Arts visuels Andre Petterson
L’harmonie de la zébrure
La Presse
D’abord sculpteur dans les années 70, le Vancouvérois d’adoption Andre Petterson est devenu un adepte des collages, de la peinture et de la photographie avant d’embrasser une technique mixte qui donne d’heureux résultats.
Ses œuvres sont à la base des photographies sur lesquelles il intervient avec de la peinture, créant des situations ou des personnages en juxtaposant plusieurs photos. C’est le cas de sa dernière série d’œuvres,
, qu’il présente en primeur à Montréal, et qu’il a réalisée en souvenir d’un séjour effectué l’an dernier au Zimbabwe, au Botswana, en Afrique du Sud et en Namibie.« Ce voyage m’a bouleversé, dit-il en entrevue devant ses œuvres. La réalité des Blancs et des Noirs m’a frappé. Je ne me suis pas senti en danger et je n’ai pas vu de violences, mais le fait que les Noirs travaillent pour les Blancs m’a fait ch… Je vis à Vancouver, où 52 % de la population est d’origine asiatique, mais d’une manière générale, tout se passe bien dans ma ville. Nous sommes comme une famille heureuse. »
Des aspects de la vie quotidienne en Afrique australe l’ayant fortement dérangé, il explique qu’après avoir observé les rayures blanches et noires des zèbres durant un safari, il y a vu une métaphore sur la recherche d’harmonie entre Blancs et Noirs. « Le fait de retrouver la photo d’un tissu rayé noir et blanc que j’avais prise au Maroc a provoqué un déclic », dit-il. Sa série
venait de naître.Il en ressort des œuvres dans lesquelles la zébrure revient comme un leitmotiv. Dans
, l’éléphant est en suspension dans les airs, retenu par un parachute fait de tissu zébré. est un mélange de photos de machines à écrire et de rubans encrés se prolongeant en coups de pinceau pour donner l’impression d’une silhouette humaine.Pour sa toile
, il a construit un personnage juché sur un éléphant en juxtaposant des machines à écrire les unes sur les autres. Un équilibre d’autant plus précaire que l’animal et l’objet sont tous deux en voie de disparition. Une œuvre où l’éléphant (l’Africain noir) porte sur son dos une référence occidentale obsolescente. On peut y voir une critique sans nuance, une saine prise de conscience tout autant que l’expression d’un espoir.« Je n’avais pas l’intention d’être poétique quand j’ai fait ces œuvres, mais c’est sorti comme ça, justifie l’artiste de 63 ans. Je ne pense pas être pessimiste. J’ai espoir que les choses changent. »
Travailleur solitaire, n’appartenant à aucune famille artistique, Andre Petterson n’est fidèle qu’à la galerie Bau-Xi, qui le représente depuis sa première exposition à Vancouver en 1974. Né à Rotterdam, aux Pays-Bas, et arrivé en Saskatchewan à l’âge de 3 ans, il a déjà exposé au Québec en 1988, dans l’ex-galerie Franklin Silverstone. Après Montréal, il présentera ses œuvres à Seattle en novembre, puis à Vancouver et à Toronto en avril.