Meubles

Le style shaker

Le style shaker, vieux de deux siècles, ne fait pas son âge. C’est que ce design simple et sophistiqué digne du savoir-faire des Shakers inspire de nombreux créateurs encore aujourd’hui. Redécouverte d’un indémodable.

Les Shakers, secte puritaine des États-Unis fondée en 1747 à Manchester, avaient un mode de vie très strict, marqué par l’ordre, la propreté, l’humilité et l’application.

À partir de ces convictions, ils créent un style tout à fait à leur image. Leur foi exprimée dans leur travail ne laisse place à aucune forme de fantaisie. Fioritures, superflu et clinquant ne sont pas au programme. C’est la sobriété qui est de mise.

Cela explique leurs mobiliers et objets du quotidien, simples et purement utilitaires.

Un siècle avant l’arrivée du fonctionnalisme et du fameux Form follows function (la forme suit la fonction), ces puritains avaient montré que «la beauté reposait sur l’utilité».

Or, ce qui caractérise essentiellement la tradition shaker, c’est l’excellence de la fabrication. D’où ces lignes fines du mobilier, ainsi que ce souci des proportions, de l’harmonie, de l’équilibre, des finitions parfaites et de l’utilisation de matériaux naturels dans leur réalisation.

Le style shaker revisité

«Si les gens apprécient le style shaker depuis longtemps, c’est précisément grâce à sa simplicité. Il se marie à tellement de décors : contemporains, traditionnels, ou encore champêtres», explique le designer montréalais Jean Stéphane Beauchamp. 

Le concept est surtout associé aux portes et armoires de cuisine. «On le trouve d’ailleurs un peu partout dans les centres de rénovation, poursuit le designer. Même IKEA offre des armoires plaquées blanches shakers. Bien sûr, jamais on n’aurait trouvé des meubles ainsi peints à l’époque. Cela dit, si on veut avoir du mobilier qui respecte le véritable esprit shaker aujourd’hui, il faut s’attendre à débourser!»

On peut fouiller chez les antiquaires pour trouver d’authentiques meubles shakers (aux prix exorbitants), mais il est toujours possible de faire un compromis. Des ébénistes produisent leurs propres meubles d’inspiration shaker. C’est le cas d’Alexandre Godbout, qui tient Ébénisterie NIChé à Québec, atelier de création de meubles et d’aménagements intérieurs.

«Le style shaker est toujours très actuel grâce à son look, son design et son esthétisme, dit-il. L’ironie, par contre, c’est qu’aujourd’hui, avec les machines que l’on a, c’est rapide et facile à faire, car on n'a pas de sculptures à ajouter.»

«Autrefois, faire une ligne droite avec des outils manuels, c’était tout un défi! Faire une ligne pure à la main donnait un sens au travail chez les Shakers. Autrement dit, aujourd’hui, on préserve le look [les lignes épurées], pas la méthode de travail», souligne-t-il.

L’artisan ébéniste Sébastien Fortin est d’accord. «Effectivement, le terme shaker est un peu galvaudé au Québec, dit-il. Les mobiliers authentiques de cette communauté religieuse se trouvent plutôt aux États-Unis aujourd’hui. Ici, ce n’est pas forcément un concept qui a pris racine. On y fait surtout allusion lorsque l’on parle d’un certain type d’armoires.» Lui-même revisite le style shaker en y mettant une touche personnelle dans son atelier Côté Bois, à Terrebonne. 

À lire : Le style shaker, l’esprit de perfection. June Sprigg et David Larkin, chez Flammarion, 1998.

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