Bye-bye, masque !

Le gouvernement a confirmé mercredi que les Québécois ne seront plus obligés de porter le masque dans les lieux publics, sauf dans le réseau de la santé et les transports en commun, dès le 14 mai.

Fin du masque obligatoire

« On est rendus là »

À leur tour, les Québécois n’auront plus à porter le masque dans les lieux publics dès le 14 mai. Il demeurera toutefois obligatoire pour le moment dans le réseau de la santé et les transports en commun. La nouvelle est bien accueillie par les experts, qui appellent toutefois la population à « respecter le rythme de tous ».

« Même si le port du masque n’est plus obligatoire dans les lieux publics, ça ne veut pas dire qu’il y a une interdiction de l’utiliser. Il va plutôt être facultatif. Et on pourra bien sûr le porter par choix personnel ou par souci de protéger les autres », a indiqué mercredi le directeur national de santé publique par intérim, le DLuc Boileau.

Comme La Presse l’a rapporté mardi, le masque restera d’ailleurs obligatoire dans les transports en commun et les établissements de santé, ainsi que pour les personnes qui sont en isolement pour 10 jours en raison de la COVID-19. La Santé publique continuera également de recommander le port du masque dans différentes situations, comme lors de contacts auprès de personnes vulnérables.

Dans le réseau scolaire et les centres de la petite enfance, les élèves et le personnel n’auront plus à porter le masque dès le 16 mai. La même logique s’appliquera pour le transport scolaire. Dans le transport collectif, l’objectif est de retirer le port du masque obligatoire « au cours du printemps ».

Le tout survient alors que le Québec « montre des signes très tangibles d’espoir ».

« Tous les indicateurs sont à la baisse, que ce soit le nombre de cas, le nombre d’employés de la santé positifs, les hospitalisations, les absences dans le réseau de la santé ou chez les élèves du secondaire et du primaire. En fait, tout le portrait va de mieux en mieux », a jugé le DBoileau.

Par ailleurs, tous les Québécois de 18 ans et plus peuvent maintenant prendre rendez-vous pour obtenir leur quatrième dose de vaccin contre la COVID-19, a annoncé mercredi le gouvernement. La décision survient alors qu’il n’y a toujours « pas de recommandation du CIQ [Comité sur l’immunisation du Québec] pour ce groupe d’âge », avoue le ministère de la Santé, qui juge toutefois qu’il n’y a « pas de contre-indication » en ce sens. Jusqu’ici, la quatrième dose était seulement disponible pour les personnes de 60 ans et plus.

Une nouvelle vague à l’automne ?

Le DBoileau a aussi soutenu mercredi qu’il est « probable » que le Québec traverse une autre vague l’automne prochain, qui pourrait demander un « nouvel effort de vaccination ». « On n’est pas à l’abri d’une surprise qui va nous porter à ajuster une série de mesures », a-t-il souligné, réitérant toutefois que l’intention n’est pas de réimposer le port du masque.

« La question, ce n’est pas : est-ce qu’il y aura une septième vague ? C’est plutôt : quand aura lieu la septième vague ? On doit se préparer pour ça », a ajouté le DJean Longtin, médecin microbiologiste au ministère de la Santé et des Services sociaux.

« Notre souhait le plus grand, ce sera de tenir compte du nouvel arsenal vaccinal, puisqu’il y a d’autres produits en route, et des études faites sur de nouveaux types de vaccins qui se précisent plus sur des variants comme Omicron. »

— Le DLuc Boileau, directeur national de santé publique par intérim

Le DBoileau précise qu’il faudra aussi placer les campagnes de vaccination « au bon moment, pour que ce soit avant une vague, pas pendant et encore moins après ».

La Santé publique ne prévoit pas que le retrait du masque entraînera une hausse des cas ou des hospitalisations à court terme. « Il y aura peut-être un petit ralentissement de la baisse, mais il ne devrait pas y avoir une poussée à la hausse », a dit le DBoileau.

Entre compréhension et préoccupations

À la Centrale des syndicats du Québec, le président Éric Gingras s’est dit « préoccupé », mercredi, par le retrait du port du masque à venir dans les espaces de travail pour « les personnes à risque, les personnes immunosupprimées de même que les femmes enceintes ».

