Comment Donald Trump fédère les évangélistes

En terminant ses discours sur une note spirituelle, l’ancien président courtise la frange la plus religieuse de son électorat

Conway, Caroline du Sud — Réputé pour ses discours décousus et volatils, l’ancien président Donald Trump termine désormais ses assemblées électorales sur une note solennelle.

Une musique douce et méditative enveloppe la salle, incitant la foule au silence. La voix de M. Trump devient grave et sombre, et certains partisans baissent la tête ou ferment les yeux. D’autres lèvent les bras, paumes tournées vers la scène, ou semblent murmurer des prières.

À cet instant, les partisans de M. Trump deviennent ses fidèles et l’ancien président, leur pasteur. Il prononce un discours final d’un quart d’heure qui évoque « l’appel à l’autel », une pratique qui conclut certains services chrétiens évangéliques, où les fervents s’avancent pour proclamer leur foi.

« La grande majorité silencieuse se lève comme jamais et sous notre direction », lit-il sur le téléprompteur dans une version fréquente de ses prestations sur scène. « Nous prierons Dieu pour notre force et notre liberté. Nous prierons pour Dieu et nous prierons avec Dieu. Nous sommes un seul mouvement, un seul peuple, une seule famille et une seule nation glorieuse sous Dieu. »

Ce rituel contemplatif détonne avec l’atmosphère tapageuse des assemblées de la droite américaine sous M. Trump, mais cette fusion du rite et du politique illustre le mieux sa volonté de faire du Parti républicain une sorte d’Église de Trump.

Il réclame dévotion et fidélité absolues, une constante à tous les niveaux du parti, au Congrès, au Comité national républicain et auprès des simples électeurs.

Cette aptitude à transformer en piété la passion de ses partisans permet de comprendre comment il reste le chef incontesté des républicains, malgré ses dizaines d’inculpations dans quatre affaires criminelles et les échecs politiques répétés de son parti.

En présentant ces accusations comme des persécutions – et en avertissant, sans preuve, ses partisans qu’ils pourraient « être les prochains » –, il énergise sa candidature et se place en position de reconquérir la Maison-Blanche.

« Il a certainement été choisi par Dieu »

Contre toute attente, M. Trump réussit à se présenter comme un héros évangélique improbable, mais irréfutable.

Marié trois fois, accusé de plusieurs agressions sexuelles et condamné au civil pour fraude, M. Trump n’a jamais montré beaucoup d’intérêt pour la messe. La semaine dernière, avant Pâques, il s’est mis en scène dans une infopublicité vantant les mérites d’une Bible à 60 $ contenant aussi des textes fondateurs de la nation américaine et les paroles d’une chanson de Lee Greenwood, God Bless the USA.

M. Trump courtise les électeurs évangéliques et présente sa campagne présidentielle comme une bataille pour l’âme de la nation, mais il s’est pour l’essentiel gardé d’assumer des propos messianiques.

« Ce pays a un sauveur, et ce n’est pas moi – c’est quelqu’un de bien plus haut que moi », a déclaré M. Trump en 2021 du haut de la chaire de la First Baptist Church de Dallas, une congrégation de 14 000 personnes.

Mais ses alliés ont tiré des parallèles avec le Christ.

L’année dernière, l’élue Marjorie Taylor Greene, une proche de M. Trump, a déclaré que l’ex-président et Jésus avaient tous deux été arrêtés par des « gouvernements radicaux et corrompus ». Samedi dernier, M. Trump a partagé sur les réseaux sociaux un article intitulé « La crucifixion de Donald Trump ».

Il est dans la longue lignée des présidents et candidats républicains qui ont misé sur les électeurs évangéliques. Mais de nombreux chrétiens de droite estiment que M. Trump a été plus efficace que ses prédécesseurs, notamment grâce à la majorité conservatrice qu’il a constituée à la Cour suprême et qui a révoqué l’arrêt Roe c. Wade sur l’avortement.

Une majorité écrasante d’électeurs évangéliques ont voté Trump lors de ses deux premières courses à la présidence, mais peu d’entre eux – même durant ses assemblées électorales – le comparent explicitement à Jésus.

