COVID-19

Près de 100 000 tests par semaine

Québec modifie sa stratégie de dépistage afin de mesurer l’impact du déconfinement. De 6000 tests par jour, le gouvernement a l’intention de passer à 14 000 d’ici la fin de la semaine prochaine. Les entreprises, les écoles et les garderies qui vont rouvrir seront sous surveillance pour relever de possibles éclosions.

COVID-19

Vers un dépistage « massif »

Alors que le Québec a franchi le cap des 2000 morts liées à la COVID-19, les autorités de la Santé publique vont plus que doubler le nombre de tests d’ici la fin de la semaine prochaine. Québec modifie sa stratégie de dépistage en prévision du déconfinement.

Les entreprises, les écoles et les garderies qui vont rouvrir leurs portes progressivement seront sous surveillance, mais aussi les « régions chaudes » comme Montréal-Nord.

Le Québec a battu vendredi un triste record avec l’annonce de 163 nouveaux décès dans le cadre de son bilan quotidien. « Il ne faut pas s’alarmer », tous ces décès ne sont pas survenus au cours des dernières 24 heures, a fait valoir le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, vendredi. Depuis une semaine et demie, « on est sur un plateau de 85 décès par jour. Ça ne baisse pas, mais ça n’augmente pas non plus comme tel. »

Québec a d’ailleurs produit un graphique pour présenter le nombre de morts survenus réellement chaque jour en avril et le comparer aux nouveaux décès déclarés lors des bilans quotidiens au cours de ce mois-là – un exercice qu’il fera chaque premier jour du mois. On peut constater qu’il y a de moins grandes variations d’un jour à l’autre et que la tendance générale se voit mieux avec la présentation révisée, même si le nombre de décès totaux demeure évidemment le même. À noter que les décès survenus le 30 avril n’ont pas nécessairement été tous comptabilisés.

Le Dr Arruda s’est chargé de présenter le bilan quotidien, sans François Legault. Le premier ministre ne tiendra plus de points de presse tous les jours. C’est la fin de District 13 h en tant que rendez-vous quotidien. M. Legault se présenterait devant les caméras seulement les lundi, mercredi et vendredi à l’avenir, selon ce que son cabinet a communiqué à la presse parlementaire. Il pourrait être remplacé à l’occasion.

Au total, 2022 Québécois ont succombé à la maladie jusqu’ici. Avant l’annonce de vendredi, la plus forte augmentation quotidienne du nombre de décès remontait au 15 avril, avec 143. Encore là, et comme toujours, d’ailleurs, il ne s’agissait pas de décès survenus en totalité dans les 24 heures précédentes. Il peut y avoir des délais dans la transmission des données.

Par ailleurs, 1716 Québécois infectés par le coronavirus sont hospitalisés (+ 31), dont 218 se trouvent aux soins intensifs (+ 4). Le nombre cumulatif de cas confirmés de COVID-19 s’élève maintenant à 28 648 (+ 1110), dont 6166 chez les travailleurs du réseau de la santé (+ 302). Quelque 6700 personnes sont rétablies (+ 401).

Nouveau dépistage

Québec change sa stratégie de dépistage afin de mesurer l’impact du déconfinement, qui débutera le 4 mai. Ce jour-là, dans une première étape, les détaillants ayant un accès direct à l’extérieur et se trouvant en dehors de la Communauté métropolitaine de Montréal pourront ouvrir leurs portes.

Québec dit faire environ 6000 tests par jour à l’heure actuelle. Il a l’intention de passer à 14 000 d’ici la fin de la semaine prochaine. « Dans les faits, vous allez voir une augmentation du nombre de cas qui pourrait être due à une transmission augmentée, mais aussi au fait qu’on teste plus. Plus on teste, plus on trouve », a prévenu le Dr Arruda.

Selon lui, environ 3 % des Québécois auraient contracté la maladie, soit environ 250 000 personnes. Or, il y a 28 648 cas confirmés de COVID-19 à ce jour.

