vigilance de mise pour la longue fin de semaine

Qui dit Pâques dit rassemblements familiaux. Mais en temps de sixième vague de COVID-19, le long week-end en vue sera critique pour la suite, préviennent des experts, qui appellent à leur tour la population québécoise « au maximum de vigilance possible » dans le contexte. Malgré une légère baisse du nombre d’hospitalisations, la province a recensé vendredi 27 morts supplémentaires liées au virus.

« Ce n’est pas nouveau. On a vu dans le passé des hausses de cas et d’infections assez fortes lors de moments comme celui-ci. Et l’effet se fait toujours sentir une semaine ou deux plus tard. Ça va être à surveiller. C’est certain qu’il y a des préoccupations importantes en lien avec Pâques », explique le DMatthew Oughton, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital général juif.

À ses yeux, un possible scénario serait qu’on observe un « plateau relatif » la semaine prochaine, avant qu’une hausse – propulsée par la transmission à Pâques – ne revienne par la suite.

« En Ontario, les experts constatent en ce moment – avec l’analyse des eaux usées – que les cas atteignent un plateau relatif en ce moment. Si nous sommes chanceux, on pourrait suivre la même tendance, mais avec Pâques, ça pourrait bien être suivi d’une nouvelle hausse. C’est là toute l’importance de ce week-end », poursuit le médecin.

Comme le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, et le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau, le Dr Oughton appelle les Québécois à utiliser « toutes les précautions possibles » s’ils se rassemblent.

« On le sait, on a toujours le goût dans ces week-ends-là de voir nos proches, mais gérons notre risque. On connaît le virus. On les connaît, les mesures de distanciation [physique] et l’importance de porter notre masque », avait souligné jeudi M. Dubé. En entrevue au 98,5 FM, le DLuc Boileau a de son côté affirmé que la prolongation du port du masque au-delà du 1er mai pour deux autres semaines était à l’étude.

« Une chance sur deux »

Le son de cloche est similaire chez Roxane Borgès Da Silva, professeure de l’École de santé publique de l’Université de Montréal et membre du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations, dont l’équipe publiait vendredi des données montrant que, actuellement, environ 60 000 Québécois par jour contractent le virus.

« On a une chance sur deux. Soit les gens respectent les consignes et s’isolent au moindre doute – et à ce moment-là, on aurait une chance d’arriver et de tenir un plateau –, soit on risque de voir encore une escalade. C’est aussi simple que ça. »

— Roxane Borgès Da Silva, professeure de l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Elle note toutefois que le beau temps « pourrait nous aider » à traverser le week-end. « Plus les gens se rassemblent à l’extérieur, moins il y a de risques que le virus se transmette », rappelle Mme Borgès Da Silva.

Miser sur le dépistage

En conférence de presse mercredi, le directeur national de santé publique par intérim a rappelé l’importance de passer un test rapide en cas de symptômes, notamment à l’approche du long congé.

Le directeur général de l’Association québécoise des distributeurs en pharmacie, Hugues Mousseau, confirme que les Québécois ne devraient pas avoir de difficulté à s’en procurer. « Les approvisionnements demeurent excellents », malgré la demande qui « est demeurée forte depuis le début de la sixième vague », dit-il.

En cas de résultat positif, le DBoileau recommande aux personnes admissibles de se faire prescrire rapidement le médicament Paxlovid. « C’est un antiviral très efficace. Il va vous éviter de développer une maladie grave », a-t-il indiqué en conférence de presse.

À La Presse, M. Mousseau a déclaré que le Québec était en « très bonne posture » concernant l’« approvisionnement du Paxlovid » en pharmacie.

De son côté, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires a confirmé avoir observé une augmentation dans la distribution du Paxlovid depuis que les pharmaciens ont le droit de le prescrire, soit depuis le 1er avril.

Hausse du nombre de morts

La Québec a rapporté vendredi 27 nouvelles morts, mais une baisse d’une hospitalisation. Les morts supplémentaires rapportées vendredi portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à 19. La tendance est en légère hausse de 2 % sur une semaine.

Les autorités ont rapporté 3147 nouvelles infections vendredi, ce qui porte la moyenne quotidienne à 2956. La tendance est ainsi en baisse de 5 % sur une semaine. Ces chiffres ne reflètent qu’une partie du nombre total, en raison de l’accès limité aux tests de dépistage par PCR.

À l’heure actuelle, 2153 personnes sont hospitalisées en lien avec la COVID-19 ; 96 d’entre elles se trouvent aux soins intensifs, un nombre stable par rapport à la veille.

La situation est toutefois critique dans bien des urgences du Québec. À Montréal, l’hôpital Royal Victoria, l’hôpital de Verdun et l’Hôpital général juif atteignaient un taux d’occupation respectif de 158 %, 158 % et 168 % vendredi. La situation était également préoccupante en Montérégie, où l’hôpital Pierre-Boucher était occupé à 172 %, suivi par l’hôpital Barrie Memorial, à 160 %.

— Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse

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