RÉSIDENCES SECONDAIRES

MINICHALETS, GRANDS HORIZONS

Le désir de vivre dans plus petit a donné naissance aux minimaisons. Or, de plus en plus de chalets sont aussi construits en format mini, permettant d’avoir un pied-à-terre en pleine nature à moindre coût. Attention : les endroits où ils sont acceptés sont encore limités. Mais cela commence à changer.

UN DOSSIER DE DANIELLE BONNEAU

RÉSIDENCES SECONDAIRES

Grand dépaysement dans très petit

Il n’est pas toujours nécessaire de faire de longs trajets pour changer de décor et se retrouver en pleine nature. Pour se rendre à son chalet dans la forêt, Stefan Horik a deux options : faire une randonnée d’une heure en raquettes ou une balade de 3 km en voiture. Même s’il demeure à Baie-Saint-Paul, dans Charlevoix, il désirait avoir un havre de paix, si petit soit-il.

Différentes réglementations de sa municipalité ont fait en sorte qu’il s’est construit une microhabitation sur roues de 200 pi2, qu’il peut déplacer à sa guise. Il l’a installée pour l’instant aux abords de la rivière qui longe le terrain acquis de sa belle-mère.

« C’est plus petit que ce que j’envisageais faire au départ, reconnaît-il. Mais grâce aux grandes fenêtres que j’ai installées au détriment d’espaces de rangement, j’ai l’impression d’être au milieu de la forêt. On dort souvent ici en famille. Ma conjointe Danielle et moi, nous dormons en haut dans la mezzanine, et nos enfants de 18 et 15 ans, Clara et Alexis, couchent en bas.

« On a un frigo, un four, un rond à induction, un grille-pain, une cafetière, un poêle à bois, précise l’artiste peintre. La toilette sèche a fait peur à bien du monde au début, mais on s’est habitués. Je vais très souvent au chalet, car c’est une source d’inspiration. La facture d’électricité est d’environ 15 $ par mois. Passer le balai prend quelques secondes. On a déjà une grande maison. Nous réalisons que nous avons besoin de moins d’espace que nous l’imaginons ! »

Il avait des doutes au départ. C’est pourquoi il est allé voir la micromaison mobile de Gabriel Parent-Leblanc, des Habitations MicroÉvolution, à Bois-des-Filion. Ce dernier lui a fourni des plans conformes aux normes, en s’inspirant de ce qu’il avait dessiné.

« La micromaison n’a presque rien coûté puisque je l’ai construite dans mon entrée de garage avec du bois provenant de mon terrain, souligne M. Horik. C’est incroyable, la réaction qu’elle a suscitée de la part des passants ! »

PLUS PETIT, MOINS CHER

La possibilité d’acquérir un chalet de dimension réduite, à petit prix, touche une corde sensible. Les cofondateurs de la firme Kabin le constatent, à Sutton. Grâce aux récents changements apportés à la réglementation, Martin Delisle et Sylvain Bélanger ont pu bâtir à temps pour les Fêtes trois minichalets de 544 pi2 en bordure d’un bois. Quatre autres microchalets sont prévus dans le cadre de la deuxième phase du Domaine Kabin de Sutton. Coûtant 205 000 $ (taxes en sus), ils sont presque tous vendus.

Il faut dire que les Shaks, à l’architecture contemporaine, sont fournis meublés, avec beaucoup d’espace de rangement, un très grand lit, les électroménagers, vaisselle et ustensiles, un foyer à bois dans le salon et une baignoire à remous encastrée dans la spacieuse terrasse privée. Par l’intermédiaire d’un service de conciergerie, les propriétaires ont l’option de louer leur chalet lorsqu’ils ne s’en servent pas.

Cette formule a plu à Pascal Duquette et sa conjointe, Annik Cavanagh, qui veulent skier davantage avec leurs enfants de 4 et 7 ans, Arnaud et Élie Soleil, à mesure qu’ils grandiront. Cet hiver, le couple a apprécié les revenus tirés de la location.

