Grand Prix du Canada

Max Verstappen gagne une course folle

Lance Stroll termine au septième rang

George Russell a mené. Lando Norris aussi. C’est finalement à Max Verstappen qu’est revenu le trophée de la victoire au terme de ce qui était sans doute la course la plus haletante de la saison, dimanche, au Grand Prix du Canada. Le Québécois Lance Stroll, chez Aston Martin, a conclu en 7place – nous y reviendrons.

Norris, qui a livré une course endiablée, a traversé la ligne d’arrivée 3,8 secondes après Verstappen à bord de sa McLaren. Et Russell a dépassé son coéquipier Lewis Hamilton en fin de course pour monter sur la troisième marche du podium. Une course folle et palpitante.

Accidents, dépassements, pluie et voitures de sécurité : il s’en est passé, des choses, dans ce Grand Prix que cinq pilotes – dont les deux de Ferrari (!) et Sergio Pérez, de Red Bull – n’ont pas terminé.

Pour une rare fois, la victoire n’a pas été simple à décrocher pour Verstappen. Il a dû travailler un peu plus fort qu’à l’habitude pour enlever son sixième triomphe de la saison et son troisième consécutif à Montréal. Le champion ne s’en est pas plaint, au contraire.

« Je ne voudrais pas que ça arrive trop souvent parce que c’est stressant, mais j’ai eu beaucoup de plaisir aujourd’hui », a-t-il lâché.

Ce résultat est d’autant plus satisfaisant que Red Bull a encore connu un week-end ardu, en continuité avec les trois derniers Grands Prix.

Aventurons-nous dans la description de cette course mouvementée. C’est Russell qui partait premier, suivi de Verstappen et de Norris, sur une piste détrempée ; un classement qui a souvent changé dans les 70 tours.

Au 18tour, Norris s’est approché de Verstappen, jouant de patience avant d’attaquer deux tours plus tard. Le Britannique a superbement doublé le Néerlandais avec le DRS (système de réduction de la traînée) dans l’avant-dernière ligne droite. Tous deux ont ensuite dépassé Russell dans ce même secteur.

Norris n’a fait que s’éloigner par la suite, jusqu’à s’octroyer plus de 7 secondes d’avance sur Verstappen. Au 25tour, la voiture de sécurité a été nécessaire après que Logan Sargeant (Williams) est sorti de piste. Alors que Verstappen, Russell et Oscar Piastri sont tous entrés aux puits, Norris est demeuré en piste. Il a parcouru un tour de trop, ce qui l’a fait ressortir en troisième place.

Norris a repris la tête plus tard, lors d’un autre arrêt aux puits de Verstappen, mais encore une fois, il s’est fait devancer lors de son propre changement de pneus.

Le pilote McLaren s’est dit déçu, voire frustré, en conférence de presse. « Nous aurions dû gagner aujourd’hui et nous ne l’avons pas fait », a-t-il lancé. Il a parlé de mauvaises décisions prises à la fois par lui et par son équipe. « Une deuxième place demeure un bon résultat », a-t-il néanmoins précisé.

« Trop d’erreurs » de Russell

De son côté, Russell a parlé d’une « opportunité manquée », même s’il s’agit de son premier podium de la saison. « Je pense que j’ai fait trop d’erreurs à des moments-clés, ce qui nous a empêchés d’être dans la lutte avec eux », a-t-il expliqué.

Beaucoup de choses se sont passées du côté de Russell en fin de course. Au 67tour, il a dépassé Piastri pour prendre le 4rang, avant de se retrouver derrière Hamilton. Dans son oreillette, son équipe lui a dit qu’il pouvait dépasser son coéquipier. « Fais ça proprement », lui a-t-on lancé, ce qu’il a respecté.

« J’étais vraiment motivé à monter sur le podium parce que j’avais l’impression d’avoir laissé tomber l’équipe en perdant la trace de Max. […] Avec Lewis, c’est dur, mais juste. Quand tu courses avec un des plus grands pilotes de tous les temps, tu sais que tu peux lui faire confiance. »

— George Russell

Même si Russell aurait préféré une victoire, les résultats de Mercedes demeurent excellents. Les deux pilotes ont réussi leur meilleur classement de la campagne, ce qui met à l’avant-plan le progrès de l’écurie anglaise.

« Si vous nous aviez dit qu’on aurait la position de tête et la troisième place avant ce week-end, nous ne vous aurions probablement pas crus, a reconnu Russell. Je suis heureux du progrès que nous avons fait et je suis fier de l’équipe. »

Est-ce que Mercedes est de retour dans la course au titre chez les constructeurs ? La question est légitime, mais le Britannique est resté prudent.

« Ce n’est pas un secret que Red Bull a éprouvé quelques difficultés avec ses voitures ces trois dernières courses, alors je pense qu’il faudra attendre de voir comment elle performe à Barcelone [au prochain Grand Prix], qui est un circuit un peu plus conventionnel. »

« Cette augmentation de rythme de notre part ce week-end, ce n’est pas une surprise pour nous parce que tout le monde à l’usine nous avait prévenus qu’on connaîtrait de bonnes performances avec ces améliorations. Barcelone sera intéressant pour tout le monde, mais j’ai bon espoir qu’on puisse être dans la lutte. »

Meilleure course de l’année pour Aston Martin

Il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour Aston Martin. Or, sans faire trop de bruit, l’écurie a réalisé sa meilleure performance de la saison en grappillant 14 points de classement, gracieuseté de la sixième place de Fernando Alonso et de la septième de Lance Stroll.

