Humour
Une journée à l’école avec les diplômés
La Presse
a passé une journée à l’École nationale de l’humour (ENH), assistant aux cours et aux répétitions des 14 étudiants humoristes qui présentent, ce soir au Club Soda, leur spectacle de fin d’études, le .
Dans une grande salle bien éclairée de l’École nationale de l’humour, au septième étage de l’édifice de la rue Sherbrooke, Christopher Hall donne le cours « Écriture de chroniques télé-radio » aux étudiants de deuxième année. Chaque étudiant doit présenter, en français ou en anglais, une chronique de quatre minutes qu’il a préparée au cours des jours précédents.
C’est Jessy Sheehy, 26 ans, qui casse la glace. L’étudiant barbu à l’inamovible casquette s’installe à un bureau. Son collègue Samuel Breton va lui donner la réplique. Mais Christopher Hall demande à Katherine Levac si elle va présenter sa chronique en anglais.
« L’anglais, c’est TA langue maternelle, répond Katherine Levac, du tac au tac, au professeur. Ce n’est PAS ma langue maternelle ! Moi, je suis Franco-Ontarienne ! »
Le ton est donné. La salle rit de bon cœur. Jessy est prêt et présente pendant quatre minutes
. Un texte drôle qui fait rire la salle.« Avez-vous aimé les blagues ? », demande ensuite Christopher Hall. « Oui », répondent les autres. « Tu avais toutefois trop de stock, Jessy, ajoute le prof. Enlève des exemples, sinon c’est trop d’images. On n’a pas le temps d’apprécier chaque blague. Et puis évite la référence à la pédophilie. D’ailleurs, je vous conseille d’éviter peut-être certains sujets dans vos blagues, comme la pédophilie, les drogues ou le suicide. Mais sinon, j’ai adoré ça. Bravo, Jessy. »
Tous vont présenter leur chronique. Samuel Breton, Claudy-Marc Moreau Duvivier et Guillaume Tremblay sur le sport. Mathieu Lorain-Dignard sur les accents en anglais. Mehdi Bousaidan sur le Viêtnam, Marie-Lise Dominguez sur une relation de couple plutôt coquine ou encore Katherine Levac et Victor Billo sur le sexe.
Le cours permet aux étudiants d’améliorer leur performance de diction et leur présentation, tout en travaillant le sens du « punch » et l’intérêt d’un texte. On retrouve les mêmes objectifs l’après-midi quand ils présentent sur scène leurs numéros en vue du spectacle qui constituera ce soir, selon Louise Richer, directrice de l’école, leur « présentation officielle au milieu professionnel ».
Lors des répétitions, ils sont aidés par Pierre Prince à l’écriture, tandis que Dominic Anctil (le frère de Jean-Michel) met le spectacle en scène et « coache » le groupe. Dominic Anctil n’est pas stressé, même si les numéros ne sont alors pas encore au point.
« J’ai l’habitude avec
, dit le producteur au contenu de l’émission de Radio-Canada. Les présentations sont très différentes les unes des autres. Ce sont des univers qui se rencontrent. »David Beaucage-Gauvreau et Samuel Breton présenteront François Tousignant avant son entrée en scène, ce soir. Ils font un premier essai. Dominic Anctil fait des recommandations. « Ce bout-là est peut-être un peu trash », lance-t-il, les aidant à « puncher » leur texte. D’autres présenteront Alice Payer, mais le gag ne fonctionne pas. Des étudiants discutent avec le prof, notamment Jérémy Du Temple-Quirion et Kevin Montreuil, pour trouver des solutions.
Dans ces répétitions, on sent déjà ceux qui sont à l’aise sur scène et ceux qui devront travailler sur cet aspect. D’autres planchent sur leur texte, comme Mathieu Lorain-Dignard et Katherine Levac, qui le répètent dans leur tête, tout en bougeant les lèvres.
Comme le matin, l’ambiance est chaleureuse et respectueuse. On sent une belle chimie entre les étudiants. Aucune compétition. Dominic Anctil a beaucoup de plaisir à travailler avec ces jeunes de la relève.
« On s’attache à ces petites bibittes, dit-il. Et c’est le fun de voir que certains d’entre eux décollent. »
« Chaque année, c’est toujours beaucoup d’émotion, ajoute Louise Richer. On leur souhaite toujours le meilleur, car à l’école, on porte le rêve de ces jeunes. C’est un parcours qu’on fait avec eux et cette année, je ne sais pas si l’école a changé ou si ce sont les jeunes, mais c’est fascinant de voir combien les univers sont distincts et combien les garçons comme les filles sont proches de leur vulnérabilité. On voit plus qu’avant que c’est une vraie démarche introspective. »