hospitalisations

un nouveau sommet en attendant le pic

La vague Omicron continue de faire des ravages en s’approchant de son pic. Le Québec a rapporté vendredi 68 morts, un sommet en près d’un an, et plus de 3000 hospitalisations. Alors que le gouvernement change d’approche pour éviter les fermetures de classes dans les écoles, le délestage monte d’un cran dans deux hôpitaux de Montréal.

Plus de 3000 malades hospitalisés

Le Québec a présenté vendredi son pire bilan quotidien depuis près d’un an, avec 68 décès confirmés. Le nombre d’hospitalisations y dépasse la barre des 3000. Mince consolation : Ottawa prévoit à son tour un sommet des hospitalisations dans un proche avenir au pays.

Les 68 décès supplémentaires portent la moyenne quotidienne à 46. La tendance est ainsi en hausse de 115 % sur une semaine. À titre de comparaison, l’hiver dernier, le nombre de décès avait atteint une moyenne de 62 par jour, et ce, plus précisément aux alentours du 23 janvier 2021.

Dans le réseau de la santé, on a rapporté une augmentation de 91 hospitalisations, soit 442 nouvelles entrées et 351 sorties. Le Québec a ainsi franchi la barre des 3000 hospitalisations, avec un total de 3085 patients hospitalisés. De ce nombre, 275 personnes se trouvent aux soins intensifs, une hausse de trois en 24 heures (43 entrées, 40 sorties).

En outre, les 3085 personnes hospitalisées représentent une hausse de 45 % sur une semaine. Il semble toutefois que la hausse du nombre des hospitalisations ralentit et pourrait atteindre un pic d’ici sept jours. Si le nombre d’entrées dans les hôpitaux semble plafonner, le nombre de personnes hospitalisées continue néanmoins d’augmenter, parce que celui des sorties demeure inférieur.

Jeudi, en conférence de presse, le premier ministre François Legault avait d’ailleurs prévenu que malgré l’atteinte éventuelle d’un pic des hospitalisations, celui-ci serait « très haut » et qu’en conséquence, la prochaine fin de semaine pourrait être « la plus dure dans le réseau de la santé ».

En plein élan pour la vaccination

Tous les adultes québécois sont maintenant autorisés à prendre rendez-vous pour recevoir leur troisième dose de vaccin contre la COVID-19. Et la campagne québécoise continue sur sa bonne lancée.

Jeudi, 108 768 doses supplémentaires ont été administrées, auxquelles s’ajoutent un peu plus de 5950 injections faites avant le 13 janvier qui n’avaient pas encore été comptabilisées. Jusqu’ici, 85,4 % de la population a reçu une dose, 78,1 % en a reçu deux et 27,8 % en a reçu trois. Sans la vaccination, le Québec aurait enregistré près de 900 hospitalisations par jour et plus de 3000 morts la semaine dernière, a estimé jeudi le nouveau directeur national de santé publique, le DLuc Boileau.

Les autorités ont également signalé vendredi 7382 nouveaux cas, ce qui porte la moyenne à 10 106, une tendance en baisse de 35 %. Il convient toutefois de rappeler que les limites imposées au dépistage dans les derniers jours rendent ces données nettement plus imprécises.

Le pic de la vague aux portes du pays

À son tour, la Santé publique fédérale a prédit vendredi que le pic de la vague propulsée par le variant Omicron était aux portes du Canada, et qu’il était « possible » qu’on l’ait franchi au Québec. Les hôpitaux, eux, ne sont toutefois pas au bout de leurs peines.

L’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, et son bras droit, le DHoward Njoo, ont présenté les plus récentes projections de la situation épidémiologique à l’échelle du pays en conférence de presse à Ottawa, vendredi. Certains indicateurs, dont le nombre quotidien de cas, sont « actuellement extrêmement élevés », et « le nombre réel de nouvelles infections [est] considérablement sous-estimé », ont-ils prévenu d’entrée de jeu.

« Le taux de positivité très élevé actuel montre que la COVID-19 s’est largement propagée et que le nombre de cas sous-estime le véritable fardeau de l’infection dans la population en général [en raison] du volume sans précédent de cas causé par la recrudescence associée à Omicron », a affirmé la Dre Tam.

En dépit de cette lacune statistique, « d’autres indicateurs continuent d’être utilisés en parallèle pour surveiller d’autres aspects, notamment les tendances en matière de gravité de la maladie », a-t-elle enchaîné. Parce que le portrait brossé est pancanadien, on prévoit que le pic sera atteint dans les prochains jours – et, « oui, c’est possible qu’on ait même passé le pic », a répondu le DNjoo lorsqu’on lui a demandé si les autorités québécoises avaient eu raison de dire qu’il était derrière nous, jeudi.

