L’ art de vendre (ou de rentabiliser) sa voiture

L’approche du mois de mai, en plus de signaler le retour de la belle saison, est aussi un bon moment pour mettre sa voiture en vente. Besoin d’un peu d’argent ? Voici comment votre véhicule pourrait vous aider à boucler votre budget, ce printemps. Un dossier d’Alain McKenna.

C’est au printemps que ça se passe

Au Québec, pour maximiser les chances de vendre sa voiture, c’est au printemps que ça se passe. Près de la moitié des ventes annuelles de véhicules d’occasion survient entre la mi-mars et la mi-juillet, observe l’Association pour la protection des automobilistes (APA).

Le moment est particulièrement bien choisi si votre voiture est un peu plus âgée que la moyenne, sans nécessairement tomber dans la catégorie des voitures anciennes (ou de collection).

« C’est la meilleure période, car les acheteurs cherchent ce genre d’autos qui ne sont pas nécessairement des pièces de collection, mais qui ont peut-être été remisées pour l’hiver ou depuis un certain nombre d’années », explique George Iny, président de l’APA, qui cite en exemple ces berlines allemandes à roues motrices à l’arrière, signées BMW ou Mercedes-Benz, qui ont marqué la fin des années 80 et le début des années 90. En fait, une vague de jeunes acheteurs a l’œil sur des véhicules de ces deux décennies qui pourraient, avec un peu de chance, être les classiques de demain.

Les voitures iconiques ne sont pas les seules à avoir la cote à ce temps-ci de l’année. Les modèles plus pratiques, qui n’ont pas l’aura des véhicules de prestige, sont recherchés pour une raison simple. « C’est aussi le meilleur moment pour vendre une fourgonnette, car c’est le véhicule idéal pour les vacances d’été, avec la famille ou un groupe d’amis », ajoute M. Iny.

Vendre comme un pro

Évidemment, vendre son véhicule exige certains efforts. Au-delà d’un passage au lave-auto, faire disparaître les taches de sel sur les tapis, enlever tout autocollant pouvant décorer le parechoc ou la lunette arrière et procéder à un léger débosselage de la carrosserie sont des gestes qui vous permettront de vendre soit plus rapidement, soit plus cher, continue le porte-parole de l’APA.

On le voit parfois dans certaines émissions de télé, il peut être facile de rehausser sa voiture en procédant à quelques autres retouches esthétiques : remplacer les garnitures endommagées, remplacer les pneus usés (en paire) et s’assurer que le témoin d’une défaillance mécanique ne soit pas allumé.

Il est probablement aussi important de rassurer l’éventuel acheteur quant à l’état de la mécanique et de la sécurité du véhicule.

Cela signifie qu’un rapport Carproof (indiquant si le véhicule a été accidenté ou pas) ou même un rapport d’inspection auront un rôle à jouer sur la valeur que vous obtiendrez en échange de votre véhicule. Avoir les preuves de son entretien est essentiel.

Fixer le bon prix

Selon le CAA-Québec, « l’inspection permet de fixer un prix grâce au point de vue d’une personne neutre dans la transaction, et compétente en la matière ». Demandez un rapport écrit à votre mécanicien que vous pourrez présenter à votre acheteur, propose le club automobile.

Attirer les acheteurs potentiels passe par la publication d’une description et de photos du véhicule. Plusieurs comparent la vente d’une voiture à celle d’une maison : plus les photos seront belles, plus l’œil des curieux sera attiré. Sans avoir à recourir à un professionnel, trouver un angle avantageux, et un arrière-plan plus attrayant qu’un stationnement trop étroit est un atout.

Indiquer si le véhicule n’a eu qu’un seul propriétaire, s’il n’est jamais sorti l’hiver et si sa peinture est d’origine est une bonne façon d’attirer les intéressés. Et évidemment, n’attendez pas si on vous contacte. « Soyez prêt à répondre rapidement », conclut George Iny, de l’APA. Car vous n’êtes pas seul à profiter de la belle saison pour tenter de vendre votre véhicule…

Les ventes de véhicules au Canada en chiffres

10,75 milliards

Valeur totale des véhicules d’occasion vendus au pays en 2017 

Cela représente une hausse notable depuis 2012 : 

2016 : 9,8 milliards

2015 : 8,25 milliards

2014 : 6,96 milliards

2013 : 6,5 milliards

2012 : 6 milliards

19 539 $

Prix moyen payé pour un véhicule d’occasion au Canada en 2017. Détail intéressant : le prix de vente des modèles les plus populaires a monté de 5,2 % en un an, selon la société spécialisée Dealertrack.

3 sur 10

Seulement trois des dix véhicules d’occasion les plus vendus au pays sont des VUS, une tendance à l’opposé de celle vécue du côté des véhicules neufs. Cinq berlines, deux camionnettes et une fourgonnette complètent le palmarès.

142 problèmes par 100 véhicules

Pour la première fois en cinq ans, la fiabilité des véhicules d’occasion âgés de trois ans s’est améliorée, en 2018, avec une diminution de 9 % du nombre de problèmes décelés par rapport à 2017, selon la firme spécialisée JD Power. La moyenne est de 142 problèmes par 100 véhicules, comparativement à 156 par 100 véhicules en 2017.

Sources : Statista, Statistique Canada, Dealertrack, JD Power

— Alain McKenna, collaboration spéciale

Rentabiliser sa voiture sans la mettre en vente

Quand on y pense, une voiture typique n’est réellement utilisée que durant une petite partie de sa vie utile. Le reste du temps, elle est garée à la maison, à la gare, au centre commercial ou même à l’aéroport. C’est pourquoi la location à court terme entre particuliers attire de plus en plus de propriétaires de véhicules.

Turo

Au Québec, en Ontario et en Alberta, la société Turo propose déjà d’offrir son véhicule en location. Le tarif est à la journée et le locateur, qui peut ajuster son prix selon plusieurs facteurs, reçoit environ 75 % de la somme payée. Une police d’assurance est fournie par Intact, pour faciliter le service. Turo affiche déjà les véhicules de plusieurs centaines d’utilisateurs au Québec, une fraction des 230 000 véhicules inscrits dans les quatre pays où le service est offert. La croissance n’est pas terminée : l’entreprise fondée à San Francisco en 2009 vient d’obtenir un coup de pouce d’American Express, notamment, afin d’ajouter à son service des véhicules empruntés à des agences de location.

Uber

La location à court terme n’est pas aussi populaire que le partage automobile, mais cela pourrait changer rapidement. Il y a une dizaine de jours, Uber a annoncé la création d’un nouveau service, appelé Uber Rent, qui sera intégré à son application dans la région de San Francisco d’ici un mois. Uber Rent a recours aux services d’une autre start-up appelée Getaround afin d’offrir la location à court terme du véhicule de ses utilisateurs. Celle-ci est déjà active dans 10 villes américaines, mais prendra de l’expansion rapidement grâce à Uber, qui a opté pour Getaround comme fournisseur de services après avoir essuyé un refus de Turo.

Tesla, Toyota, etc.

La popularité des services de location n’échappe pas aux constructeurs d’automobiles. Elon Musk, PDG de Tesla, répète à qui veut l’entendre que les propriétaires d’un de ses véhicules électriques pourront bientôt l’ajouter « d’un seul clic » au programme de location à court terme de Tesla, et ainsi générer des revenus grâce à leur voiture. D’autres constructeurs préfèrent investir dans des plateformes de location et voir comment elles grandiront. C’est notamment le cas de Toyota, qui est un des principaux investisseurs du service Getaround.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.