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Le bras retrouvé d’Antoine Meursault fait jaser les pathologistes. Le bras a été prélevé avant l’explosion et il porte un tatouage qui semble évoquer une école secondaire.

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Le journaliste Vincent de Léon rencontre de nouveau sa source, le Dude. Celui-ci, anormalement nerveux, a de nouvelles révélations-chocs à lui faire. Des confidences qui se termineront par un drame...

Un homme détestable Notre polar estival

Chapitre 24 : Bye Bye Bob

Un concert strident de sirènes hystériques déchira le ciel. Le son familier d’une catastrophe trop vite arrivée, fit se raidir l’inspecteur Panneton. Debout au milieu de la piste cyclable du Vieux-Montréal, prisonnier de son 10 vitesses pourri et du pouilleux à Vincent de Léon qui brillait par son absence, Panneton fulminait. Cela faisait plus de 45 minutes qu’il poireautait comme un imbécile.

Plus les minutes s’écoulaient, plus Panneton sentait monter une envie folle d’arracher la tête du journaliste retardataire et de la réduire en bouillie. Les images déclenchées par sa frustration le firent subitement réaliser que c’était peut-être pour une raison aussi insignifiante qu’un retard ou qu’un manque de politesse qu’Antoine Meursault avait été retrouvé empoisonné, crucifié, décapité et en mille morceaux. Des fois, le besoin d’éliminer un être humain tient à rien, voire à la banalité même.

Panneton consulta sa montre pour la centième fois et décréta que si de Léon n’était pas arrivé dans deux minutes et trente secondes, il lui laisserait la vie sauve mais il ne lui adresserait plus jamais la parole. Son vieux portable sonna au même moment. Panneton grimaça, déjà prêt à renier sa propre parole. Stie de journaliste à marde…

Mais contre toute attente, ce n’était pas de Léon qui appelait. C’était Bégin, son voisin de bureau. Une catastrophe, une crisse de grosse catastrophe, venait d’arriver à l’intersection de Sainte-Catherine et Sanguinet.

Panneton enfourcha son Raleigh, cette fois avec gratitude, conscient que le vieil engin l’aiderait à atteindre les lieux de l’explosion dix fois plus vite que sa Caprice.

Panneton n’était jamais allé à Beyrouth ou à Bagdad mais en arrivant coin Sainte-Catherine et Sanguinet, il imagina que ça devait un peu ressembler à l’indescriptible chaos devant lui : des cris, des pleurs, des gens sonnés et ensanglantés, des ambulanciers qui courent comme des poules sans tête, des débris partout et au milieu de ce cercle de feu et de panique, un amas de métal tordu, de ferraille fumante : le tombeau de l’inspecteur Robert  – Bob – Maheu.

Panneton sentit sa poitrine se contracter sous l’impulsion d’une angoisse. Une peur insidieuse et froide lui noua l’estomac. Panneton n’aimait pas particulièrement l’inspecteur Maheu mais il admirait son impétuosité, son insolence, sa force de déduction et la rapidité de ses réflexes.

Maheu était l’inspecteur vedette des Homicides, celui avec le taux de résolution le plus élevé de la division. En plus, les médias l’adoraient.

Dernièrement pourtant, l’étoile de Bob Maheu avait commencé à pâlir. Certains disaient que le succès lui avait monté à la tête, brouillant son instinct, altérant son regard au laser et le rendant brouillon et dangereux. D’autres mettaient ses dernières déconvenues sur le compte d’un divorce acrimonieux qui l’avait poussé vers l’alcool et les jeunes filles. Panneton n’avait pas d’opinion sur le sujet. Il ne savait qu’une chose : Maheu aurait dû en toute logique hériter de l’enquête sur Meursault plutôt que lui. Mais Maheu avait été suspendu pour une broutille la veille du meurtre de Meursault. Était-ce vraiment un hasard ? 

Demain

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