Chronique Lysiane Gagnon

Le terrorisme sikh s’invite au Canada

Les aventures du premier ministre Trudeau en Inde ont mis en relief l’inquiétante proximité de la classe politique fédérale et des extrémistes sikhs qui militent, sur le sol canadien, pour le démembrement de l’Inde par des méthodes terroristes.

Ne nous étonnons pas de la présence, parmi les invités du premier ministre Trudeau en Inde, d’un terroriste sikh condamné pour tentative de meurtre. Cet individu, Jaspal Atwal, dont rien n’indique qu’il se soit repenti, est un militant libéral bien connu dans la région de Vancouver.

Il a déjà été membre de l’exécutif d’une association libérale, et s’immisce souvent dans les activités du parti, comme l’attestent des photos le montrant en compagnie de M. Trudeau ou d’autres personnalités libérales.

Non seulement cet homme, qui fait la navette entre l’Inde et le Canada depuis sa sortie de prison, a-t-il été invité à se joindre à la suite de M. Trudeau par un député libéral de la même confession sikhe, mais l’entourage du premier ministre n’a pas bronché en voyant son nom sur la liste, alors que la sale histoire de ce personnage se trouve en un clic sur Google.

M. Atwal a été reconnu coupable d’avoir tiré à bout portant, en 1986, sur la voiture de Malkiat Singh Sidhu, un ministre indien alors en voyage en Colombie-Britannique. Une tentative d’assassinat politique inspirée par le mouvement du Khalistan, qui vise le démembrement de l’État indien du Pendjab pour y créer une théocratie sikhe.

C’est au nom de cette cause que s’est produite, en 1985, l’explosion du vol 182 d’Air India, qui a fait 329 victimes – le pire attentat terroriste jamais survenu au Canada.

Cet attentat s’inscrivait dans une sanglante vendetta. En 1984, la première ministre Indira Gandhi était assassinée par ses gardes du corps sikhs. Suivirent, en représailles, des massacres perpétrés contre les sikhs par des fanatiques hindous… à quoi répliquèrent, à partir de Vancouver, d’autres fanatiques sikhs en faisant exploser le vol d’Air India. Cet atroce conflit continue de déchirer la communauté canadienne d’origine indienne.

C’est pourquoi il est si surprenant que M. Trudeau ait confié quatre ministères à des sikhs, qui représentent 1,4 % de la population canadienne.

Le caucus libéral compte 19 députés d’origine indienne, mais M. Trudeau semble avoir une affection particulière pour les sikhs, spécialement pour ceux qui affichent les signes distinctifs de leur fondamentalisme religieux.

Rien de plus visible, en effet, qu’un turban et un kirpan : quel merveilleux symbole du multiculturalisme !

Si deux sikhs laïques (dont une femme) siègent au cabinet, deux sikhs enturbannés ont hérité de ministères importants, la Défense nationale et le Développement économique.

Le ministre de la Défense, Harjit Singh Sajjan, a été très mal reçu en Inde l’an dernier, car sa famille est soupçonnée, à tort ou à raison, d’être sympathique aux partisans radicaux du Khalistan.

Seul un sous-fifre était à l’aéroport pour lui souhaiter la bienvenue, et le premier ministre du Pendjab a refusé de le rencontrer… mais des manifestants séparatistes l’ont accueilli comme un héros !

La frontière entre les séparatistes partisans de la violence et les autres est parfois difficile à déterminer car il existe, parmi les nationalistes sikhs, une nette réticence à se dissocier des éléments terroristes du mouvement séparatiste.

M. Trudeau ne semble pas s’être soucié de faire la distinction. Selon Terry Glavin du National Post, l’un des reporters admis dans la tournée indienne de M. Trudeau était un journaliste indo-canadien qui a déjà manifesté avec des gens qui scandaient « Modi, terroriste ! » et « Inde, hors du Khalistan ! ».

Au printemps dernier, M. Trudeau a assisté joyeusement à un défilé sikh où l’un des chars célébrait le « martyr » Jamail Singh Bhindranwale. Ce dernier était le fondateur du Khalistan. En 1983, il a transformé le temple sacré des sikhs, le Golden Temple, en arsenal bourré d’armes militaires. Le gouvernement Gandhi y a envoyé l’armée et Bhindranwale a été tué dans les combats. C’est pour le venger qu’Indira Gandhi a été assassinée.

Les sikhs, concentrés en Colombie-Britannique et en Ontario, sont politiquement très actifs au Canada, et pas seulement chez les libéraux. Le nouveau chef du NPD, Jagmeet Singh, est lui aussi un fondamentaliste sikh.

Même questionné de près, ce dernier a toujours refusé de se dissocier du culte que les séparatistes sikhs vouent à un individu reconnu comme l’instigateur de l’attentat du vol d’Air India, Talwinder Singh Parma.

La première initiative de M. Singh, comme député, avait été de réclamer que les motocyclistes sikhs soient exemptés de porter un casque de sécurité. Il est revenu trois fois à la charge avec cette proposition.

L’Inde lui refuse un visa depuis 2013. Cette même année, M. Singh, alors député à la législature ontarienne, a présenté une motion demandant au gouvernement canadien de faire pression sur l’Inde pour sauver la peau d’un terroriste sikh condamné à mort en Inde pour y avoir organisé un attentat à la bombe en 1995. L’attentat avait fait 18 victimes, dont le premier ministre du Pendjab. Interrogé par les reporters, M. Singh a refusé de qualifier cet acte de terroriste.

Est-il acceptable que des élus de premier plan fassent passer des causes reliées à leur lointain pays d’origine, à plus forte raison quand elles trempent dans le terrorisme, avant les intérêts du Canada ? C’est une question qui ne semble pas avoir effleuré les politiciens en quête de votes dans les communautés culturelles.

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