Chronique

Les enfants de la télé (métropole)

Commençons avec le positif à propos de la nouvelle émission À tour de rôles de TVA, qui a décollé lundi à 21 h, en même temps que Fragile de Radio-Canada. La très préparée Marie-Eve Janvier s’en sort bien dans un décor épuré, un peu trop, même.

Trois fauteuils, un hémicycle d’écrans géants et un environnement sombre, il y a des limites au dépouillement. J’y reviendrai plus bas. Donc, l’animatrice recrue de TVA a de l’écoute, rebondit sur les réactions de ses deux invités (Gildor Roy et Sonia Vachon) et lance les nombreux extraits au moment opportun.

D’ailleurs, ça faisait longtemps que TVA n’avait pas consacré autant de temps d’antenne à des émissions rivales de Radio-Canada, dont District 31, Lâcher prise, Les pays d’en haut et Cerebrum. Enfin, il était grand temps. Les autres chaînes parlent régulièrement des productions de TVA, et c’est le téléspectateur qui en sort gagnant. Ne l’oublions pas.

Du côté négatif, un gros bémol à propos d’À tour de rôles : il s’agit d’une version sans public, sans fou du roi et sans le studio ultra-lumineux des Enfants de la télé. Ce n’est pas mauvais, on s’entend. Mais ça sent le réchauffé et ça manque d’originalité, d’effet de surprise.

Des artistes qui regardent leur carrière télévisuelle, on en voit partout, à toutes les chaînes, autant à 1res fois, Rétroviseur qu’à La vraie nature. Prédiction : les archivistes du Québec souffriront bientôt d’épuisement professionnel.

TVA a cette vilaine manie de vouloir reproduire, à faible coût, les succès de ses compétiteurs, ce qui donne rarement des résultats heureux.

Studio G, une riposte à 1res fois et Prière de ne pas envoyer de fleurs, a fait patate. La téléréalité XOXO, conçue en catastrophe pour contrecarrer Occupation double, a été un fiasco. Et Tout le monde aime, un En direct de l’univers des pauvres, a été débranché après une courte saison.

Il faudrait plus de « pep » et de rythme dans À tour de rôles. Heureusement, des apparitions surprises (Patrice Godin, Michel Barrette) rallument certaines entrevues qui s’enlisent.

Le plus comique et distrayant se produit quand les acteurs révèlent des secrets de plateau, je trouve. Les cheveux d’Alice Thibodeau dans Le petit monde de Laura Cadieux, le lavage des mains à l’eau de Javel dans Cerebrum, la scène d’amour sur le bloc de boucher, le ressort de la bouche de Mme Bourrette qui a lâché ou le fait que c’est Gilbert Sicotte – et non Gildor Roy – qui devait jouer Dan St-Amour dans À plein temps : des anecdotes inédites, c’est toujours gagnant.

Selon les audimètres de Numeris, le premier épisode d’À tour de rôles a été regardé par 617 000 curieux, contre 572 000 qui ont opté pour Fragile à Radio-Canada. C’est un lancement assez doux pour TVA, qui score habituellement plus fort que ça à 21 h.

En même temps, La semaine des 4 Julie a connu un départ timide sur Noovo avec 180 000 fidèles à l’écoute. Julie Snyder a pourtant mené une entrevue touchante avec Marc Bergevin, directeur général du Canadien de Montréal, qui a pleuré abondamment en évoquant sa maman morte en 1986.

Dans la case de 20 h, Une autre histoire de Radio-Canada (824 000) a battu la minisérie Mon fils de TVA (764 000). Et Discussions avec mes parents (775 000) a devancé Sucré salé (587 000) à 19 h 30.

Le calvaire des lunchs

Plus capable (déjà) de faire des lunchs ou d’en manger ? Le premier épisode de la nouvelle émission Savourer de Geneviève O’Gleman à Radio-Canada vous distillera des trucs pour faciliter ce calvaire domestique. Notez l’horaire de diffusion : vendredi à 16 h.

Évidemment, les 27 émissions d’une heure de Savourer ne tourneront pas toutes autour de la boîte à lunch. Mais en cette période de rentrée, le sujet s’imposait.

Dans Savourer, la nutrionniste Geneviève O’Gleman, ex-copilote de Cuisine futée, parents pressés, reçoit deux invités en lien avec le thème du jour : solutions antigaspillage, vide-frigo, cuisiner pour une personne ou petits déjeuners express.

Pour les lunchs, Genevièeve O’Gleman accueille la gagnante des Chefs ! de 2017, Ann-Rika Martin, de même que Noémie Pichette, copropriétaire de l’entreprise Bocal, qui propose salades et soupes dans des pots de verre.

Alors, est-ce que c’est bon, Savourer ? Oui et non. Oui, pour l’approche simple de Geneviève O’Gleman, qui prépare des recettes peu coûteuses et nutritives avec peu d’ingrédients, tout en employant le moins de vaisselle possible. Ça, c’est génial.

Devant la caméra, Geneviève O’Gleman explique clairement les étapes à suivre, en détaillant les quantités exactes. Rien à redire là-dessus. Elle connecte bien avec les téléspectateurs.

Là où ça accroche, c’est dans les interventions « spontanées » avec les convives. Le naturel n’est pas toujours au rendez-vous, hélas ! surtout avec une intervenante comme Ann-Rika Martin, peu volubile, peu expressive. Le courant passe mieux entre l’animatrice et Noémie Pichette, par exemple.

La muzak d’ascenseur qui joue en arrière-plan finit par nous irriter. J’aurais aussi aimé que l’animatrice montre le segment consacré aux mijoteuses plutôt que de nous renvoyer à son site web. Cet aspect consommation de type La facture ou Ça vaut le coût s’intégrerait bien à Savourer, je trouve.

Les nombreux fans de Geneviève O’Gleman retrouveront dans Savourer un tas d’infos pour manger santé sans se ruiner et sans devoir chercher des ingrédients rares aux quatre coins de la ville. C’est tout ce qui compte, en fin de compte.

Enfin, Notre vie !

Bon, c’est officiel. ARTV diffusera finalement la quatrième saison de Notre vie, version française de This Is Us, à partir du mois de janvier 2021. Êtes-vous contents ? Je pense que c’est la question qui m’a le plus été posée dans les six derniers mois : ça revient quand, Notre vie ? Nous pouvons enfin dire : affaire classée pour la famille Pearson.

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