Selon le document du fédéral, la situation actuelle de l’infection à l’échelle du pays, bien que sous-estimée, s’élève à plus de 37 500 nouveaux cas quotidiens. C’est cependant un « déclin prononcé » des infections que l’on verra dans les semaines à venir, après la poussée vertigineuse des dernières semaines.

Peu de transmission à l’extérieur

Moins d’une infection de COVID-19 sur 50 est survenue à l’extérieur entre avril et octobre dernier, selon une nouvelle étude de l’Institut national de santé publique du Québec. Ces infections à l’extérieur sont surtout survenues sur les chantiers de construction, sources de 33 éclosions durant cette période, et lors de pique-niques dans les parcs. Ces résultats, dévoilés jeudi, concernent une période où le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, serait moins transmissible que par temps froid. « Nos études montrent que les différents variants du SARS-CoV-2 pourraient être plus transmissibles par temps froid que par temps chaud », dit Andrés Finzi, virologue au CHUM. « On est en train de vérifier si c’est aussi le cas du variant Omicron. » M. Finzi a démontré que le SARS-CoV-2 se liait plus facilement aux cellules humaines à basse température, dans des bouillons de culture. « La prochaine étape est de démontrer que ça se produit aussi dans un animal de laboratoire, mais c’est très coûteux. »

— Mathieu Perreault, La Presse

Enfants symptomatiques

Aux familles de s’isoler pour éviter que les classes ferment

Le temps où les parents surveillaient avec nervosité l’arrivée de courriels leur annonçant une éclosion de COVID-19 dans la classe de leur enfant est révolu. Parce que l’on considère que l’école n’est pas un lieu d’éclosion, ce sera désormais aux familles de s’isoler pendant 48 heures si un enfant présente des symptômes.

Bien qu’avant Noël, jusqu’à la moitié des éclosions de COVID-19 se sont produites dans les écoles, Québec assure qu’« en général », les élèves ne se sont pas transmis la maladie entre eux, mais qu’ils l’ont contractée à l’extérieur de la classe.

Désormais, quand un enfant présentera des symptômes, ce sera à sa bulle familiale de s’isoler.

« C’est différent de ce qu’on faisait à l’automne. On pense qu’il faut agir rapidement dans les familles. Les gens symptomatiques pourront passer des tests [rapides]. Ceux qui auront deux résultats négatifs à 24 heures d’intervalle pourront sortir de leur isolement », a expliqué vendredi le DYves Jalbert, directeur général adjoint de la protection de la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux.

« Beaucoup moins » de classes fermées

Dans le cadre d’une séance d’information technique pour les journalistes concernant la qualité de l’air dans les écoles, le DJalbert a expliqué que même si deux enfants qui ont eu des contacts rapprochés à l’école contractent la COVID-19, « ça n’élimine pas le fait que les deux auraient peut-être fait la maladie sans s’être vus à l’école, parce qu’ils l’ont ramenée de chez eux ».

Avec cette stratégie, on envisage « beaucoup moins » de fermetures de classes qu’à l’automne.

« En corollaire, ce sont des parents qui seront plus accessibles pour aller au travail, des enseignants moins placés sur la touche. On espère une meilleure stabilité de l’offre scolaire cet hiver. »

— Le Dr Yves Jalbert, du ministère de la Santé et des Services sociaux

En France, le nombre de classes fermées a atteint vendredi 14 380, son plus haut sommet depuis le printemps 2020. Au cours de la dernière semaine, ce sont plus de 330 000 cas de COVID-19 qui ont été confirmés chez les élèves.

Des tests rapides qui tardent

La nouvelle approche de Québec se fait dans un contexte où les tests rapides ne sont pas légion.

« Pour le primaire, on nous a dit qu’on aurait des tests rapides dans deux semaines, il n’y en aura certainement pas lundi », a déclaré Kathleen Legault, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

Les élèves du secondaire n’y ont pour l’instant accès en pharmacie que s’ils sont âgés de 14 ans ou plus.

« La situation va être corrigée, c’est clair », a assuré vendredi Marc Sirois, sous-ministre associé au ministère de l’Éducation.

« On a un souci de faire en sorte que les gens soient capables de répondre à la procédure d’isolement. Il va falloir que les gens du secondaire, lorsqu’ils sont symptomatiques, aient accès à des tests », a poursuivi M. Sirois, sans toutefois donner d’échéancier précis sur la livraison de ces tests rapides aux écoles secondaires.

Qualité de l’air : à l’étape du « diagnostic »

Quant aux enseignants et aux parents qui s’inquiéteraient de la qualité de l’air dans les classes, le gouvernement a indiqué avoir livré 68 % des 90 000 lecteurs de dioxyde de carbone (CO2) qu’il avait promis d’installer dans toutes les classes de toutes les écoles avant la fin de décembre 2021.