« C’est très convivial. L’intérieur est compact, mais on n’a pas besoin de beaucoup plus que cela pour relaxer. On ne veut pas non plus devoir trop s’occuper d’une résidence secondaire. »

— Pascal Duquette

PLUS DE CHOIX

Devant l’intérêt que suscitent les tiny houses aux États-Unis et ici, Industries Bonneville a lancé la collection Micro-loft, qui comprend cinq minimaisons usinées de superficies variant de 522 à 960 pi2. La plus spacieuse, la Nanö, a été introduite en premier, en avril 2015. La plus petite, la Zën, a été présentée en primeur le mois dernier au Salon national de l’habitation.

Chacune des maisons est modifiable et évolutive, explique Dany Bonneville, coprésident de l’entreprise familiale. Divers types de clientèles s’y intéressent : les préretraités et retraités qui voyagent et veulent un pied-à-terre, les familles demeurant en ville qui veulent une place pour jouer dehors le week-end, mais n’ont pas envie d’entretenir deux maisons, ainsi que les jeunes couples qui accèdent à la propriété.

Pour un chalet, il ne faut pas viser trop petit, estime Éric Bonneville, aussi coprésident de l’entreprise. « Le chiffre magique est 700 pi2, croit-il. La différence entre 500 et 700 pi2 est peu coûteuse, mais elle donne toute sa valeur à la maison autant quand elle est utilisée que lors de la revente. Les gens désirent un petit chalet pour qu’il soit sans entretien, mais ils veulent aussi pouvoir accueillir des amis. Il n’y a pas de restaurant à côté. Cela prend aussi de la place pour ranger skis, raquettes, habits de neige, etc. Il faut que ce soit confortable et pratique. »

Quand elle a conçu le chalet Hôm, Habitaflex Concept a essayé de trouver le juste équilibre entre la minimaison et la maison traditionnelle, indique Sylvie Raymond, porte-parole de l’entreprise. Lancé en février 2015, il a une superficie de 720 pi2 au rez-de-chaussée et comprend une mezzanine de 235 pi2.

« Beaucoup de clients cherchent un petit chalet pour avoir une liberté financière, mais il ne faut pas être trop serré, conseille-t-elle. Il faut penser aux quatre saisons. »

COIN DE CAMPAGNE

HÔM

Habitaflex Concept voulait créer un chalet usiné qui se transporterait aisément, serait rapide à installer et se raccorderait facilement aux différents services (égout, électricité, etc.). L’entreprise visait aussi un prix accessible : 69 999 $ (installation et livraison à 200 km de Montmagny incluse, portes et fenêtres de couleur autre que blanche, pieux et taxes non inclus). Est ainsi né l’Hôm, d’une superficie de 720 pi2 au rez-de-chaussée et doté d’une mezzanine de 235 pi2. Ce modèle a été lancé en février 2015 au Salon Expo Habitat Québec.

COIN DE CAMPAGNE

LINTUKOTO, ULAPPA, SAARI

Portant des noms exotiques tout droit venus de Finlande, les modèles de la collection Micro chalets XS, d’Honka Canada, s’inscriront dans la lignée des maisons en bois massif réalisées sur mesure par l’entreprise, à partir de kits importés de Scandinavie. Des modifications seront toutefois apportées pour réduire les coûts. Certains modèles seront minuscules, avec des superficies de 135, 145 et 215 pi2 (respectivement les Saari, Ulappa et Lintukoto), excluant les mezzanines. Tous pourront être modifiés et agrandis si désiré. La collection devrait être lancée à la fin de l’été.

COIN DE CAMPAGNE

ZËN, BONZAÏ, CHÏC SHACK

Notant l’intérêt que suscitent les microchalets, Industries Bonneville offre divers modèles finis le plus possible en usine et pouvant être aisément installés sur des pieux, sans altérer la nature. L’entreprise s’associe aussi avec des promoteurs qui privilégient ses produits. Les quatre premiers modèles de sa collection Micro-Loft (Bonzaï, Chïc Shack, Halö et Nanö), de 704 à 950 pi2, ont été lancés au printemps 2015. Zën, le dernier-né et le plus petit (522 pi2), s’est fait remarquer au Salon national de l’habitation, à Montréal, le mois dernier. À partir de 80 000 $ (taxes en sus). Les prix varient selon les options choisies.

