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Édition du 16 novembre 2017,
section ARTS, écran 9
On l’a toujours connue comme la Guilde canadienne des métiers d’art. L’institution fondée en 1906 a procédé, ces derniers mois, à une cure de jouvence, raccourcissant son nom, déménageant dans de superbes locaux et poursuivant l’actualisation de son approche éducative et artistique.
La Guilde a été créée par deux femmes de la bourgeoisie anglophone de Montréal, Alice J. Peck et Martha May Phillips, alors soucieuses de soutenir l’artisanat et d’aider les communautés, notamment celles issues de l’immigration récente.
À partir des années 40, la Guilde a pris un virage en incluant les communautés autochtones, leur permettant de vendre leurs objets d’artisanat à Montréal.
« La Guilde était très reconnue, explique Karine Gaucher, responsable de la programmation et des communications à la Guilde. Bien des clients riches de Montréal et de Westmount y achetaient des objets faits par des autochtones. »
« Pour changer la façon de faire un peu colonialiste qui prévalait à l’époque, on essaie aujourd’hui de travailler avec les artistes autochtones en leur donnant carte blanche. »
— Karine Gaucher, de la Guilde
La Guilde veut également casser l’image de l’art autochtone traditionnel et exposer des œuvres d’artistes amérindiens vraiment contemporaines, qui font par exemple appel à la vidéo ou à la réalité virtuelle. Parallèlement, l’organisme embrasse de plus en plus le volet contemporain des métiers d’art, comme on le constate avec l’exposition Matière incandescente.
Le verre contemporain
Pour cette nouvelle ère de la Guilde, les commissaires Elena Lee et Karine Gaucher ont rassemblé des œuvres d’artistes verriers canadiens qui surprennent par leur variété et donnent une bonne idée de la polyvalence du verre.
Comment ne pas être étonné par l’installation Mimi a un crabe dans les yeux, d’Ito Laïla Le François ? Sa sculpture rappelle l’hétérogénéité chimérique de celles de David Altmejd. Constituée de verre soufflé, de tissus, de galets, de coquillages, de bois et de fourrures, elle est une ode à l’amitié, en même temps qu’une recherche sur la complexité de l’identité.
Pour Deux points touchés simultanément m’allument. Trouvez-les !, Carole Frève a associé le verre au cuivre et à des circuits électriques ! Original. Montréalaise d’origine catalane, Montserrat Duran Muntadas évoque de son côté – avec des pièces de verre soufflé liées à du tissu rembourré – l’incapacité, pour certaines femmes, de procréer. Son œuvre, Dizygotes, explore l’intimité autant qu’elle suggère un cri de détresse.
Verre marin
Artiste réputé, Sébastien Duchange a mis en lumière, dans cette exposition, l’élégance que le verre peut induire. Pour son Mercy Anchor, la matière en fusion a été soufflée à la canne de verrier pour façonner une ancre, une bouée ou les anneaux d’une chaîne, tous reliés au monde de la marine. Des pièces extrêmement délicates qui témoignent d’un talent inouï.
Autre exemple de grande dextérité : les verres soufflés de sa comparse de l’atelier Sébomari, Marie-Hélène Beaulieu, notamment un Ginkgo V d’une grande beauté qui réfère à la fragilité de l’existence. Regardez de près ses réalisations, on y découvre un des fruits de la vie…
Fascinée par l’impact des vêtements sur notre quotidien, l’Ontarienne Tanya Lyons présente Blossoming, un kimono pourvu de branches de cornouiller qui bourgeonnent de fleurs délicates en verre. Une réflexion sur les moyens de défense tant de l’homme que de la nature.
Parmi les autres artistes verriers, on retrouve des œuvres de Susan Edgerley, Annie Cantin, Maryse Chartrand, Brad Copping, Caroline Ouellette, Tyler Rock, Jean-Simon Trottier, Patrick Primeau et Donald Robertson.
Art inuit
Parallèlement, la Guilde présente, jusqu’à l’automne prochain, Inuit Qaujimajatuqangit : Art, architecture et savoirs ancestraux, une exposition reliée à une intégration d’art dans un nouvel édifice. Une station de recherche scientifique sur l’Arctique est en cours de construction à Ikaluktutiak (Cambridge Bay). Pour y intégrer des œuvres d’art, un concours a été lancé sur le territoire inuit canadien par la firme montréalaise d’architecture EVOQ, spécialisée dans les projets nordiques et qui a conçu la station.
