Série

Quand les lieux réinventent la ville

Une flopée de lieux d’un nouveau genre, innovants et fédérateurs, réinventent Montréal et redynamisent le quartier où ils s’installent. La Presse dresse cet été un petit état des lieux non exhaustif…

Lieux urbains

Un « arbre » pour réunir deux parcs

Empruntez la rue Rachel. Roulez vers l’est. Vous déboucherez, tout au bout, sur le parc Guido-Nincheri, à deux pas du Jardin botanique, du Stade olympique et du Château Dufresne. Il est impossible à rater, avec ses quatre ados juchés sur des colonnes.

Ce nouveau parc est né de l’élimination d’un tronçon de la rue Rachel, à son extrémité est. On a carrément supprimé un bout de rue pour réunir deux petits espaces verts existants entre l’avenue Jeanne-d’Arc et le boulevard Pie-IX : les parcs Marie-Victorin et Guido-Nincheri.

L’idée qui a mené à sa conception est celle d’un arbre tranché sur la longueur. « On voit apparaître les veines (en rouge) et les nœuds (les bancs) », explique Peter Soland, fondateur de la firme civiliti, qui a conçu le parc. « Tout est dans le mouvement, dans la vie. »

L’œuvre d’art de Jean-Robert Drouillard est un don de la Ville de Québec pour le 375e anniversaire de Montréal. Elle représente quatre adolescents, sculptés en bronze, qui font partie d’une même équipe sportive imaginaire, arborant des chandails dont les motifs rappellent la flore et la faune boréale.

Les numéros inscrits sur les chandails évoquent des évènements marquants dans l’histoire de Montréal et Québec. 1608 : la fondation de Québec. 1642 : la fondation de Montréal. 1967 : l’Exposition universelle de Montréal. Et 1976 : les Jeux olympiques de Montréal.

« Nous avons mis des plantations basses, qui résistent bien à la sécheresse. L’idée, c’est que l’œuvre de Drouillard soit l’unique élément vertical du projet avec, évidemment, la perspective sur le mât du Stade », précise l’architecte paysagiste.

L’éclairage, comme vous pouvez le voir sur cette photo, est intégré dans les bancs. L’effet est spectaculaire le soir venu. Les sculptures ne sont pas illuminées, mais les colonnes d’aluminium, elles, le sont.

Le site a été baptisé la promenade de la Ville-de-Québec du parc Guido-Nincheri, en hommage à la capitale québécoise et à l’artiste italo-montréalais, mort en 1973. Surnommé le Michel-Ange de Montréal, Nincheri a fabriqué des milliers de vitraux dans des églises, au Château Dufresne et à l’Assemblée nationale.

Au sol, le pavé représente l’écorce de l’arbre, indique l’architecte. Il est en béton pour des questions d’entretien et de durabilité. Les travaux de réaménagement du carrefour ont coûté 19 millions de dollars. De cette somme, 2 millions ont été alloués à la conception et à la réalisation du parc.

Les arbres des deux anciens petits espaces verts ont été conservés, tout comme le sentier qu’on voit ici. « On voulait profiter de l’ombre des arbres, dit Peter Soland. Et créer un lien facile pour les piétons entre Jeanne-d’Arc et Pie-IX. » Le parc est un lieu où il fait bon flâner, mais c’est avant tout un lieu de passage.

La Ville de Québec a investi 225 000 $ pour la réalisation de la sculpture de Jean-Robert Drouillard. En 2008, Montréal avait aussi fait un cadeau à Québec pour son 400anniversaire. Il s’agissait d’une œuvre de l’artiste Michel Goulet.

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