Le troupeau trumpien le décrit plutôt comme une version moderne de Cyrus ou de David, des personnages héroïques de l’Ancien Testament, moralement imparfaits, mais choisis par Dieu pour mener des missions fondamentales visant à obtenir une justice tardive ou à résister au mal.

« Il a certainement été choisi par Dieu », a déclaré Marie Zere, une agente immobilière de Long Island, dans l’État de New York, qui a assisté à la Conservative Political Action Conference en février près de Washington. « Il survit même si tous ces gens s’en prennent à lui, et je ne vois pas d’autre explication qu’une intervention divine. »

Pour certains, les attaques politiques et les poursuites judiciaires auxquelles M. Trump est confronté sont rien de moins que bibliques.

« Ils l’ont encore plus crucifié que Jésus. »

— Andriana Howard, 67 ans, serveuse dans un restaurant à Conway, en Caroline du Sud

Depuis 2016, Donald Trump a l’appui indéfectible d’un noyau dur d’électeurs. Ce qui lui donne un avantage certain sur le président Joe Biden lorsqu’il s’agit d’inspirer ses partisans.

À la fois une force et une faiblesse

Selon un récent sondage The New York Times/Siena College, 48 % des électeurs des primaires républicaines sont des enthousiastes du candidat Trump et 32 % en sont satisfaits, mais pas enthousiastes. Seuls 23 % des démocrates se disent enthousiastes à l’idée que M. Biden soit leur candidat, et 43 % sont satisfaits, mais pas enthousiastes.

L’intensité de certains soutiens à M. Trump pèse aussi dans les décisions de campagne de l’ancien président, selon deux personnes au fait des délibérations internes. Savoir que ces électeurs voteront Trump de toute façon épargne de l’argent qui serait dépensé pour faire sortir le vote. On peut donc l’investir dans du personnel de terrain, des publicités télévisées ou d’autres moyens d’aider M. Trump.

Mais les démocrates aussi y voient un avantage. De nombreux électeurs soutiennent Joe Biden parce qu’ils sont profondément opposés à M. Trump.

Les stratèges du président y voient un thème pouvant rameuter les électeurs modérés vers M. Biden : présenter le trumpisme comme un mouvement sectaire menaçant le droit à l’avortement et la démocratie.

Les rassemblements pro-Trump ont toujours été un croisement entre un concert rock et une assemblée du renouveau charismatique. Quand M. Trump a commencé à conclure ses discours avec de la musique en arrière-plan, beaucoup ont fait le lien avec une pièce musicale qui a été adoptée comme chanson thème par le mouvement conspirationniste QAnon. Mais la campagne Trump s’est distanciée de cette idée.

« Le président Trump a utilisé la fin de ses discours pour établir un contraste clair avec les quatre années de la présidence désastreuse de Joe Biden et présenter sa vision d’une Amérique remise sur les rails », a indiqué son porte-parole Steven Cheung par communiqué.

Mais Russell Moore, ancien président du comité d’action politique de la Convention baptiste du Sud, estime que les rassemblements de M. Trump dérivent en « territoire dangereux » avec l’appel à l’autel et des prières prononcées par des prédicateurs décrivant M. Trump comme un envoyé du ciel.

« Pour un candidat politique, revendiquer une autorité divine ou le soutien de Dieu revient à affirmer qu’on ne peut le remettre en question ou s’y opposer sans s’opposer aussi à Dieu, a déclaré M. Moore. C’est une violation du commandement qui proscrit d’invoquer le nom de Dieu en vain. »

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

Menacé de saisies judiciaires

Trump dépose 175 millions en garantie

Donald Trump a déposé lundi une garantie de 175 millions US devant la justice américaine pour éviter des saisies judiciaires sur son patrimoine après avoir été condamné à payer 454 millions US d’amendes pour fraudes financières, selon un document judiciaire rendu public. L’ancien président des États-Unis, candidat à un retour à la Maison-Blanche, avait jusqu’à jeudi pour déposer cette garantie couverte par une compagnie d’assurance et qui équivaut à une caution, dans cette affaire civile où il a interjeté appel. Il doit être jugé à partir du 15 avril, au pénal cette fois, dans une affaire de paiements dissimulés pour étouffer des affaires embarrassantes en 2016, une première historique pour un ancien président américain. Une cour d’appel de New York avait allégé il y a une semaine la pression financière sur le milliardaire républicain en ramenant la caution à 175 millions. Donald Trump avait été condamné mi-février avec ses fils Eric et Don Jr., pour fraudes financières au sein de la Trump Organization.