« Il en va également pour les personnes qui demeureront inquiètes face au virus et à ses conséquences. Les employeurs ont l’obligation d’assurer un environnement de travail sécuritaire, et nous nous attendons à ce que des mesures adéquates soient mises en place », a-t-il insisté.

« C’est aussi vraiment le souci pour moi : les personnes immunosupprimées. Il va falloir tout mettre en place pour que la norme sociale permette de faire cohabiter les gens sans masque et avec masque. Les personnes qui ont besoin de se protéger doivent pouvoir le faire sans embûches », ajoute la Dre Marie-Pascale Pomey, spécialiste des politiques publiques à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Même son de cloche du côté d’Alain Lamarre, professeur et chercheur spécialisé en immunologie et en virologie à l’Institut national de la recherche scientifique. « Le retrait du masque a du sens. On est rendus là. Et le garder encore deux semaines, je ne vois pas comment on aurait pu le justifier. Il faudra maintenant mettre les bémols aux bons endroits, et protéger les plus vulnérables », affirme-t-il.

Trois premières vagues

Un abattoir sur trois touché par des éclosions

Les 3150 éclosions de COVID-19 survenues en milieux de travail durant les trois premières vagues de la pandémie ont touché principalement des abattoirs, des usines de conditionnement de la viande et des boulangeries et pâtisseries, révèle un nouveau rapport. En tout, 11 700 cas ont été enregistrés dans des milieux de travail. Les établissements de soins et d’éducation, de même que les centres de sports récréatifs et les centres de détention sont toutefois exclus du rapport, explique la Dre Alexandra Kossowski, médecin-conseil en santé au travail à la Direction de santé publique de Montréal. Le secteur de la fabrication d’aliments et de boissons a été le plus touché. Cette industrie représente 1,5 % des établissements montréalais, mais 7,3 % des éclosions. Les secteurs de la fabrication-transformation et des services de transport et d’entreposage ont aussi été particulièrement touchés. « Ces trois secteurs ont cumulé 37 % des éclosions dans les trois premières vagues », note la Dre Kossowski.

— Ariane Lacoursière, La Presse

Les baisses se poursuivent

Le Québec a rapporté mercredi une baisse de 19 hospitalisations. Les 2176 personnes hospitalisées actuellement représentent une diminution de 8 % sur une semaine. Aux soins intensifs, les 78 patients représentent une baisse de 15 % sur une semaine. Les 1630 nouveaux cas rapportés mercredi portent la moyenne quotidienne à 1401. La tendance s’est ainsi réduite de 31 % sur une semaine. La part des tests de dépistage par PCR s’avérant positifs à la COVID-19 demeure très élevée, à 11,6 %. Le bilan de 30 morts rapporté mercredi porte la moyenne quotidienne calculée sur 7 jours à 20. Reste que la tendance demeure en régression de 27 % sur une semaine. Le nombre de personnes hospitalisées devrait continuer de diminuer au cours des prochains jours, le nombre de sorties continuant de surpasser les admissions. On recense en moyenne 28 patients de moins chaque jour.

— Pierre-André Normandin, La Presse

Des Montréalais se réjouissent

Les gens rencontrés par La Presse mercredi soir dans la métropole se sont réjouis de la levée du port du masque dans les lieux publics à partir du 14 mai dans la province.

Selon des chercheurs de Concordia

Le risque d’infection plus grand à l’école et au bureau

Où est-on le plus susceptible d’attraper la COVID-19 ? Si on y va totalement au hasard, tous bâtiments confondus, c’est dans les écoles que le risque est le plus élevé. Mais c’est au bureau que le risque d’infection est le plus élevé si on se trouve directement en contact avec une personne atteinte. Et au bureau comme à l’école, quand une distance de deux mètres n’est pas possible, le masque demeure la meilleure de toutes les stratégies.

Voilà quelques-unes des conclusions de chercheurs de Concordia – Leon Wang, professeur agrégé de génie du bâtiment, et les doctorants Ali Katal et Maher Albettar – dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue spécialisée Sustainable Cities and Society.

Dans son article, le trio explique notamment la façon dont il s’y est pris pour mettre au point CityRPI, une carte interactive qui vise à calculer la probabilité d’infection à la COVID-19 par aérosols à l’intérieur de diverses catégories de lieux publics de Montréal (écoles, restaurants, moyens de transport, centres commerciaux, etc.).