L’Espagnol a ainsi su s’accrocher à sa position de départ, tandis que son coéquipier a gagné deux rangs.

Stroll s’est évidemment montré satisfait d’avoir vu son équipe amasser « beaucoup de points », mais encore davantage d’avoir tenu bon au cours de la course « la plus difficile depuis longtemps ».

« Il fallait choisir les bons pneus au bon moment, prendre les bonnes décisions, prédire la météo, a-t-il énuméré. Et à Montréal, chaque petite erreur te pénalise vraiment vite. » Malgré des « conditions très difficiles », « on s’est rendus jusqu’à la fin ! », s’est-il réjoui.

Alonso, lui, a décrit une épreuve « en solitaire », surtout après qu’il eut dépassé Daniel Ricciardo (RB) et que Lewis Hamilton (Mercedes) l’eut lui-même doublé.

« Les voitures en avant étaient trop rapides [pour qu’on les rattrape], et il n’y a pas eu beaucoup de menaces derrière, a-t-il analysé. Lewis était très rapide, alors c’était une question de temps avant que je perde ma position. »

Le vétéran de 42 ans a souligné à quel point l’« exécution » avait été difficile pour « les 20 coureurs sur la piste », surtout avec un seul corridor sec pendant une bonne partie de la course. « Je suis surpris que rien ne soit arrivé pendant si longtemps ! », s’est-il exclamé.

— Avec Simon-Olivier Lorange, La Presse

Ferrari

Week-end en enfer pour les Rouges

Si une seule image devait résumer le week-end pitoyable qu’a connu Ferrari, c’est certainement celle de Carlos Sainz fils tentant, en vain, de sortir du gazon mouillé où sa monoplace glissait comme Bambi sur la glace.

Au 54tour, l’Espagnol venait de perdre la maîtrise de son bolide. Sur la même séquence, Alexander Albon a endommagé sa Williams en tentant de l’éviter. La course était terminée pour les deux, qui ont toutefois fait la paix par la suite, l’un reconnaissant l’accident malencontreux de l’autre.

De retour dans les paddocks, Sainz fils a rejoint son coéquipier Charles Leclerc, qui était rentré une dizaine de tours plus tôt. Le Monégasque avait tellement peiné qu’on lui avait présenté le drapeau bleu : avec plus d’un tour de retard sur les meneurs, il devait leur laisser la voie libre. Une évidente humiliation pour celui qui avait remporté l’épreuve précédente, à Monaco.

Peu de temps après cet affront, il entrait aux puits pour ne plus revenir.

« Le drapeau bleu était frustrant, mais je savais que la course était terminée à ce point. Il y avait tellement de poussière dans mes miroirs, je ne voyais plus rien derrière moi, je ne voulais pas être dans le chemin des autres. C’était une situation merdique, mais je savais que c’était fini. »

— Charles Leclerc

Après un week-end de rêve à Monaco, où Sainz fils avait par ailleurs terminé au troisième rang, les Rouges se sont retrouvés en enfer à Montréal. Une qualification déjà difficile les avait laissés en 11e et 12places sur la grille de départ. Et une fois le départ donné, « on n’a jamais été compétitifs », a résumé Sainz fils.

« Chaque tour, je perdais 1 seconde, puis 1,2, puis 1,5, a énuméré Leclerc. Lorsque je pesais sur l’accélérateur, je ne savais jamais à quoi m’attendre. […] Quand la piste était mouillée, on pouvait essayer de récupérer dans les virages, mais quand ç’a séché, on se faisait larguer dans les lignes droites. »

Après que Leclerc eut composé avec des problèmes de moteur, l’équipe a tenté le tout pour le tout en troquant ses pneus intermédiaires pour des durs, et ce, même s’il devait recommencer à pleuvoir d’une minute à l’autre. « Tiens le coup pendant deux tours, puis ça va sécher et on ira vite », lui a dit son ingénieur de course sur les ondes radio. L’expérience n’a pas duré.

« C’était le mieux qu’on pouvait faire à ce point, s’est défendu le coureur. Je savais qu’on ne finirait pas dans les points, alors il fallait essayer quelque chose. Je suis davantage frustré par la performance globale que par ce choix. Si ç’avait marché, ç’aurait été notre seule chance de finir au 9e ou au 10rang. »

Erreur de parcours

La déconfiture est complète pour l’écurie qui était arrivée dans la métropole comme la plus sérieuse candidate pour (enfin) menacer l’hégémonie de Red Bull au championnat des constructeurs. Il faudra se reprendre dans deux semaines en Espagne.

« Ça va nous prendre plus de Monaco et moins de Canada », a dit Sainz fils pour illustrer le rythme que cherchera à retrouver la Scuderia pour le reste de la saison.

À ses yeux, les sept premières courses de 2024 étaient plus représentatives de la véritable identité de Ferrari que la dernière. Les deux pilotes ont chacun remporté une épreuve et ajouté sept présences supplémentaires sur le podium. En ce sens, le Grand Prix du Canada ressemble à une erreur de parcours.

« On doit comprendre ce qui s’est passé, a insisté Sainz fils. En qualifications, on aurait pu mieux gérer les pneus. Et en course, on était coincés en milieu de peloton et on était incapables de progresser. Ça n’a jamais cliqué. Ce n’était pas notre week-end. »

On n’aurait pas mieux dit.

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