Quand le fou du roi cherche sa case

Le direct sied bien à Guy A. Lepage à la barre de Tout le monde en parle. Mais c’est plus pénible pour Dany Turcotte depuis quelques mois.

Comprenons-nous bien. C’est normal qu’un animateur laisse échapper une remarque maladroite dans le feu de l’action. Ça arrive aux meilleurs du showbiz.

Pour le fou du roi, c’est malheureusement récurrent. Ses remarques plates freinent les discussions et forcent les invités à sourire de façon niaise en serrant les dents. La majorité d’entre eux se retiennent de répliquer, par politesse ou par pudeur. On le voit par contre dans leur regard qu’ils ne trouvent pas ça super drôle. Comme nous dans nos salons.

Depuis le printemps dernier, dans une formule pandémique en direct, Tout le monde en parle a délaissé les variétés pour se centrer sur les affaires publiques, ce qui provoque des frictions avec les puristes de la salle des nouvelles de Radio-Canada. Il s’agit d’une tout autre émission.

Plus sérieux, les sujets abordés à Tout le monde en parle se collent sur l’actualité brûlante. Dans ce contexte, Dany Turcotte peine à réévaluer son rôle. Il cherche ses repères et ne sait plus où se caser.

Le fou du roi ne distribue plus ses petites cartes depuis la rentrée de septembre, ce qui marquait un temps fort dans sa soirée. Encore ici, on avait fait le tour de ce concept, qui cassait le rythme des épisodes. Tiens, j’ai une petite carte pour toi, ha ha ha, veux-tu la lire, c’est chien, bien non, c’est amical ! Combien de fois Dany Turcotte pouvait-il dire à une vedette québécoise qu’elle était un monument qui devrait se retrouver dans un musée ? Ça va, on a compris.

Le Tout le monde en parle de 2020-2021, qui a regagné en pertinence, fait moins dans les confettis et les paillettes. Les conversations – sur le racisme, la liberté d’expression des profs d’université, les morts de la pandémie – y sont nuancées, délicates, corsées. À quoi sert Dany Turcotte là-dedans ? Lui-même a l’air de se le demander. La production lui a même fourni un scripteur pour l’aider à mieux puncher. Visiblement, ça ne marche pas.

Dimanche soir, après la première entrevue de Mamadi III Fara Camara – une primeur de Tout le monde en parle –, Dany Turcotte a posé une question désolante : « Est-ce que vous allez encore utiliser le cellulaire au volant ? »

L’homme devant le fou du roi avait été extirpé de sa voiture par la fenêtre, écrasé au sol avec une botte sur la tête, accusé d’une tentative de meurtre qu’il n’a pas commise, emprisonné pendant six jours, et c’est la chose la plus pertinente qu’il a trouvée à lui dire ? C’était désolant.

Cette intervention a d’ailleurs très mal passé, et Dany Turcotte a présenté ses excuses sur Twitter, justifiant que c’était une « mauvaise tentative de faire sourire M. Camara ».

Si au moins c’était une exception. Dans le même épisode, Dany Turcotte a demandé à Edith Blais, qui a passé 450 jours prisonnière d’un groupe de terroristes liés à Al-Qaïda, si ça ne lui tentait pas, un petit tout-inclus à Cuba ? Soupir.

Même Guy A. Lepage a parfois l’air découragé par les bourdes de son complice, qui n’est pourtant pas mû par de mauvaises intentions.

Comme Tout le monde en parle est un format français, il faudrait obtenir l’autorisation de son détenteur (Thierry Ardisson) pour transformer le rôle de fou du roi en coanimateur, par exemple. À l’interne, on me dit que ce n’est pas du tout une solution envisagée, pas plus que de remplacer Dany Turcotte. Guy A. Lepage est une personne loyale qui va défendre son équipe jusqu’au bout.

C’est évident que Tout le monde en parle ne reviendra plus à l’ancienne méthode de préenregistrement le jeudi soir. Et l’absence de public en studio démontre cruellement qu’un gag qui tombe à plat, ça crée un silence et un écho vraiment gênants.

La guerre du dimanche, prise 1

Les patrons de TVA doivent se gratter le fond de la tête très fort : que se passe-t-il avec les cotes d’écoute de Star Académie ? Le premier gala du dimanche n’a été visionné que par 1 380 000 téléspectateurs.

Pour une émission qui coûte aussi cher, c’est peu. À titre comparatif, la première diffusion de La voix 8 avait attiré 1 925 000 fans à pareille date l’an dernier. Et en 2012, le premier gala de Star Académie 5 avait facilement fracassé la barre des 2 millions (2 283 000).

À Noovo, la soirée d’élimination de Big Brother Célébrités, vue par 662 000 accros, n’a pas souffert de la présence de la Star Ac. Tout le monde en parle est restée stable avec ses 933 000 fidèles, tandis que Vlog (1 124 000) a profité de la locomotive chauffée par les nouveaux académiciens qui logent dans un beau manoir de Waterloo, en Estrie.

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