Leadership féminin
Pourquoi les femmes ne dirigent pas encore le monde
Janie Duquette
Éditions Transcontinental
Préface de Cora Tsouflidou, fondatrice des restaurants Cora.
La Presse
Quelques jours après la cuisante défaite de Pauline Marois, un nouveau livre sur le « leadership féminin » fait le point.
Disons-le d’emblée, l’ouvrage de l’ex-agente d’artistes Janie Duquette, à mi-chemin entre l’autobiographie, le livre de croissance personnelle et l’essai engagé, risque de faire sursauter bien des féministes pures et dures.
Mais l’auteure des
ne s’en formalise pas le moins du monde. Au contraire, elle persiste et signe : « On n’est pas obligées d’être toutes d’accord sur tout, dit-elle, à quelques jours du lancement de son livre, attablée dans un café du Vieux-Longueuil devant un thé vert. Mais reste qu’on travaille toutes dans le même sens. »Selon elle, les Pauline Marois de ce monde ont « défriché le terrain ». « Maintenant, il est l’heure de planter les graines et de décider de ce qu’on a dans le jardin. »
Elle a d’ailleurs une idée assez arrêtée de ce qui a pu contribuer à la défaite de l’ex-première ministre. « Accéder au pouvoir, c’est très dur. Il faut se battre, mettre un costume de guerrière », dit-elle, en s’appuyant sur des exemples de sa vie personnelle. Du coup, Pauline Marois n’a jamais pu « mettre sa griffe sur son exercice du leadership », croit-elle.
Selon l’ex-
, qui a pris un virage à « 180 degrés » à la suite d’une véritable « épiphanie », histoire de se consacrer désormais à cette question du « leadership féminin », peu, voire aucune femme de pouvoir n’a d’ailleurs encore osé se donner le droit de « faire comme elle le voulait ». D’où le hic, dit-elle. Car en jouant le jeu comme les hommes, avec leur ton et leur agressivité, les femmes sonnent souvent faux, et manquent du coup cruellement d’authenticité. « Le masque est lourd à porter. »Coup de poignard ultime, la critique est souvent très sévère envers les femmes (en raison du fameux double standard) : « On a parlé des foulards, de la vie personnelle et du conjoint de Pauline Marois. Est-ce qu’on fait ça avec les hommes ? »
Cela étant dit, ce ne sont pas sur les faiblesses des femmes que l’auteure souhaite insister, mais au contraire sur leurs forces. Car c’est sur celles-ci qu’elles doivent enfin miser, croit-elle, pour rien de moins que « changer le monde ». « Si on veut changer les choses, il faut commencer par soi-même. »
La moitié de son livre sert d’ailleurs à énumérer les sept fameuses clés, bien féminines, faut-il le préciser, que les femmes auraient tout intérêt à exploiter si elles veulent enfin s’affirmer en tant que femmes de tête : l’authenticité (pour en finir avec la carapace de la
), l’empathie (envers les autres et nous-mêmes), l’intuition, la créativité, la bonté, le partage et l’art de cultiver la paix.« Oui, c’est cliché, reconnaît-elle en entrevue. Mais est-ce que ça nous a aidées de jouer au hockey ? Est-ce qu’on peut cultiver la bonté, le partage ? Oui, c’est cliché, mais est-ce qu’on peut s’entendre pour dire que c’est ça, la clé du bonheur ? »
Car soyons francs, conclut-elle, l’heure est grave. « Il y a tout plein de problèmes sociaux, économiques, environnementaux. Est-ce qu’on peut enfin travailler ensemble ? »
Quant à la grande et éternelle question, à savoir si les femmes peuvent ou non tout avoir, une carrière, une famille et mener le tout de front, Janie Duquette y répond finalement très habilement : « Bien sûr qu’on peut tout avoir. Mais tout avoir, c’est être heureux. Aimer et être aimé. Mais ça, y a pas un gars qui va te dire ça… »
Consultez le site web de Janie Duquette (www.almamaterre.com/)