Offensive terrestre en préparation

Nétanyahou veut évacuer les civils de Rafah

ce qu’il faut savoir

La ville de Rafah a été bombardée dans la nuit de vendredi à samedi, quelques heures après que Benyamin Nétanyahou a demandé à ses troupes d’organiser l’évacuation des civils de la ville du sud de la bande de Gaza.

Les diplomaties américaine et européenne et l’ONU s’unissent pour prévenir les « conséquences catastrophiques » qu’aurait une telle manœuvre militaire.

Une délégation du Hamas envoyée au Caire pour tenter de parvenir à un accord de trêve a quitté la table de négociations, disant « attendre une réponse d’Israël ».

L’armée israélienne a bombardé tôt ce samedi matin (heure locale) la ville de Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, Benyamin Nétanyahou ayant ordonné aux militaires de préparer un « plan d’évacuation » des centaines de milliers de civils sur place avant une éventuelle offensive terrestre.

Des témoins ont fait état de frappes dans les environs de cette ville peuplée désormais par environ 1,3 million de Palestiniens, plus de la moitié de la population de la bande de Gaza, la grande majorité étant des personnes qui s’y sont réfugiées pour échapper aux violences plus au nord.

Après Gaza, puis Khan Younès, Israël vise désormais une opération au sol dans cette ville jouxtant l’Égypte, à l’extrême sud de la bande de Gaza, dans le cadre de son offensive militaire contre le mouvement islamiste palestinien Hamas.

À Rafah, plusieurs bâtiments ont été détruits, selon des photographes de l’AFP. Dans un quartier, des personnes ont été vues porter les corps de trois enfants tués dans un bombardement.

Après avoir ordonné mercredi à son armée de préparer une offensive sur Rafah, Benyamin Nétanyahou lui a demandé vendredi de lui soumettre un « plan combiné » d’« évacuation » des civils de Rafah et de « destruction » du Hamas dans cette ville, selon ses services.

« Il est impossible d’atteindre l’objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah », et cela requiert que « les civils évacuent les zones de combat », a-t-il dit.

« Dangereux prélude » 

« Forcer plus d’un million de Palestiniens déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques », a prévenu dans la nuit de vendredi à samedi Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch.

Les États-Unis ont indiqué qu’ils « ne soutiendraient pas » une opération d’envergure à Rafah et le secrétaire d’État, Antony Blinken, qui a achevé jeudi en Israël une tournée régionale, en a fait directement part à M. Nétanyahou, selon le département d’État.

« Mener une telle opération maintenant [à Rafah] sans planification et sans réflexion dans une zone abritant un million de personnes serait un désastre », a averti le département d’État.  

Dans une rare critique à l’égard de Tel-Aviv depuis le début il y a quatre mois de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, le président américain, Joe Biden, a jugé « excessive » la « riposte dans la bande de Gaza » à l’attaque du 7 octobre.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée ce jour-là par des commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait plus de 1160 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré de « détruire » le Hamas et lancé une vaste offensive qui a fait au moins 27 940 morts dans l’enclave palestinienne, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé de la bande de Gaza. Le Hamas est au pouvoir depuis 2007 dans le territoire palestinien.

Pour le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, une telle offensive « aggraverait de façon exponentielle l’actuel cauchemar humanitaire ».

Dans le même sens, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a estimé qu’elle « aurait des conséquences catastrophiques, aggravant une situation humanitaire déjà désastreuse et un bilan civil insupportable ».

La présidence de l’Autorité palestinienne a condamné « la menace réelle » d’une offensive contre Rafah, parlant « d’un dangereux prélude » à l’application du projet politique israélien visant à « déplacer les Palestiniens de leur terre ». « Les Palestiniens n’accepteront pas d’être déplacés de force hors de leur patrie. »

« S’ils envahissent Rafah, comme l’a dit Nétanyahou, il y aura des massacres et nous pourrons dire adieu à toute humanité », a prévenu Adel al-Hajj, un déplacé dans la ville.

Fin des négociations au Caire

Après avoir lancé le 7 octobre des bombardements incessants par terre, mer et air contre le territoire de 362 km2 où s’entassent quelque 2,4 millions d’habitants, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza avant de l’étendre au sud, surtout à Khan Younès, au nord de Rafah.

Vendredi, les forces israéliennes ont pris d’assaut l’hôpital Al-Amal à Khan Younès, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien. Environ 40 déplacés, 80 patients et 100 employés se trouvaient encore dans l’établissement, avait indiqué lundi cette source.

L’armée a confirmé « une opération de ratissage sur la base de renseignements indiquant que le Hamas menait des activités terroristes au sein de l’hôpital ».

Durant l’attaque du 7 octobre, environ 250 personnes ont également été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza. Selon Israël, 132 otages y sont toujours détenus, dont 29 seraient morts.

Des négociations entre les médiateurs qatari et égyptien et le Hamas, lancées jeudi au Caire pour tenter de parvenir à un accord de trêve incluant un échange de prisonniers palestiniens et d’otages, ont pris fin vendredi, a indiqué à l’AFP un responsable du Hamas. « La délégation du Hamas a quitté Le Caire », a affirmé le responsable en disant, sans autres précisions, « attendre une réponse d’Israël ».  

Un accord avait permis fin novembre une trêve d’une semaine, l’acheminement de davantage d’aide à Gaza et la libération d’une centaine d’otages et de quelque 240 prisonniers palestiniens écroués par Israël.

Sur un autre front de bataille, le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah, un allié du Hamas, a affirmé avoir lancé vendredi des dizaines de roquettes sur une position militaire israélienne dans le Golan syrien occupé par Israël. Et l’armée israélienne a fait état de frappes aériennes sur des positions du Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier du nord d’Israël.

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