Quatre filles

S’émanciper par l’art

Depuis sa parution en 1868, Little Women, de Louisa May Alcott, a touché plusieurs générations de lecteurs. Et a souvent été adapté au petit et au grand écran. Un siècle et demi plus tard, le récit des quatre filles du docteur March, confrontées au passage de l’adolescence à la vie adulte, a gardé toute sa fraîcheur.

Louis-Karl Tremblay a eu un coup de cœur pour les sœurs March vers l’âge de 10 ans, en regardant le film Little Women avec Winona Ryder. Deux décennies plus tard, il proposait au directeur artistique Claude Poissant d’en produire un spectacle, à l’affiche du Théâtre Denise-Pelletier dès mercredi, avec Julie-Anne Ranger-Beauregard pour écrire le texte. « Louisa May Alcott a donné envie d’écrire et de s’émanciper par l’art à plusieurs générations de femmes », raconte le metteur en scène.

« Son œuvre a inspiré des créatrices de divers horizons avec le temps, de Fanny Britt à Patti Smith en passant par J. K. Rowling. »

– Louis-Karl Tremblay, metteur en scène

Le spectacle est une adaptation libre de l’œuvre. (La pièce est aussi publiée chez Leméac et offerte en librairie dès mercredi.) Si le récit est fidèle à l’époque, le public sera plongé dans « un flou temporel, un hiver éternel ». « On veut mettre en lumière ce qui est similaire entre les États-Unis de 1860 et le Québec de 2022 : l’humain qui y vit », explique Julie-Anne Ranger-Beauregard.

« Deviens qui tu veux dans la vie »

Voilà l’aspiration de Jo, personnage central et alter ego de Louisa May Alcott dans le livre. À l’instar de Jo, l’autrice affirmait haut et fort son désir de célibat. Elle résistait à la pression sociale du mariage à tout prix. « Jo porte en elle la fougue et la révolte de l’enfance, transportée dans sa vie adulte. Elle ne veut pas sacrifier sa liberté et son idéalisme avec l’âge. » La sororité entre les quatre filles est aussi un thème central de la pièce. Elles seront interprétées par Rose-Anne Déry (Jo), Laetitia Isambert, Sarah Anne Parent et Clara Prévost. Dominique Quesnel et Mattis Savard-Verhoeven complètent la distribution.

Selon Ranger-Beauregard, le désir d’affranchissement de ces femmes reste toujours actuel.

« Féministe et avant-gardiste, Louisa May Alcott était aussi conditionnée par son époque, ses limites et tabous personnels, comme nous tous. »

– Julie-Anne Ranger-Beauregard, dramaturge

En entrevue, on sent tout de suite la complicité entre ces deux artistes de 38 ans qui travaillent sur ce projet (retardé à cause de la pandémie) depuis plus de quatre ans.

Est-ce que Tremblay se sent bien accueilli dans ce groupe de femmes ? « J’ai toujours été le gars dans la gang de filles, répond-il. J’ai toujours aimé m’entourer de femmes. Je m’identifie à leurs combats. Je suis un allié féministe. Et je mets souvent des personnages féminins à l’avant-plan dans mon travail. Même enfant, quand je regardais Little Women en boucle durant les Fêtes, je ne pensais pas que le récit de Jo s’adressait aux filles. J’étais Jo ! »

Du 16 mars au 9 avril, au Théâtre Denise-Pelletier.

Consultez le site du théâtre

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.