Ces lecteurs permettront d’avoir « un portrait réel » de la qualité de l’air et d’installer des échangeurs d’air dans les classes s’ils s’avèrent nécessaires, a expliqué Ali Bahloul, spécialiste de la ventilation industrielle et de la qualité de l’air intérieur de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail.

« On ne peut pas aller soigner un malade sans le faire diagnostiquer par un médecin. C’est pareil pour la qualité de l’air. »

— Ali Bahloul, spécialiste de la ventilation qui conseille le gouvernement pour les écoles

Après deux ans de pandémie, pourquoi en est-on toujours à l’étape du diagnostic ? « On s’occupe de la qualité de l’air depuis plusieurs années, ça ne date pas d’hier », a déclaré Marc Sirois, sous-ministre associé au ministère de l’Éducation.

« [Acheter] des lecteurs, ce n’est pas comme aller au magasin et acheter une barre de chocolat. Les entreprises doivent les produire, il y a des délais. On est allés de la façon la plus rapide possible », a poursuivi M. Sirois.

— Avec Mathieu Perreault, La Presse, Agence France-Presse et La Presse Canadienne

Appel à tous

Enfants et adolescents reprendront le chemin de l’école lundi. Certains s’en réjouissent, car l’enseignement à distance a ses limites, d’autres s’en inquiètent, alors que le nombre de cas de COVID-19 reste très élevés au Québec. Êtes-vous rassurés ? Anxieux ? Dites-nous ce que vous pensez de la réouverture des écoles.

Montréal

Le délestage passe au niveau 4 dans deux hôpitaux

Québec — Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a annoncé vendredi que l’hôpital Notre-Dame et celui de Verdun passaient au niveau 4 du plan de délestage pour traverser la vague Omicron. Cela signifie une diminution des activités de chirurgie pouvant aller jusqu’à 25 % de la capacité habituelle. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal approche quant à lui du niveau 5, qui deviendrait le niveau d’alerte le plus élevé au Québec.

Les hôpitaux du Grand Montréal demeurent sur la corde raide en raison de la déferlante Omicron. Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a dit vendredi se voir dans l’obligation d’augmenter le délestage pour affronter la cinquième vague.

« Compte tenu de l’évolution de la situation COVID au sein de nos hôpitaux, nous nous préparons à passer au niveau 4 de notre plan de délestage, comme l’ont fait d’autres établissements du réseau au cours des derniers jours », a fait savoir l’établissement, vendredi.

Le niveau 4 du plan de délestage prévoit que les activités de chirurgie pourraient être limitées jusqu’à 25 % de la capacité ordinaire dans l’objectif de libérer des lits pour les patients atteints de la COVID-19. Seules les opérations prioritaires (urgences et oncologie) sont maintenues à ce stade.

« Nous avons un comité qui évalue au quotidien les chirurgies, leur priorité. »

— Le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

L’établissement indique aussi que les activités en endoscopie seront réduites. Des infirmières travaillant dans les cliniques externes seront réaffectées dans les hôpitaux pour venir prêter main-forte aux équipes en place. Il faut également prévoir une diminution des suivis réguliers par les médecins dans les groupes de médecine familiale, notamment en ce qui concerne les rendez-vous non urgents.

Il est à noter que le plan ne prévoit aucun délestage en soins et services pour les programmes jeunesse et la DPJ, à l’exception des suivis avec les hygiénistes dentaires.

Près du niveau 5 dans l’Est

De son côté, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal approche du niveau 5 du plan de délestage en raison du fort taux d’occupation de ses lits. Sur papier, le niveau 4 est le plus haut niveau d’alerte du plan de contingence des établissements de santé en vertu de l’urgence sanitaire, mais devant la pression, des établissements pourraient passer à un niveau supérieur.

« Nous avons actuellement 184 lits occupés par des patients atteints de la COVlD pour notre ClUSSS (173 lits d’hospitalisation dans les unités et 11 lits aux soins intensifs) », indique Christian Merciari, porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. « Cela représente 28 % de l’ensemble nos lits disponibles qui sont présentement occupés par des patients atteints de la COVlD. »

« À 30 % de nos lits disponibles occupés, on passerait alors au niveau 5. »

— Christian Merciari, porte-parole du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal

L’établissement dit malgré tout poursuivre les opérations chirurgicales urgentes, les opérations oncologiques et les opérations hors établissements. On parvient également à réaliser des opérations hors délai d’un jour puisqu’elles ont peu d’impact sur les lits d’hospitalisation, indique-t-on. « Nous sommes nettement à moins de 50 % de nos programmes électifs par rapport à la prépandémie », précise M. Merciari.

Québec s’attend à ce que les jours à venir soient les plus difficiles pour les hôpitaux de la province, alors que le pic des hospitalisations de la vague Omicron est à nos portes. Quelque 15 000 travailleurs de la santé sont sur la touche pour des raisons liées à la COVID-19. Québec cherche activement à embaucher 2500 travailleurs, dont 1000 dans les hôpitaux.

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