Pour y arriver, les chercheurs ont créé un répertoire d’archétypes de bâtiments à partir de diverses données techniques qui étaient publiques, comme des normes de construction. Ainsi, pour les écoles, les chercheurs ne savaient pas précisément combien d’élèves s’y trouvent – ce qui influence le risque d’infection –, mais ont calculé combien d’élèves peuvent fréquenter une école d’une superficie donnée (superficie facilement mesurée à partir de cartes disponibles dans Google, notamment).

En entrevue, Leon Wang le reconnaît d’emblée : la carte présente un risque relatif qui n’a rien de la science exacte. Son outil comporte des limites, la première étant que, par rapport à la création de la carte en 2020, l’arrivée des tests rapides nous a éloignés plus que jamais d’un nombre réel de cas et même d’une estimation, aussi approximative soit-elle.

De plus, le modèle n’a pas pris en compte l’année de construction des écoles, pas plus qu’il ne peut tenir compte du niveau d’entretien des systèmes de ventilation ou du type de filtre utilisé dans les bâtiments.

N’empêche, croit le professeur Wang, aussi générales soient-elles, les données que son équipe a réunies peuvent aider les responsables de la santé, de même que le public, à formuler les meilleures stratégies pour réduire le risque de transmission en lieu clos, à un moment où les mesures sanitaires s’assouplissent et où les interactions sociales reprennent. Le but est donc de déterminer, par type de bâtiment, quelles sont les stratégies sanitaires qui donnent les meilleurs résultats.

L’un des principaux constats des chercheurs, c’est que les jours où il y a un pic d’infections, « la probabilité d’être infecté, peu importe le type de bâtiment, dépasse le risque acceptable », peut-on lire.

« C’est la raison pour laquelle, pendant ces périodes, des confinements ont été instaurés », signale Leon Wang en entrevue.

Pendant ces semaines-là, même avec les meilleurs systèmes de ventilation, même en limitant le nombre de personnes admises dans un édifice ou en réduisant le nombre de minutes que l’on y passe, « cela pourrait ne pas être suffisant », est-il écrit.

Bien sûr, on a continué d’aller à l’épicerie aux pires heures de la pandémie, « mais quand on y va, mieux vaut ne pas s’attarder et se masquer très sérieusement », souligne Leon Wang.

Il souligne avoir été d’ailleurs l’un des premiers à porter un couvre-visage – « Je me faisais regarder bizarrement dans les grandes surfaces ! » – en voyant monter les cas en Asie, puis en Europe, bien avant que chacun entre dans sa tanière en mars 2020.

(Et oui, malgré l’annonce de mercredi, Leon Wang indique que n’ayant pas eu récemment la COVID-19, il continuera de porter un couvre-visage dès que la distanciation n’est pas possible et qu’il y a attroupement là où il se trouve.)

Le masque en tête de liste

Autre conclusion des chercheurs : le masque et la réduction de moitié du nombre de minutes dans un lieu clos « constituent les meilleures stratégies [de réduction de la transmission de l’infection] dans la majorité des édifices », notamment dans les écoles, où les élèves sont nombreux et longtemps dans une classe fermée, ce qui expose de façon particulièrement importante les jeunes et le personnel scolaire. (L’ouverture des fenêtres est considérée par les chercheurs comme moins efficace que le masque et la réduction du temps en classe, les vents pouvant souvent être insuffisants pour faire une différence significative.)

Quant à la stratégie de doubler les taux de ventilation d’air extérieur – et ce, de façon mécanique, à partir des systèmes existants, quand ils offrent cette option –, les chercheurs émettent des réserves. C’est que la maximisation d’air frais « augmente aussi de façon significative les pics de demande de chauffage des édifices pendant l’hiver », ce qui coûte cher. Par conséquent, exception faite des salles de réunion, des restaurants et des modes de transport où cela présente des avantages, cette stratégie n’est pas celle qui devrait être priorisée.

Et le purificateur d’air portatif ? Toujours en ce qui concerne les salles de réunion, les restaurants et les modes de transport, il représente « la stratégie la moins efficace », écrivent les chercheurs.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.