La Guilde présente une sculpture et une cinquantaine de maquettes graphiques provenant des artistes inuits retenus lors de ce concours, notamment Ningiukulu Teevee, Bobby Nokalak Anavilok et Tim Pitsiulak, malheureusement mort l’an dernier.
Symboles inuits, bestiaire pictural, portraits, scènes de la vie quotidienne, outils et autres pièces créés par les Inuits, ces dessins illustrent combien les chasseurs de l’Arctique ont contribué, par leurs connaissances et leurs expériences, au progrès et à l’avancée des sciences et des technologies. Une façon, donc, de souligner leur génie créatif et leur empreinte sur le monde.
Matière incandescente (jusqu’au 25 novembre) et Inuit Qaujimajatuqangit : Art, architecture et savoirs ancestraux (jusqu’au 8 septembre 2018), à la Guilde (1356, rue Sherbrooke Ouest, Montréal).
Hyperform
De Max Cooper et Maotik
35 minutes
Deux étoiles et demie
Hyperform débute fort avec un travail structurel localisé qui se développe sous une musique de fond dans les basses. Le détail grossit, se déploie, prend une forme hypertrophiée, d’où le titre du film. La musique prend un envol vibratoire, comme un moteur qui prend de la puissance. Le dôme de la SAT se transforme en une salle rectangulaire avec des déformations se produisant au plafond. Passage intéressant. Les images des sections suivantes du film sont toutefois répétitives…
Liquid Architecture
De Diagraf, Ewerx et Wiklow
40 min
Trois étoiles et demie
Plus planant, plus galactique, plus science-fiction, Liquid Architecture présente des effets d’immersion assez efficaces. Avec une musique modulée qui se fond aux images, des éléments architecturaux qui se décomposent au rythme du son et qui sortent de notre architecture réelle souvent tiède. Des passages brumeux donnent des sensations inédites et une impression générale de liquéfaction. Cette œuvre peut-être un peu trop sage est structurée et délicate, sans réinventer le genre.
La dernière expo de la peintre et professeure Marion Wagschal à la galerie Battat Contemporary se déroule jusqu’au 25 novembre, date à laquelle cette galerie du collectionneur Joe Battat fermera ses portes. Intitulée Hexe, l’exposition présente les créations les plus récentes de Marion Wagschal, un corpus pour lequel elle a été assistée du peintre Paul Hardy. Les peintures sont d’ailleurs accompagnées d’une narration de Paul Hardy qui évoque l’univers et la démarche créative de Mme Wagschal.
À la galerie Battat Contemporary (7245, rue Alexandra, local 100, Montréal), jusqu’au 25 novembre.
Le prix Dazibao à Zanele Muholi
Depuis 2007, le prix Dazibao est attribué à un artiste de Momenta, la Biennale de l’image. Cette année, le prix a été remis à l’artiste sud-africaine Zanele Muholi, a annoncé la directrice de Dazibao, France Choinière : « Dans une pratique foncièrement investie de son propos, l’artiste/activiste inscrit son histoire personnelle de femme noire, lesbienne et sud-africaine à même l’histoire collective, attestant d’une présence et de réalités souvent occultées. » Le prix est accompagné de l’édition d’un livre, lancé lors de l’édition suivante. Depuis sa création, le prix Dazibao a été décerné à Gustavo Artigas, Zineb Sedira, Jim Verburg, Suzy Lake et Liam Maloney.
Calligraphies
La Société des calligraphes de Montréal propose, jusqu’au 20 novembre, à la librairie et galerie Bonheur d’occasion, Coins et recoins de Montréal, des créations de calligraphes avancés et émergents, autant classiques que contemporains. Samedi et dimanche, des démonstrations seront présentées aux visiteurs, de 14 h à 16 h, par les calligraphes Saskia Latendresse et Christian Bélanger.
À la librairie et galerie Bonheur d’occasion (1317, avenue du Mont-Royal Est, Montréal), jusqu’au 20 novembre. Entrée gratuite.
Suzanne Coupal
La peintre montréalaise Suzanne Coupal présente Avec ceux qui restent à la galerie Carte blanche jusqu’au 26 novembre. Une série de toiles inspirée de l’attentat terroriste du Bataclan, il y a deux ans à Paris, où elle résidait alors. Des peintures sur lesquelles elle a disposé de « petits bonshommes » couchés. Une peinture que l’ex-juge à Cour du Québec veut « signifiante et ouverte sur la vie et l’espoir ».
À la galerie Carte blanche (1853, rue Amherst, Montréal), jusqu’au 26 novembre. Ouvert de 13 h à 18 h sauf le lundi.