La vie dans la bulle, un défi mental, dit Danault

C’est Bob qui serait fier. Phillip Danault n’a peut-être pas évoqué la fameuse « dureté du mental » du leader émotif des Boys. Il n’a pas dit non plus « la chambre est remplie de mental ». Mais on comprenait bien où le centre du Canadien s’en allait.

« C’est beaucoup mental. L’équipe qui va gagner la Coupe, ce sera du gros mental. On n’est pas habitués à pousser autant en milieu d’été, les grosses batailles, du un contre un à pleine vitesse. Pour tous les joueurs, la plus grosse partie sera le mental. »

Danault s’exprimait ainsi lors de la visioconférence de vendredi, en réponse à une question sur le défi de se mettre en pleine forme pendant l’été, à un moment où les joueurs sont habituellement ailleurs dans leur cycle d’entraînement.

À une autre question sur les temps libres dans la bulle à Toronto, Danault en a ajouté une couche. « Cette Coupe-là, ce sera juste du mental. Réussir à s’occuper 24 heures sur 24, chaque jour, ce sera un bon test, c’est du nouveau. »

Aucun doute, ce drôle de tournoi éliminatoire se jouera entre les deux oreilles, comme c’est le cas dans tous les sports. Mais avant de penser à l’esprit, encore faut-il des corps en santé ! Et de ce point de vue là, c’est plutôt bien parti, tant pour le Canadien que pour les Penguins.

Formation complète

C’est ce samedi que prend fin la portion principale du camp d’entraînement. Dimanche, les 24 équipes se rendront dans leurs bulles respectives de Toronto ou d’Edmonton. Elles joueront chacune un match préparatoire la semaine prochaine et tiendront des entraînements quotidiens d’ici au 1er août.

À l’heure actuelle, tout indique que le Canadien s’y rendra avec son effectif complet. Encore vendredi, les 32 joueurs présents au camp étaient sur la patinoire pour l’entraînement. C’était le cas mercredi aussi.

Absences sur la patinoire pendant le camp

• 13-21 juillet : Brett Kulak (positif à la COVID-19) et Xavier Ouellet (crainte qu’il ne soit positif)

• 13-18 juillet : Max Domi (en réflexion)

• 13 juillet : Josh Brook (raison non précisée)

• 17 juillet : Paul Byron (raison non précisée)

• 17-21 juillet : Phillip Danault, Ryan Poehling, Victor Mete, Cale Fleury et Cayden Primeau (crainte d’exposition à un joueur positif)

• 23 juillet : Charles Hudon, Laurent Dauphin, Alex Belzile, Noah Juulsen, Josh Brook et Gustav Olofsson (séance pour les unités spéciales seulement)

C’est donc dire d’une part que la crainte d’une éclosion de COVID-19 dans le vestiaire ne s’est pas matérialisée jusqu’ici. Le message de docilité martelé par Shea Weber a été respecté par les joueurs. L’opinion de Kulak, qui a été infecté et qui a subi les symptômes du virus, pèse lourd ici.

« L’endroit le plus sûr, c’est ici à l’aréna. Le protocole est assez serré. On se sent pas mal en sécurité et je pense que ce sera une coche de plus à Toronto. Je ne pense pas que ce sera un problème. »

— Brett Kulak

Et Danault d’ajouter : « Pour attraper le virus dans la bulle, il faudra être malchanceux. »

D’autre part, les risques de blessures purement sportives ont aussi été maîtrisés, même si on demande aux joueurs de « passer de 0 à 100 » en quelques jours. À l’entraînement de vendredi, on s’est approchés un peu plus du 100, avec des exercices à très haute intensité. Pendant près de 30 minutes, les joueurs se livraient des batailles à un contre un. Certains, comme Ben Chiarot, ne ménageaient pas leurs rivaux.

Ça a été suivi par des exercices à cinq contre cinq dans un seul territoire, et là non plus, personne ne levait le pied.

À moins d’une mauvaise surprise samedi au réveil, tout le monde semble avoir survécu à cette hausse d’intensité.

