égard, en 2020, il ne devrait plus exister de CHSLD privés non conventionnés où l’imputabilité de ces établissements est déficiente alors qu’ils sont responsables de dispenser des soins aux personnes parmi les plus vulnérables de notre société.

De plus, les résidences pour personnes âgées n’ayant pas le même type de permis que les CHSLD peuvent à l’occasion faire appel aux services à domicile du CLSC de leur territoire pour rendre visite à un résidant ayant des besoins plus spécifiques. C’est pourquoi les changements de culture doivent nécessairement passer par des services en soins à domicile soutenus et l’augmentation significative du financement accordé à la première ligne.

Ravages de la réforme Barrette

En terminant, je ne peux passer sous silence les ravages de la réforme de l’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, qui n’a fait qu’accentuer les problèmes dans les CHSLD en général en créant ces mégastructures que sont les CIUSSS. L’hospitalocentrisme décrié par tout le monde à l’époque s’est développé au détriment de la première ligne, des services sociaux, des Centres jeunesse, des CHSLD et des budgets de la santé publique qui, rappelons-le, ont été amputés de 30 %.

Un réseau plus fort, avec des ressources suffisantes, motivées et qualifiées dans nos CHSLD, aurait été un atout de taille dans le contexte actuel. Malheureusement, M. Barrette n’a réussi qu’à démolir le réseau de la santé québécois, sans gêne et sans remords, réseau complexe qui avait mis 10 ans à se reconstruire depuis la dernière réforme.

Je doute que les CIUSSS et les CISSS possèdent les leviers pour intervenir efficacement dans les CHSLD privés. 

J’espère que la priorité des priorités du gouvernement passera par l’examen en profondeur des pouvoirs et des responsabilités que la loi de la santé prévoit pour assurer une prestation de services de la plus haute qualité en CHLSD. Nos personnes âgées méritent que tous les décideurs du réseau travaillent ensemble à remodeler le système actuel.

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