— Agence France-Presse

Pont effondré à Baltimore

Un premier couloir de navigation ouvert parmi les décombres

Un couloir temporaire de navigation parmi les décombres du pont de Baltimore a été ouvert lundi afin de laisser passer les navires considérés comme « essentiels », ont annoncé les autorités du port. Ce couloir n’est cependant, pour l’instant, pas suffisamment large pour permettre le passage de gros navires et sera donc d’abord réservé aux bâtiments « impliqués dans les opérations » de déblayage ainsi que de secours. Un second couloir de navigation est en cours d’ouverture, mais impossible de savoir quand il ouvrira à la navigation, a fait savoir une porte-parole des garde-côtes. La semaine dernière, un porte-conteneurs s’est encastré en pleine nuit dans le pont Francis Scott Key de Baltimore, sur la côte est américaine, provoquant son effondrement et faisant six victimes. Le bateau est toujours coincé sur place avec une partie du pont effondré sur lui, bloquant le transport maritime dans l’un des ports les plus actifs du pays. — Agence France-Presse

Élections américaines de novembre

Les électeurs de Floride voteront sur le droit à l’avortement

La Cour suprême de Floride a validé lundi l’inscription sur les bulletins de vote à l’élection américaine de novembre d’un amendement garantissant le droit à l’avortement, de plus en plus menacé dans les États dirigés par les républicains. Ce succès des militants du droit à l’avortement dans leur lutte pour mettre cette question au cœur de la campagne a été néanmoins nettement tempéré par une décision rendue simultanément par la plus haute juridiction de cet État du Sud-Est. La Cour a en effet autorisé l’entrée en vigueur d’une loi interdisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au-delà de six semaines de grossesse. Le président Joe Biden a fait de la protection du droit à l’IVG un axe de sa campagne face à son prédécesseur républicain Donald Trump. Des militants du droit à l’avortement tentent dans une quinzaine d’États du pays de faire inscrire cette question sur les bulletins de vote, ce qui pourrait faciliter une mobilisation de l’électorat démocrate. Parmi ces États, plusieurs sont susceptibles de faire basculer l’élection

— Agence France-Presse

Le « Poisson d’avril ! » de Trump qui suspend, pour de faux, sa campagne

« Je suspends ma campagne » : Donald Trump a créé la surprise lundi en adressant ce message à ses partisans, un poisson d’avril qui avait en réalité pour but d’amasser de nouveaux fonds pour sa candidature à la présidentielle de novembre. L’ancien président républicain, qui cherche à déloger le démocrate Joe Biden de la Maison-Blanche, a envoyé ce court texte à ses électeurs par courriel et texto, assorti d’un lien. En cliquant dessus, ses partisans arrivaient sur un site les invitant à donner 5, 500 ou 3300 $ à sa campagne. « Vous pensiez vraiment que j’allais suspendre ma campagne ? Poisson d’avril ! », était-il écrit en lettres capitales. Depuis quelques années, les électeurs américains sont inondés de textos, courriels et appels – parfois plus d’une dizaine par jour – les invitant à contribuer financièrement à des candidatures.

— Agence France-Presse

L’avocat Alex Murdaugh écope d’une peine fédérale de 40 ans de prison

Un avocat issu d’une grande famille de Caroline du Sud déjà condamné à perpétuité pour le meurtre de sa femme et de son fils s’est vu lundi infliger une peine de 40 ans de prison pour escroquerie et blanchiment. Alex Murdaugh, 55 ans, a été condamné en mars 2023 à la prison à vie pour ce double meurtre, dont il se dit innocent, commis en juin 2021. Il avait plaidé coupable l’année dernière d'avoir volé des millions de dollars à son cabinet d’avocats, à d’anciens clients et à son entourage, faits pour lesquels il avait été condamné à 27 ans de prison. L’accusation à son procès pour meurtre a affirmé qu’il avait tué sa femme Maggie et son fils Paul parce qu’il était sur le point d'être démasqué après des années de fraudes et de tromperies.

— Agence France-Presse

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