Hernán Losada est devenu entraîneur-chef du CF Montréal en décembre 2022. Depuis, il n’a pas travaillé la moindre journée. Du moins, selon ses dires.

À l’heure de l’apéro en ce mardi, le pilote argentin convie La Presse au Café Olimpico, dans le Vieux-Port de Montréal. Un charmant établissement qui séduit ses nombreux clients par son décor cossu, mis en valeur par ses tables et comptoirs en marbre, mais qui reste somme toute assez chaleureux.

Alors que l’Argentin s’installe, une reprise d’un match du FC Barcelone joue à la télé un peu plus loin. « Disons que la présence d’Ousmane Dembélé, Jordi Alba et Sergio Busquets trahit le fait que le match date un peu », remarque le journaliste.

Losada acquiesce, avant de demander si l’auteur de ces lignes a vu le duel de la veille entre Manchester United et Wolverhampton. Tout le monde vient rapidement à la conclusion que les Wolves méritaient un meilleur sort.

Voilà ce qu’a fait l’instructeur de ses journées de congé ; il a regardé du foot. Beaucoup, beaucoup de foot.

La veille, le dimanche ? Il était rivé devant son écran pour l’affrontement entre Liverpool et Chelsea. Et qu’a-t-il prévu faire après l’entrevue ? Malgré ses 11 heures passées au Centre Nutrilait en cette journée ensoleillée, pour diriger l’entraînement du groupe.

Eh bien, « l’Inter Miami affronte l’Union de Philadelphie », répond-il du tac au tac.

La seule chose qu’il souhaite faire à l’extérieur du terrain, c’est d’en voir davantage. Ce n’est pas par obligation, mais par passion.

« Je suis privilégié de faire quelque chose que j’aime, admet-il. Je travaille dans une bonne ambiance avec beaucoup de jeunes personnes. Tout le staff est très jeune, les joueurs sont jeunes et ça me garde moi-même jeune. »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Hernán Losada

J’arrive toujours avec un sourire au visage parce que je sais que c’est un privilège dans ce moment difficile d’avoir un travail, et surtout un travail que j’aime.

Hernán Losada

N’empêche que l’entraîneur a des intérêts en dehors du soccer. Il a notamment assisté au concert des Foo Fighters à l’Auditorium de Verdun, ainsi qu’au premier spectacle de Metallica au Stade olympique, question de bercer son cœur de rocker. Cependant, il a raté le deuxième soir de Metallica, car il fallait être fin prêt pour le boulot le lundi matin.

Il concède que ce n’est pas toujours facile d’être entraîneur-chef, mais c’est l’amour de sa vie.

« Ce n’est pas seulement la gestion du groupe, c’est aussi la gestion de ton staff, des médias, des supporters et de la direction. Il y a beaucoup de choses qui viennent sur les épaules d’un entraîneur-chef, mais c’est un travail que j’aime. »

« Ce n’est pas seulement de la tactique ou des entraînements du lundi au dimanche, c’est beaucoup plus que ça. C’est de la gestion des humains. Et ça, c’est une des choses les plus importantes dans ma position », souligne l’homme de 41 ans.

Progresser avec une bonne ambiance

Quand Losada est entré en poste à Montréal, l’un des premiers contacts des partisans avec lui a été un article peu élogieux de The Athletic. Un pavé qui relatait certains commentaires de joueurs de son ancien club, le D.C. United, évoquant les méthodes très exigeantes de l’entraîneur et un moral plutôt bas dans les rangs.

Or, depuis son arrivée à Montréal, ce n’est pas vraiment ce que l’on perçoit. Aux entraînements du club, même s’ils peuvent s’étirer à l’occasion, l’intensité et surtout les sourires sont présents.

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Losada sur le terrain du stade Saputo en mais dernier, entre Aaron Herrera (22), du CF Montréal, et Lorenzo Insigne (24), du Toronto FC

L’ancien milieu offensif est donc le premier à lancer des fleurs à son groupe, responsable de cette bonne ambiance. « C’est un jeune groupe, très gentil, qui écoute tout le temps et qui est très ouvert à travailler et à s’améliorer. C’est un très bon groupe pour un entraîneur-chef et avec lequel travailler chaque jour », dit-il.

Évidemment, le travail sur le terrain, mais pas que. Il y a d’autres endroits où l’équipe peut progresser et développer cet esprit de corps. Losada a donc profité de la pause de trois semaines, en raison d’une élimination en phase de groupes à la Coupe des Ligues, pour organiser une activité ludique.

Une scène sortie tout droit de Ted Lasso.

Les joueurs et les entraîneurs sont allés au parc Maisonneuve pour faire neuf activités. Ça pouvait être de tirer dans un filet de hockey ou simplement d’atteindre des cibles avec un frisbee. Chaque station donnait accès à une question sur la ville de Montréal, et ultimement, les équipes tentaient de former un mot de neuf lettres pour triompher.

Bref, les joueurs tentaient de mettre la main sur un prix et par le fait même, ils « découvraient la ville dans laquelle ils habitent et pour laquelle ils jouent ». Un discours au diapason de ce que le polyglotte pense de sa nouvelle ville.

Petite lettre d’amour à Montréal

L’Argentin ne s’en cache pas, l’un des « privilèges » de son emploi est de voyager et de découvrir différentes cultures et mentalités. Celui qui en est à un troisième emploi dans le soccer n’a pas mis de temps à s’acclimater à Montréal, et ce, même s’il n’y avait jamais mis les pieds auparavant. Le fait de parler un français impeccable aide, bien sûr.

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Hernán Losada

Ce que j’aime le plus de Montréal, ce sont les gens qui habitent ici. Tout le monde est très gentil et je me suis rapidement senti à la maison.

Hernán Losada

« Pour l’intégration et l’adaptation de quelqu’un qui arrive d’un autre pays, ça fait du bien. Oui, je veux remercier le club du CF Montréal, mais aussi la ville elle-même, car c’est très agréable d’y habiter », a dit l’entraîneur alors que l’entrevue se poursuivait sur l’esplanade du Vieux-Port.

Malgré quelques irritants, comme la sempiternelle congestion routière et la froideur de l’hiver, Losada adore Montréal et tout ce que la ville a à offrir.

Même s’il sait que son aventure ici ne sera pas éternelle, la métropole aura forgé une partie de sa vie.