Relance économique

La construction, le manufacturier et les régions en premier

Qu’est-ce qui repartira en premier dans l’économie, une fois le pire de la crise du coronavirus passé ? La construction, le manufacturier et les régions du Québec.

Le gouvernement Legault, qui a prolongé la fermeture des commerces non essentiels jusqu’au 4 mai, est « optimiste » de redémarrer le secteur de la construction résidentielle « dans les prochains jours ou les prochaines semaines ». Plusieurs nouveaux propriétaires attendent la finition de leur nouvelle maison pour emménager avant le 1er juillet, où leur bail se termine. 

« Je pense que, dans les prochains jours ou les prochaines semaines, ça va être possible de redémarrer la construction résidentielle. Ça va être possible pour plusieurs entreprises de combler le retard qui s’est accumulé sur la construction de certaines maisons au cours des dernières semaines », a dit le premier ministre François Legault en point de presse mercredi.

« C’est un élément [la construction] qui devient un service essentiel. S’abriter, c’est un besoin primaire, comme se vêtir et se nourrir. »

— Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec

Le secteur manufacturier, particulièrement les entreprises qui exportent, pourrait ensuite être appelé à redémarrer quand la Santé publique le permettra. « Pour les usines qui exportent, si tu n’es pas dans le marché, tu te fais voler ta place [par des usines étrangères qui n’ont pas arrêté leurs activités] », dit François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins.

Idem pour des entreprises importantes dans certaines régions du Québec comme les mines en Abitibi et les alumineries au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Des entreprises qui « soutiennent l’économie locale et régionale », rappelle Daniel Boyer, président du syndicat de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

Montréal en dernier

Pourquoi Québec sera-t-il probablement en mesure de rouvrir l’économie des régions plus rapidement que l’économie de Montréal ? Il y a trois raisons. Premièrement, Montréal est davantage touché par la COVID-19 : 47 % des cas au Québec sont dans l’île de Montréal, qui représente 24 % de la population du Québec. Deuxièmement, les règles de distanciation sociale qui resteront en vigueur même après la réouverture de l’économie – la règle des deux mètres de distance entre deux personnes – sont plus faciles à suivre dans certaines usines situées en région. Troisièmement, il y a peu d’enjeux de santé publique relatifs aux transports en commun dans la plupart des régions du Québec.

La règle des deux mètres de distance est là pour rester pour « les prochains mois » dans les milieux de travail, a prévenu le premier ministre Legault. « Je suis optimiste qu’on soit capable, dans les prochains jours, les prochaines semaines, de commencer à rouvrir des entreprises, puis des commerces. Mais il faut être prudent et il faut faire appel à la responsabilité des employeurs dans ce dossier-là. Puis il faut que les chiffres continuent à se stabiliser », a dit le premier ministre Legault en point de presse.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain ne pense pas que la « pause » de l’économie sera nécessairement plus longue à Montréal qu’ailleurs dans la province.

« On pourrait se retrouver dans une situation à Montréal où la situation est relativement contrôlée et où seuls les établissements de soins de longue durée sont confinés », illustre Michel Leblanc, président et chef de direction de la Chambre.

Dans tous les cas, c’est la Direction générale de santé publique du gouvernement du Québec, dirigée par le Dr Horacio Arruda, qui recommandera au gouvernement quand et comment rouvrir l’économie.

L’économiste François Dupuis pense que le gouvernement du Québec procédera pour la réouverture de l’économie selon la même séquence de fermetures des dernières semaines – à l’envers, bien évidemment. Qu’est-ce qui reviendra en dernier ? Probablement les rassemblements comme un match de hockey et un concert au Centre Bell. « Ça prend un volume de clients pour qu’une activité comme celles-là soit rentable, et je vois mal mettre 20 000 personnes collées dans un même endroit [pour l’instant] », dit-il.

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