« Pour accompagner le déconfinement graduel, on met en place un nouveau plan diagnostique très agressif », a déclaré le Dr Arruda. « On teste pour trouver les cas positifs, identifier leurs contacts, remonter la chaîne de transmission, et on isole les personnes atteintes pour éviter de propager le virus. C’est l’approche qu’on appelle rechercher, investiguer, contenir. »

Ainsi, les commerces, les usines, les écoles et les garderies qui vont rouvrir seront « surveillés pour savoir s’il y a des éclosions ». Le Dr Arruda a utilisé comme exemple le cas d’un enseignant qui aurait des symptômes. « On va le tester, et s’il est véritablement positif, on va faire une intervention au niveau de l’école », a-t-il expliqué. « On va aller tester ses collègues de travail qu’il a croisés, on va tester les enfants, puis on va l’avoir, le portrait de cette situation-là. […] Tout dépendamment de ce qui va se passer, on verra ce qu’on fait. S’il y a d’autres enfants qui sont [déclarés] positifs, on va les prendre en charge, on va faire la même enquête. La question si l’école va fermer, ça, ça va être l’Éducation qui va décider. »

Parmi les 14 000 tests quotidiens, 7000 sont prévus pour les patients hospitalisés, les résidants des lieux d’hébergement pour aînés et le personnel de la santé. Quelque 6000 autres tests sont destinés aux personnes symptomatiques de la population en général, en particulier pour les milieux qui seront déconfinés. Québec a une réserve de 1000 tests qui servira en cas d’éclosion ou de situation particulière.

Québec procède au deuxième changement d’importance à sa stratégie de dépistage. Au début de la pandémie, il ne testait que les voyageurs de retour de l’étranger présentant des symptômes et les personnes avec qui elles étaient en contact étroit. Puis, il a décidé de faire les tests principalement auprès des patients hospitalisés et des résidants de CHSLD de même qu’auprès du personnel du réseau de la santé.

« C’est une toute nouvelle approche qui est bien adaptée au contexte actuel de déconfinement que l’on met en œuvre, a expliqué le directeur adjoint de la protection de la santé publique, le Dr Yves Jalbert. On retourne à un dépistage massif qui va nous permettre de mieux mesurer la transmission communautaire. »

Le Dr Arruda a expliqué qu’un plus grand nombre de tests seraient faits dans les « régions chaudes », comme Montréal-Nord. Québec privilégie des tests auprès de personnes symptomatiques plutôt que des tests aléatoires dans la communauté, même s’il pourra y en avoir, parce qu’« on y va plus là où il y a une chance de trouver quelque chose sur lequel on va être capable d’intervenir », a-t-il ajouté.

Depuis le début de la pandémie, l’enjeu de la pénurie d’équipement est toujours présent, en particulier pour les écouvillons. « L’approvisionnement n’est pas toujours facile », a réitéré le Dr Jalbert. De nouvelles méthodes de prélèvement seront donc utilisées, « par expectoration » (crachat), afin de « réduire les besoins en ressources humaines et matérielles ».

Québec « s’attend » à ce qu’une personne présentant des symptômes puisse obtenir un rendez-vous pour subir un test dans les 24 heures.

Une bonne capacité de dépistage est l’un des six critères définis par l’Organisation mondiale de la santé pour procéder au déconfinement.

Un plan bien accueilli, mais…

La nouvelle stratégie de test a été relativement bien accueillie par les experts, même si elle n’est pas parvenue à éliminer toutes les inquiétudes.

« Le plan […] me rassure. En cas de faux pas, nous serons en mesure de détecter rapidement et de faire marche arrière. L’utilisation de la technologie informatique pour le traçage des contacts est l’autre bonne nouvelle, parce que, quand il faut procéder rapidement, le papier-crayon a ses limites », a commenté l’épidémiologiste Nimâ Machouf, rattachée à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

« Si on augmente réellement à 100 000 tests par semaine, c’est très bien. J’ai encore la crainte qu’on manque d’écouvillons, de tubes, de milieux de transport et de réactifs, mais si ça va de ce côté, c’est parfait », a réagi Caroline Quach-Thanh, pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste, responsable de l’unité de prévention et contrôle des infections au CHU Sainte-Justine.

La stratégie de tester les gens symptomatiques parmi la population et d’effectuer certains tests aléatoires est la bonne, selon elle.

La Dre Quach-Thanh se montre quand même surprise que l’idée de tester au moyen d’échantillons de crachats en plus des prélèvements nasaux soit déjà évoquée par la Santé publique. « Ce test n’est pas encore validé au Québec, alors je pense qu’il faut penser à ça pour du moyen terme », rappelle-t-elle.

Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, s’inquiète du fait qu’on pourrait commencer le déconfinement avant d’avoir bien mis en place et testé le plan de dépistage. « Il y a un chevauchement, dit-il. Ce qu’on sait de ce virus, c’est qu’il ne faut pas lui donner de l’avance, car ça peut devenir excessivement difficile de reprendre le contrôle. »

« On semble donner une chance au virus de partir avant nous. Il va falloir être certain qu’on ne rencontrera pas de problèmes majeurs dans l’implémentation du plan de dépistage. »

— Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Le spécialiste souligne aussi qu’il faudra une « armée de retraceurs » pour remonter les chaînes de transmission et n’est pas convaincu que Québec a déployé les effectifs nécessaires à cette fin. Les outils technologiques peuvent certes accélérer ce travail, mais ils doivent d’abord être testés, selon lui.

« Je crois qu’il y a encore plusieurs enjeux à régler et qu’une façon prudente pour implémenter et peaufiner ces technologies serait de commencer par une phase d’essai dans une ville ou une région », a-t-il commenté.

« Alors mon rêve, pour lundi, c’est que M. Legault nous lance un appel pour une armée de retraceurs. En plus, les compétences nécessaires pour ce boulot ne sont pas en compétition avec les milieux cliniques », a-t-il lancé.

POUR QUI LES TESTS EN PRIORITÉ ?

Selon la nouvelle stratégie, les priorités de diagnostic ont été revues et sont réparties dans six groupes : 

G1 : les patients symptomatiques hospitalisés, de même que les femmes enceintes symptomatiques au troisième trimestre et les personnes qui les accompagnent à l’accouchement si elles sont symptomatiques à la fin de la grossesse

G2 : les professionnels de la santé symptomatiques en contact direct avec les patients, y compris les services ambulanciers, dont le retrait causerait une rupture de service

G3 : les usagers et le personnel dans les CHSLD, les résidences pour aînés, les ressources intermédiaires dès qu’un nouveau cas positif non isolé est identifié, les usagers d’un centre hospitalier qui sont renvoyés vers des milieux d’hébergement, les personnes symptomatiques habitant dans d’autres milieux à risque (refuges pour les sans-abri, par exemple)

G4 : les personnes symptomatiques de toutes les communautés (y compris les milieux en réouverture : écoles, milieux de garde, manufactures, mines, construction, etc.)

G5 : les premiers répondants ou les travailleurs du système de sécurité publique (policiers et pompiers, agents des services correctionnels, par exemple) et autres travailleurs symptomatiques fournissant des services jugés critiques ou essentiels

G6 : les contacts étroits des cas, symptomatiques ou asymptomatiques, selon les directives du directeur de santé publique, et le dépistage dans des milieux spécifiques en fonction du déconfinement (écoles, milieux de travail, etc.), selon les directives du directeur de santé publique.

Plan de déconfinement

Contrat de 1,7 million avec la firme McKinsey

Québec a retenu les services de la firme de consultants McKinsey, qui a un bureau à Montréal, pour l’aider à préparer son plan de déconfinement. Il a conclu avec elle, le 2 avril, un contrat de gré à gré d’une valeur de 1,7 million, selon ce qui a été rendu public vendredi dans le système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec (SEAO). Le ministère du Conseil exécutif – celui du premier ministre – « a un besoin urgent d’obtenir les services dans le cadre de la “Mise en place d’une méthodologie pour opérationnaliser les décisions entourant la levée des mesures de ralentissement de la pandémie COVID-19” en regard de l’actuelle crise », peut-on lire. « À cet effet, il est urgent de disposer d’une modélisation qui permet de comprendre les différentes trajectoires possibles pour équilibrer l’évolution de la COVID-19 et la capacité du système de santé à traiter les cas. » On ajoute qu’en raison de « l’urgence d’agir », le Ministère ne disposait pas d’assez de temps pour procéder à un appel d’offres. Le décret d’état d’urgence sanitaire lui permet de conclure des contrats de cette valeur de gré à gré. 