COIN DE CAMPAGNE

MINI-CHALET THINKING HABITAT

Quand elle a lancé son minichalet de 640 pi2 composé de deux conteneurs maritimes recyclés, en février et mars, au Salon Expo Habitat Québec, puis au Salon national de l’habitation, à Montréal, l’entreprise Thinking Habitat a fait mouche. Préfabriqué en usine à Vaudreuil, le Mini-Chalet a attiré l’attention avec ses grandes fenêtres et sa cuisine à l’européenne munie d’un plan de travail en béton. Les habitations peuvent être agrandies et adaptées aux besoins et sont livrées prêtes à être raccordées. Leur prix : à partir de 98 000 $ (taxes en sus).

COIN DE CAMPAGNE

KAMPA, KABANA

Propriétaire d’une terre forestière au mont Tourbillon, à Lac-Beauport, Maelström Immobilier a d’abord pensé à ceux qui achèteraient un de ses 88 lots d’au moins 4 hectares quand elle a conçu ses microchalets. D’un ou deux étages, ceux-ci font 20 m2 (215 pi2) au sol, conformément à la réglementation. Ayant dévoilé ses quatre modèles en février au Salon Expo Habitat Québec, l’entreprise s’adresse aussi aux campeurs, chasseurs, pourvoiries, etc. Bien accueillis, avec leur finition intérieure en pin massif, les abris coûtent entre 45 000 $ et 63 000 $ (taxes en sus), pour des superficies variant de 215 à 430 pi2. Selon l’endroit et les règles à respecter, les modèles peuvent être agrandis ou être mobiles.

COIN DE CAMPAGNE

ELDORADO, KÄLLA

À l’instar d’autres fabricants de maisons usinées, le Groupe Pro-Fab a emprunté une nouvelle direction, l’an dernier, en lançant des microchalets d’inspiration scandinave. Les premiers modèles, Eldorado 1 (une chambre) et Eldorado 2 (deux chambres), ont respectivement des superficies de 486 et 625 pi2. Forte de son succès, l’entreprise lance ce week-end, au Salon Rénovation et Maison Neuve de Laval, un modèle plus spacieux et luxueux, de 809 pi2, appelé « Källa ». Alors que le plus petit chalet, Eldorado 1, se vend à compter de 67 995 $, le modèle Källa coûte un minimum de 99 995 $ (taxes en sus). Les prix varient selon les options choisies.

COIN DE CAMPAGNE

LA BOÎTE À CARESSES

Ma Maison Logique, de Saint-Germain-de-Kamouraska, spécialisée en construction saine et durable, construit surtout des habitations de dimensions réduites, souvent sur mesure. Son modèle La Boîte à caresses, une micromaison de 120 pi2 dotée d’une mezzanine de 60 pi2, sert depuis janvier de résidence secondaire à Catherine Duval et Pascal Dubé, le couple qui a fondé la petite entreprise. La cuisine est ergonomique avec ses plans de travail totalisant 12 pi de longueur. Ont été prévus : beaucoup d’espace de rangement et de l’espace pour recevoir. La chambre se trouve dans la mezzanine. Le prix ? Environ 54 000 $, poêle à bois inclus.

RÉSIDENCES SECONDAIRES

À vérifier avant d’acheter

Mieux vaut vérifier la réglementation municipale avant d’acheter un microchalet, car ils ne sont pas autorisés partout.

