Après nous

Ces jeunes qui brassent la cage (climatique)

Oubliez les folies. Point d’insouciance ici. Ils s’appellent Manu, Stella, Imany ou Yuna, ils ont de 13 à 21 ans, et ils sacrifient leur jeunesse pour sauver la planète. Après nous, un documentaire intimiste, présenté ce soir sur les ondes d’Unis TV, fait le point.

Certes, le sujet n’est pas nouveau, mais l’angle, si. « On parle beaucoup de ces jeunes, mais on comprend très peu comment ça se traduit pour eux : vivre avec des perspectives d’avenir brouillées », confirme en entrevue la réalisatrice Élise Ekker-Lambert, qui en est ici à son tout premier documentaire pour la télévision, après un court métrage primé au festival Cinéma sous les étoiles, en 2019 (Beijing-Hochelag).

Elle ne le cache pas : le sujet lui parle. À 29 ans, à peine plus âgée que ses protagonistes, Élise Ekker-Lambert entend les mêmes réflexions autour d’elle : « Plusieurs ont décidé de ne pas avoir d’enfants, dit-elle. Ce n’est pas catastrophiste, mais il y a une espèce de résignation, et je trouve ça triste. »

À noter qu’elle a commencé sa recherche pour Après nous il y a plus de quatre ans. Des jeunes ciblés au début, rencontrés dans la rue ou par l’entremise des réseaux sociaux, seul un participe à son film aujourd’hui. Pourquoi ? « Épuisement, répond-elle. Ils se sont épuisés ou réorientés avec la pandémie. »

D’où sa tristesse.

« Je trouve ça incroyable que des jeunes soient aussi allumés, mais aussi je trouve ça triste que ce soit ces jeunes-là qui portent le message. À la fois je les trouve incroyables et merveilleux, très inspirants, mais je trouve ça injuste aussi. »

— Élise Ekker-Lambert, réalisatrice

Injuste, parce qu’ils sacrifient au passage leur insouciance, leur jeunesse. Ils le savent. Et ne se privent pas pour le dire, quoique tout en douceur. Et c’est sans doute ce qui rend le message aussi poignant.

Le documentaire d’une cinquantaine de minutes les présente donc tour à tour dans leur quotidien, dans leur action et leur mobilisation. Celle-ci prend différentes formes, de la manifestation à la désobéissance civile en passant par l’art dramatique. Chacun s’adresse directement à la caméra pour se présenter et se confier, et certaines réflexions sont effectivement troublantes. « On est juste des jeunes qui sacrifient leur éducation et leur jeunesse », dira l’une. Au lieu de jouer ou voir des amis, elle va « militer tous les vendredis ». « J’ai pas le goût que ma génération change le monde », dira un deuxième.

« Je ne pourrais pas vivre en sachant que je n’ai rien fait.  »

— Citation tirée du documentaire Après nous

Dérangeant, vous dites ?

C’est qu’ils n’ont rien demandé, mais ils sont conscientisés et politisés comme jamais, et se retrouvent ce faisant avec un poids immense sur les épaules. Et c’est lourd. Ils sont en prime découragés par l’inaction des décideurs, sans parler des générations qui les ont précédés.

Une invitation à la discussion

Le documentaire les présente également en discussion avec leurs parents. L’impuissance de ces derniers est palpable. Une mère essuie carrément une larme en se confiant : « Je m’inquiète pour son bien-être psychologique », dit-elle à la caméra. Puis, s’adressant à sa fille : « Je crains que tu entretiennes cette idée-là qu’entre nos générations, il y a quelque chose qu’on n’a pas bien fait. »

« L’idée m’est venue de mes propres discussions avec mes parents, reprend Élise Ekker-Lambert. Ils ne ressentent pas nécessairement la même urgence. »

« Il y a quelque chose de lourd et de délicat à parler de l’avenir, quand c’est tellement incertain. Beaucoup de gens sont un peu dans le déni et je les comprends ! »

— Élise Ekker-Lambert, réalisatrice

Son film, qui se veut une invitation à la discussion, se termine d’ailleurs sur une note d’espoir. Et c’est évidemment voulu, parce que l’espoir est le moteur de l’action, comprend-on. « On étiquette les jeunes, mais ce n’est pas la cause des jeunes, conclut la réalisatrice. C’est la cause de la planète ! Et il faut qu’il y ait une conversation ! C’est un peu ça, l’idée : amener ce dialogue intergénérationnel. » Et c’est ce soir, dès 21 h, que ça se passe.

Ce lundi soir, 21 h, sur Unis TV

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