— Tommy Chouinard et William Leclerc, La Presse

Retour à l’école

Des pédiatres se font rassurants

Après l’Association des pédiatres du Québec (APQ), d’autres médecins spécialistes de l’enfance viennent soutenir la décision du gouvernement de rouvrir les écoles et les garderies. Dans une lettre qui doit être envoyée à tous les médecins omnipraticiens du Québec, quatre directions de départements de pédiatrie de centres hospitaliers universitaires concluent que les enfants « sont peu touchés par le SARS-CoV-2 ». Cette prise de position survient alors que de plus en plus d’articles scientifiques s’intéressent à la COVID-19 chez les enfants, souvent avec des conclusions divergentes. Cette semaine, une étude chinoise laisse par exemple entendre que les enfants sont beaucoup moins susceptibles d’être infectés en contact avec le virus. Dans une lettre rédigée dans les derniers jours, les directions des départements de pédiatrie du CHU de Québec, du CHU Sainte-Justine, de l’Hôpital de Montréal pour enfants et du CHU de Sherbrooke « accueillent favorablement cette décision », soit celle d’un retour progressif à l’école.

— Gabriel Béland, La Presse

Entrevue avec la ministre responsable des Aînés

Marguerite Blais défend sa gestion de crise

Québec — « Ce n’est pas parce qu’on ne me voit pas physiquement que je ne suis pas là ! » Pratiquement absente de la sphère publique depuis l’horreur du CHSLD Herron, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, défend sa gestion de crise et assure ne pas avoir été écartée du centre des décisions.

« Mes énergies, j’essaie de les mettre à essayer de sauver des vies pas mal plus qu’à écouter ceux qui disent que je ne suis pas là. » Au bout du fil, la ministre Blais répond à la critique avec aplomb. « Mon but, c’est d’être dans l’action, je n’ai pas besoin d’être tous les jours à l’Assemblée nationale » au point de presse du gouvernement, poursuit-elle en entrevue avec La Presse.

D’abord en isolement pour donner l’exemple, Marguerite Blais, qui aura 70 ans en septembre, s’est effacée de l’œil médiatique après avoir participé à une conférence de presse aux côtés du premier ministre, le 13 avril dernier, dans les jours suivant le drame du CHSLD Herron, où au moins 30 personnes sont mortes.

Elle avait été talonnée durement alors que le Québec découvrait les conditions déplorables dans lesquelles les résidants du CHSLD avaient été laissés.

« Après Herron, j’ai pris une décision. Il y avait [déjà] un trio à l’Assemblée nationale, et puis, il fallait que je sois dans l’action, que je sois capable de répondre aux différents groupes. »

— Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés

« On est trois ministres à la Santé et aux Services sociaux [Lionel Carmant, Marguerite Blais et Danielle McCann]. Mme McCann, elle porte le dossier. C’est la ministre de la Santé et des Services sociaux, c’est tout à fait logique [qu’elle soit là]. C’est le contraire qui aurait été un peu illogique », affirme-t-elle.

C’est donc dans l’ombre qu’elle a choisi d’agir, explique-t-elle. Il s’agit par ailleurs de sa décision, dit-elle. Dès 7 h, elle participe à un appel téléphonique en compagnie de Mme McCann, du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, et du directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, notamment.

« On ne me voit pas, mais on m’entend. L’important, c’est d’être capable de travailler et de faire passer des consignes », ajoute-t-elle, en soutenant que « les décisions se prennent ensemble ». Elle fait aussi le point avec le Dr Quoc Dinh Nguyen, médecin gériatre nommé « conseiller spécial », et le bureau du premier ministre.

« C’est un feu roulant, c’est presque 24 heures sur 24 », assure-t-elle.

« ÇA ME FÂCHE TELLEMENT »

Au moins 4400 patients « vulnérables » sont atteints de la COVID-19 dans 280 résidences pour personnes âgées. Les morts s’y comptent par centaines. Le 30 avril, on dénombrait 1290 morts de résidants en CHSLD et 308 en résidences. « Ça me fâche, ça me fâche tellement que ça me donne le courage de continuer. »

Elle tient à offrir ses sympathies aux familles endeuillées et soutient que son gouvernement fera « tout ce qu’il peut pour sauver le plus de vies » possible.