« Ce que j’aime, c’est que le camp n’est pas trop long, a souligné Danault. D’habitude, on trouve ça beaucoup trop long. Là, on a un match le 28 pour se mettre en forme. Tout le monde est dans le même bateau. Les entraîneurs font une bonne job pour y aller graduellement. Aujourd’hui, c’est la deuxième fois qu’on y va hard. Les aines s’habituent tranquillement. Le camp est bien fait. »

Même chose à Pittsburgh

On constate la même chose chez les Penguins. Neuf joueurs ont été retirés du camp pendant plusieurs jours la semaine dernière, par crainte d’une exposition secondaire à la COVID-19. Les neuf joueurs (le vétéran Patric Hornqvist et huit réservistes) ont reçu le feu vert pour rejoindre leurs coéquipiers lundi dernier.

Il y a eu aussi des inquiétudes au sujet de Sidney Crosby, qui s’est absenté pendant six jours. Les médias de Pittsburgh soupçonnaient une crainte de blessure, et non pas la COVID-19. Mais le numéro 87 était de retour avec les siens vendredi. Résultat : les Penguins affichaient complet à l’entraînement. Les seuls absents, Nick Bjugstad et Dominik Simon, ont été blessés avant la pandémie.

Voilà donc une bonne nouvelle pour la LNH, qui a tout intérêt à ce que les formations soient les plus complètes, pour l’intégrité du tournoi. Lundi, le circuit annonçait seulement deux résultats positifs parmi les 800 joueurs testés.

Et pour le Canadien, l’effectif en pleine santé – si ça tient le coup jusqu’au 1er août – aidera Claude Julien à vendre à son groupe l’idée que tout est possible. En début de saison, cette équipe présentait une fiche de 11-5-3 le 15 novembre, quand les blessures se sont mises à s’accumuler. Jusque-là, seuls Jesperi Kotkaniemi (7 matchs), Nick Cousins (6 matchs) et Joel Armia (2 matchs) s’étaient blessés.

Cousins n’y est toutefois plus, tout comme Nate Thompson. Mais ça, Claude Julien n’est pas obligé de le rappeler aux joueurs !

Le Canadien en bref

Kulak a eu la COVID-19

Le défenseur Brett Kulak a confirmé vendredi avoir été atteint de la COVID-19. C’est ce qui explique pourquoi il a raté les neuf premiers jours du camp d’entraînement. Kulak dit être arrivé à Montréal le 2 juillet et a présenté un premier test négatif. Mais il a ensuite commencé à ressentir des symptômes. « Les deux premiers jours, je sentais de la pression en me réveillant. Je n’avais pas beaucoup d’énergie. Ça affectait ma respiration. J’étais pas mal sûr que je l’avais. » C’est donc encabané dans sa chambre d’hôtel que Kulak a passé ses deux premières semaines en arrivant au Québec, avec les suivis qui s’imposaient. « J’ai eu un long appel avec la Santé publique. Ils ont retracé chaque étape de ma vie jusqu’au 22 juin. On a retrouvé un gars avec qui j’avais patiné [à Calgary] qui a eu un test positif une semaine avant moi. Je pensais l’avoir eue de lui, mais personne d’autre de ce groupe ne l’avait attrapée. J’ai dû donner beaucoup d’informations. »

Explication du groupe des cinq

Par ailleurs, Phillip Danault a confirmé que quatre coéquipiers et lui s’étaient exercés quelques jours en privé en raison de risques reliés à la COVID-19. Du 17 au 21 juillet, Danault, Ryan Poehling, Victor Mete, Cale Fleury et Cayden Primeau se sont entraînés en compagnie du préparateur physique Pierre Allard, avant le reste de l’équipe. Danault a expliqué qu’il avait été en contact avec Ouellet, qui était soupçonné d’être porteur du virus. Danault n’a pas précisé si les quatre membres de son quintette avaient aussi été exposés à Ouellet, mais il est logique de croire que c’est le cas.

Deux joueurs de plus permis

Enfin, la LNH permettra aux équipes de présenter des formations élargies pour le match préparatoire qu’elles joueront avant le début du tournoi. Selon le confrère Chris Johnston, de Sportsnet, les équipes pourront employer 13 attaquants et 7 défenseurs, soit un attaquant et un défenseur de plus. Claude Julien a souligné plus tôt cette semaine que le fait d’avoir un seul match préparatoire limitait les expériences qu’il pouvait tenter. Voilà qu’il aura plus de flexibilité.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.