« Les villes ne sont pas au rendez-vous, déplore Dany Bonneville, coprésident d’Industries Bonneville, qui propose des minichalets de 522 à 950 pi2. Le concept, qui vise à réduire au maximum l’empreinte écologique, sous-entend que les maisons sont installées sur des pieux et non sur une fondation. Ce ne sont pas toutes les municipalités qui acceptent cela. Plusieurs, aussi, exigent un nombre minimal de pieds carrés. »

L’entreprise Kabin a suivi plusieurs étapes et a consulté la population avant d’obtenir l’autorisation de construire ses trois premiers minichalets de 544 pi2, sur pilotis, à Sutton. Les habitations n’étaient en effet pas conformes à la réglementation. Le fait que les chalets seraient installés dans de petits terrains, avec un impact minimal sur leur environnement, sans aucun voisin et pourraient être loués à court terme (car ils se trouvent près de la station de ski), a été pris en considération avant que ne soit donné le feu vert, explique Réal Girard, directeur de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire à Sutton.

La Ville a fait une refonte de ses règlements de zonage et de lotissement, qui sont entrés en vigueur en novembre, et autorisent notamment la construction d’une habitation d’un minimum de 30 m2 (323 pi2) sur un terrain déjà occupé par une résidence, que ce soit à des fins de location ou pour accommoder des parents. Cette seconde habitation doit avoir un maximum de 100 m2, sans jamais excéder la moitié de la superficie du plancher du bâtiment principal.

« On s’est inspiré de Vancouver, qui le permet dans certains secteurs, précise M. Girard. On l’a adapté à notre contexte pour permettre à certains d’avoir un revenu d’appoint et contrer l’augmentation des taxes. On a ouvert la porte à différents types de logements, qu’ils soient intergénérationnels, dans un sous-sol ou dans des minimaisons. »

Les nombreux changements apportés aux règlements de zonage et de lotissement sont toutefois loin de faire l’unanimité. Le Regroupement pour un développement durable à Sutton rassemble des citoyens opposés à la refonte des règlements d’urbanisme entreprise par la municipalité. Les plaidoiries du procès qui oppose les deux parties devraient se tenir les 5 et 6 mai au palais de justice de Granby.

LA CONCEPTION

Plusieurs consultations publiques ont eu lieu à La Conception, à proximité de Mont-Tremblant, pour bien expliquer aux citoyens le projet intégré de microlofts ChicShack que planifie le promoteur Dan Bigras (à ne pas confondre avec le chanteur), en association avec Industries Bonneville, sur un territoire de plus de 400 acres en pleine nature.

« Plusieurs citoyens étaient contre au début, mais avec les explications, personne ne s’est opposé », indique le maire Maurice Plouffe.

Le 14 mars, un règlement a été adopté permettant la construction de minichalets de moins de 592 pi2 dans une zone très spécifique, qui englobe en totalité le projet ChicShak, explique France Granger, inspectrice en bâtiment et en environnement à La Conception.

« Pour le projet ChicShack, des maisons de moins de 7 m (23 pi) de largeur ont aussi été autorisées. »

— France Granger

«Les microlofts projetés ont une largeur de 16 pi afin d’assurer facilement le transport des modules à l’emplacement prévu sur la propriété. Pour ce projet, nous n’avons pas établi un minimum de pieds carrés, mais nous avons autorisé la largeur minimale de 16 pi. »

Dan Bigras, de son côté, a établi de strictes règles afin de donner une plus-value au projet. Les microchalets seront ainsi installés sur des pieux (et non des fondations) afin de limiter leur empreinte au sol. La location à court terme ne sera pas possible, seulement à la saison. Abris de style Tempo et cabanons seront interdits, de même que les motoneiges et véhicules tout-terrain.

« Les lots varient de 20 000 à 25 000 pi2 et les propriétaires auront un accès privilégié à la rivière Rouge et à plusieurs sentiers de randonnée pédestre », précise le promoteur.

Le microchalet le plus populaire est le Chïc Shack, de 800 pi2, qu’il a contribué à concevoir avec sa conjointe, Marie Sicotte. S’il obtient tous les permis nécessaires, il croit pouvoir aller de l’avant dès l’été.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.