Mais n’auriez-vous pas pu faire mieux en amont alors que le problème des CHSLD était connu depuis des années ? Marguerite Blais, qui a été ministre responsable des Aînés dans le gouvernement libéral de Jean Charest de 2007-2012, refuse de porter le blâme pour la situation vécue actuellement dans les CHSLD et souligne le caractère exceptionnel de la pandémie de COVID-19, sans pitié pour les aînés de par le monde.

Mme Blais admet néanmoins qu’il y a eu un manque sur le plan de la disponibilité du matériel de protection dans les résidences au début de la crise. « On a manqué de matériel, ça, on le sait », dit-elle.

Elle croit aussi que le déplacement du personnel entre établissements – encore difficile à contrôler à Montréal – a forcément eu un effet important. « Il a fallu passer des consignes pour dire que ça prenait du personnel dédié. […] Le personnel n’avait pas l’habitude de faire ça. Ce n’est pas simple de changer la culture organisationnelle, je peux vous le dire », a-t-elle expliqué.

MAISONS DES AÎNÉS

La ministre estime néanmoins que la pandémie « va changer l’ordre des choses » pour l’avenir. Le gouvernement Legault a déjà fait valoir qu’il allait accélérer la mise en œuvre de son projet de « maisons des aînés ». À ce sujet, Mme Blais promet que l’objectif demeure le même et que les premières maisons seront ouvertes d’ici 2022.

En novembre dernier, Québec a annoncé la création de 2600 places dans ses nouvelles « maisons des aînés », projet estimé à 2,6 milliards. « Avec la COVID-19, on a arrêté de faire des annonces […], mais le travail continue. On a l’argent, ce n’est pas comme si on était obligé d’aller se faire dédouaner au Conseil du trésor », ajoute-t-elle.

Elle croit que des projets de rénovation de CHSLD aboutiront plus vite, au terme de la pandémie. Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement promet d’améliorer la qualité de vie en CHSLD, convient Mme Blais. « On a un soutien indéniable. Ce n’est pas juste la ministre des Aînés qui veut faire avancer les choses, c’est l’ensemble des collègues du Conseil du trésor », assure-t-elle.

« Le gouvernement était déjà extrêmement sensible » à la cause. « Il faut que, collectivement, on se mette à aimer nos aînés et nos personnes vulnérables, conclut Mme Blais. Ça fait des années qu’on aurait dû reconstruire des CHSLD, qu’on aurait dû faire [les choses] différemment. On ne peut pas rebâtir Rome en un jour. »

Commission parlementaire

Confusion autour d’une présumée « tragédie » dans une résidence pour aînés

QUÉBEC — Le député de Québec solidaire Sol Zanetti a livré un témoignage à glacer le sang vendredi en commission parlementaire, où il a allégué qu’une « tragédie » se vivait dans une résidence pour personnes âgées de Laval, où le manque de personnel et de matériel était criant et où une personne morte aurait été laissée près de 24 heures dans une chambre occupée par d’autres aînés toujours vivants.

Or, M. Zanetti a amalgamé des histoires qu’il avait obtenues d’une même personne concernant deux résidences différentes, certains faits se rapportant à une résidence pour aînés en perte d’autonomie et d’autres étant survenus dans un CHSLD privé.

« Je tiens à faire une précision à propos du témoignage que j’ai raconté en commission virtuelle [vendredi] après-midi concernant une résidence pour aînés, que je n’ai pas nommée à aucun moment, et où des personnes décédées restaient parfois dans leur lit, dans la même chambre que d’autres patients, plusieurs heures avant qu’ils puissent être amenés à la morgue. Je veux préciser que cette situation ne s’est pas produite à la résidence dont j’ai transmis le nom à la ministre, mais à une autre résidence.

« Je prends sur moi la responsabilité si ma façon de raconter le témoignage a pu entraîner de la confusion. Les situations que j’ai décrites en commission se sont produites dans deux résidences et m’ont été rapportées par la même personne », a déclaré en soirée le député solidaire, vendredi.

Dans l’histoire qu’il a racontée aux parlementaires, où cette distinction n’était pas faite, Sol Zanetti a affirmé qu’on utilisait parfois des sacs poubelle pour soulever des usagers de leur lit, que certains souffraient de déshydratation et que des résidants baignaient dans leurs vêtements souillés pendant des heures, jusqu’à en faire des plaies.

