Céline Cassone

Quitter la scène pour retrouver sa liberté

Sur scène, elle était reconnaissable entre mille, avec sa crinière rouge feu, ses jambes ciselées et son éblouissante technique. Après avoir brûlé la scène pendant plus de 25 ans, dont 12 au sein de la compagnie montréalaise BJM, Céline Cassone a décidé de ranger ses pointes pour se consacrer entièrement à l’enseignement de la méthode Safe Floor… et a déménagé ses pénates dans les Laurentides. La Presse est allée lui rendre visite.

Elle a eu une brillante carrière de danseuse, au sein de prestigieuses compagnies internationales comme le Béjard Ballet Lausanne et le Ballet du Grand Théâtre de Genève, avant de passer en 2008 chez BJM – Les Ballets Jazz de Montréal, dont elle était la danseuse principale.

Avant la pandémie, son conjoint, Louis Robitaille, qui a dirigé BJM pendant près d’un quart de siècle, avait déjà annoncé son intention de prendre sa retraite. La COVID-19 a accéléré les choses, pour lui comme pour Céline Cassone.

Le confinement a mis en lumière certaines évidences, se remémore-t-elle. « Quand tout le monde s’arrête comme ça, tu réalises ce que tu ne veux plus faire. Rien que de se mettre dans le fauteuil devant la télé, ou prendre un livre, quel bien-être ! Ça ne m’était pas arrivé depuis très longtemps », raconte-t-elle par un bel après-midi ensoleillé, assise dans le lumineux studio de sa nouvelle maison, dans les Laurentides.

« J’avais cette envie de liberté depuis très longtemps. Les gens me disent : “Oui, mais la scène, c’est la liberté…” Oui et non. Il y a tout un carcan pour arriver au point d’être libre sur scène. C’est une prison. »

— Céline Cassone

Tout cela a aussi coïncidé pour le couple avec un changement de décor ; d’un condo en pleine ville, près du Stade olympique, à une grande et lumineuse maison avec vue sur le lac dans la municipalité de Saint-Hippolyte.

« J’avais l’impression que dans les Laurentides, il y avait quelque chose à développer. Et puis on est tombés sur cette maison, c’était un autre signe. »

Une technique remplie de promesses

Ce que Mme Cassone voulait développer, c’est notamment sa nouvelle vocation : l’enseignement de la technique SAFE FLOOR. Inventée au tournant des années 2000 par Alexandre Munz, qui a notamment été danseur principal à l’Opéra de Berlin, cette technique neuromusculaire (SAFE est l’acronyme de Spine Advanced Functionnal Empowerment) serait en train d’« exploser » un peu partout dans le monde.

Toute première coach certifiée SAFE FLOOR au Canada en 2018, Céline Cassone a d’abord pu observer les bienfaits de cette technique qui se pratique entièrement au sol sur elle-même, après avoir invité M. Munz à venir lui montrer les bases de la méthode à Montréal.

Alors que des blessures l’avaient amenée à devoir recevoir des traitements par injection, elle a réussi à diminuer leur fréquence et à améliorer sa souplesse. Car on a beau être une danseuse professionnelle de haut niveau, «  les voyages à répétition, le surentraînement, le manque de récupération et les années qui s’accumulent » finissent par créer tensions et pertes de mobilité.

« Le Safe Floor m’a sauvée mes trois dernières années, et j’aurais pu continuer à danser encore plus longtemps si j’avais voulu. »

— Céline Cassone

Avec cette méthode, les athlètes peuvent apprendre à découvrir davantage « leur corps de l’intérieur ». « On leur donne des outils qui vont leur permettre de s’autonomiser, d’améliorer leur performance, mais sans l’usure, en respectant le corps. » Céline Cassone a entraîné et entraîne toujours plusieurs athlètes, comme Lysanne Richard (plongeon au vol), Maude Sabourin (Les Grands Ballets canadiens) ou encore les patineurs Laurence Fournier et Nikolaj Sorensen.

Pour tous

Mais le SAFE FLOOR est loin d’être réservé à l’élite sportive. La majorité des clients de Céline Cassone sont des gens ordinaires. « Ce que j’aime de cette méthode, c’est qu’elle est innovante, mais inclusive », énonce celle dont la cliente doyenne a 78 ans. « Comme ça se passe toujours au sol, la gravité est renversée. Tous les corps, toutes les morphologies peuvent faire les mouvements. »

Fonctionnant selon un principe semblable à la méthode Essentrics (où on travaille la contraction excentrique des muscles), le SAFE FLOOR est constitué de séries d’exercices au sol sous forme d’étirements, de mouvements d’expansion et de contraction, de micromouvements sphériques et spiraliques, le tout exécuté dans la lenteur.

Les bienfaits sont nombreux, affirme l’ancienne danseuse, en se basant non seulement sur son expérience, mais aussi sur les témoignages de dizaines de personnes ayant essayé la technique, évoquant notamment « une décongestion et une décompression de la colonne », le gainage de la musculature profonde ou encore la libération des « tensions parasites ».

La technique permettrait aussi de masser et régénérer les fascias, ces membranes de tissus conjonctifs qui enveloppent notre structure anatomique. « On se rend compte de plus en plus que des fascias en bonne santé, qui glissent bien, ont un impact réel sur notre bien-être. » Au bout du compte, le SAFE FLOOR pourrait avoir des échos durables sur « la qualité de vie, le sommeil et le stress ».

Dans son studio, situé à l’étage de sa nouvelle maison, elle reçoit des clients en consultation privée, et donne aussi des classes tout près, à Piedmont. Durant le confinement, elle a aussi pu expérimenter avec Zoom, une plateforme tout indiquée, comme l’enseignement du SAFE FLOOR est basé sur une « technique de guidance » par la voix. Elle a ainsi des clients partout dans le monde, de la Polynésie au Maroc en passant par la Martinique.

Pas mal comme nouvelle liberté !

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