« Quand tu t’entraînes ici, c’est motivant »
Water Polo Canada centralise ses forces au Parc olympique de Montréal
Nicolas Constantin-Bicari s’est remis en question après l’élimination de l’équipe canadienne de water-polo lors de l’ultime tournoi de qualification pour les Jeux olympiques de Rio, l’an dernier. Le Canada s’était incliné par un seul but d’écart, comme l’été précédent face aux États-Unis en finale des Jeux panaméricains de Toronto.
« On n’était pas à Rio, mais on a fait d’énormes progrès sur les plans technique et tactique, note Constantin-Bicari. Malheureusement, on ne s’est pas qualifiés, mais on avait tous les outils pour le faire. C’est ça qui était le plus dur. »
Depuis 2009, le joueur originaire de Repentigny vivait en exil partiel entre le centre national de Calgary et le Monténégro et Marseille, où il évolue toujours chez les professionnels. Sept années où il n’a pas pu poursuivre son cheminement scolaire, a-t-il réalisé au moment où l’équipe canadienne a raté son coup pour Rio. Avec une copine de longue date à Montréal, des points d’interrogation truffaient son horizon.
Mais l’idée d’abandonner le water-polo ne lui a pas effleuré l’esprit. L’arrivée d’un nouvel entraîneur aguerri, l’Italien Giuseppe Porzio, avait donné un premier élan au printemps 2016. Nommé capitaine, Constantin-Bicari a accueilli comme « un nouveau défi » le projet de mener une jeune équipe à l’effectif renouvelé jusqu’aux JO de Tokyo, en 2020.
La 15e place du Canada aux derniers Championnats du monde de Budapest, l’été dernier, ne raconte pas toute l’histoire, prévient le centre-avant. Une défaite par un but d’écart, une autre, face au Kazakhstan a privé l’équipe d’une chance d’accéder aux quarts de finale. Auparavant, elle avait fait match nul devant le puissant Monténégro. La relance était bien réelle.
Water Polo Canada estime avoir fait un pas en ce sens en officialisant hier la centralisation de toutes ses forces à l’Institut national du sport du Québec (INSQ), sis au Parc olympique.
Ballons et bonnets ne sont pas encore dans les boîtes de déménagement, mais la fédération est déjà passée chez le notaire. Après un quart de siècle à Calgary, son programme masculin s’établira à Montréal en septembre 2018. Il rejoindra ainsi son pendant féminin à l’INSQ.
Pour Constantin-Bicari, ce changement relevait de l’évidence. « Je reviens à la maison, alors c’est sûr, je suis biaisé, a admis le capitaine de 26 ans en marge d’une conférence de presse à l’INSQ. Mais il y a plein d’autres facteurs objectifs qui me font dire que c’est la meilleure décision. »
Un environnement enrichissant
Le principal, selon le directeur haute performance Justin Oliveira, est la capacité de l’INSQ d’« enrichir notre environnement d’entraînement quotidiennement ». Contrairement à Calgary, où les athlètes doivent parfois se rendre à trois endroits différents pour la piscine, l’entraînement en salle et les services médicaux, ils trouveront tout sous le même toit, à distance de marche d’une station de métro.
Inscrit au baccalauréat en administration à l’UQAM, Constantin-Bicari pourra aussi poursuivre des études dans sa langue maternelle. « Je ne parlais pas bien anglais quand j’ai débarqué à Calgary, en 2009. J’ai dû mettre l’école de côté. La possibilité d’étudier en français ici est un gros plus. »
La proximité de l’équipe féminine est un autre avantage de l’INSQ, qui cherche à devenir un pôle de référence dans les sports aquatiques avec la présence du plongeon, de la natation paralympique et de la nage synchronisée. « Si nos experts développent leur expertise et leur expérience en ce sens, ils seront capables de donner de meilleurs services et un soutien encore plus adéquat », a fait valoir le directeur général Gaëtan Robitaille.
Constantin-Bicari estime que tous ses coéquipiers profiteront également de l’expérience des Krystina Alogbo, capitaine de l’équipe féminine, Christine Robinson, Joëlle Békhazi et Monika Eggens. « Je les connais depuis longtemps et ce sont des athlètes hyper professionnelles. Ça va dans le sens de notre slogan : une équipe, une unité. »
Le défi est clair : retourner aux JO, où le Canada est absent depuis le 11e rang de l’équipe masculine à Pékin, en 2008. La piscine olympique de Montréal, qui a encore une aura malgré ses 40 ans bien sonnés, est le théâtre tout indiqué pour y arriver. « Quand tu t’entraînes ici, a dit Constantin-Bicari, tu sens toute l’histoire derrière. C’est motivant. »