Ce récit a été le fait saillant de la commission parlementaire où la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, répondait aux questions des partis d’opposition pour la première fois depuis le début de la pandémie de COVID-19.

« Ça nous brise le cœur », a répondu la ministre, affirmant que ce qui était décrit était « intolérable ». La ministre a promis de donner plus de détails sur cette situation rapidement et a affirmé que le CISSS de Laval menait une intervention.

LES LIBÉRAUX VEULENT REPORTER LE DÉCONFINEMENT À MONTRÉAL

Le Parti libéral a pour sa part demandé en commission parlementaire que Québec reporte le déconfinement prévu à Montréal le 11 mai, estimant que la situation dans la région métropolitaine n’est pas maîtrisée et qu’il faut attendre qu’elle le soit avant de rouvrir certains commerces.

À ce sujet, la ministre McCann a affirmé que Québec n’hésiterait pas à reporter le déconfinement si la situation ne s’améliorait pas dans les prochains jours. Le gouvernement n’a toutefois pas pris de décision et s’en remettra aux recommandations de la Santé publique, a-t-elle dit.

Danielle McCann a également de nouveau affirmé vendredi que l’« omerta » devait cesser dans le réseau de la santé et que les employés qui étaient témoins de situations inacceptables devaient les dénoncer à leur syndicat, avec qui le gouvernement communique sur une base régulière.

La ministre de la Santé a aussi confirmé vendredi que 10 600 personnes étaient toujours absentes dans le réseau de la santé et que la pandémie de COVID-19 avait forcé le report de 131 842 opérations chirurgicales en date du 28 avril.

garderies

Conserver sa place ne sera pas gratuit

Les parents qui choisissent de ne pas envoyer leur enfant en garderie ne pourront pas conserver leur place gratuitement jusqu’au 1er septembre, comme l’avait pourtant annoncé lundi le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, qui a clarifié la politique vendredi soir.

Vendredi vers 19 h, le ministre a répondu sur Facebook aux nombreuses questions des parents au sujet du paiement des frais de garde pour ceux qui optaient pour ne pas renvoyer dans l’immédiat leur tout-petit à la garderie, au CPE ou en milieu familial.

Mathieu Lacombe est revenu sur son annonce de lundi, où il avait publiquement assuré que les parents dont les enfants ne retourneraient pas dans leur service de garde éducatif pourraient conserver leur place jusqu’au 1er septembre sans débourser de frais.

« J’aurais plutôt dû dire que les parents pourront conserver leur place jusqu’au 1er septembre, puisqu’ils n’auront pas à payer avant le retour À LA NORMALE du réseau, ce printemps ou cet été, lorsque nous permettrons un retour de 100 % des enfants. » C’était la directive déjà donnée au réseau, a précisé le ministre dans son message.

Or, la date de reprise des activités complètes des garderies et CPE est fixée au 22 juin. Cette date n’est pas officielle, car tout dépend de la situation en contexte de pandémie et des recommandations de la Santé publique.

« C’est une date hypothétique qui fait partie d’un échéancier de travail », confirme Mathieu Lacombe, dans une entrevue téléphonique avec La Presse.

« On va réserver votre place jusqu’au mois de septembre, que vous veniez reconduire ou non votre enfant à la garderie. Par contre, on va le faire sans frais uniquement jusqu’au moment de la reprise totale », clarifie le ministre.

Au moment de la reprise, le gouvernement devrait avoir épongé les frais pour une période d’environ trois mois, puisque les parents n’ont pas à payer depuis la mi-mars, conclut-il.

Pas de hausse

Dans les commentaires sous la publication Facebook de M. Lacombe, des dizaines d’internautes exprimaient leur colère face à l’information erronée. Beaucoup s’interrogeaient sur les conséquences d’un tel revirement de situation sur la décision des parents de retourner ou pas leur enfant en garderie.

À ce sujet, le ministre ne pense pas que cela entraînera une hausse indue du nombre d’enfants dans les établissements. « On n’a pas cette crainte. L’information a été communiquée à nos partenaires qui connaissent le réseau sur le bout des doigts. »

Ces temps-ci, les choses vont vite, dit-il. « Quand ça va vite, les risques d’erreurs se multiplient. La version de l’annonce que j’ai livrée lundi n’était pas la bonne, on a diffusé la bonne information pendant que les parents ont encore du temps. »

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