IRICoR

Des chiffres qui en disent long sur l’innovation en cancérologie et en immunologie

Le chemin entre la découverte en laboratoire et le médicament au chevet du patient ou de la patiente suit rarement une ligne droite. C’est pourquoi IRICoR, l’organisme à but non lucratif qui valorise et commercialise des projets à haut potentiel de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal, a été mis sur pied. Entretien avec la présidente-directrice générale, Elizabeth Douville, sur cet accélérateur unique qui contribue à faire de Montréal un pôle d’innovation en sciences de la santé.

20 ans d’histoire

En 2003, sept chercheurs de l’Université de Montréal ont fondé l’IRIC, un institut de recherche de calibre mondial, avec l’intention de rendre leurs découvertes accessibles et d’en faciliter l’adoption. Après cinq ans d’innovation prolifique, l’organisme s’est doté de son propre accélérateur afin de valoriser et commercialiser ses projets. C’est ainsi qu’IRICoR a vu le jour.

45 M$ en investissement direct

IRICoR a reçu un premier montant de 15 millions de dollars du Programme des réseaux de centres d’excellence du gouvernement fédéral en 2009, en soutien à ses activités pour l’IRIC. Une nouvelle enveloppe accordée en 2018 et l’appui financier du gouvernement québécois lui ont permis d’élargir sa mission en collaborant avec des chercheurs et des chercheuses de centres universitaires de partout au pays. « Ces sommes totalisant 45 millions de dollars ont mené à des ententes de partenariats, à la création d’entreprises ainsi qu’à de nombreux brevets et essais cliniques afin d’offrir de meilleures solutions aux patients et aux patientes », explique Elizabeth Douville.

Comme une PME à 400 personnes

Alors que l’IRIC ne comptait à ses débuts que quelques membres, il ressemble aujourd’hui à une petite et moyenne entreprise (PME) mature où s’affairent plus de 400 personnes, dont 250 employés et employées ainsi que des étudiants et étudiantes et des stagiaires postdoctoraux. « C’est un véritable pipeline de produits thérapeutiques et d’entreprises en démarrage », illustre Elizabeth Douville. Douze de ces personnes forment l’équipe d’IRICoR. Elles apportent une expertise en matière de gestion de projets et de développement des affaires, notamment dans la recherche de partenaires commerciaux et de fonds de capital de risque, et veillent également à la mise en place des stratégies de protection de la propriété intellectuelle et aux communications marketing. L’ organisme offre aussi aux chercheurs et aux chercheuses l’accès à des plateformes technologiques performantes pour accélérer l’évolution de leurs idées.

Financement d’environ 1 projet sur 5

Des 300 projets issus de laboratoires et de centres de recherche canadiens et québécois à avoir été évalués, 69 ont bénéficié de financement et d’une mise en relation avec plus de 30 entreprises pharmaceutiques et de biotechnologies. « Il s’agit là d’une dizaine d’ententes stratégiques et structurantes entre des multinationales et des chercheuses et chercheurs locaux renommés », souligne Elizabeth Douville.

Plus de 1,67 G$ en retombées économiques

Lorsqu’une innovation cadre avec leurs objectifs, des partenaires de l’industrie signent une entente pour y accéder et participent financièrement à son développement. « Ces ententes valent au-delà de 1,5 milliard de dollars et ont généré plus de 100 millions de dollars en revenus de recherche et développement », précise Elizabeth Douville. L’effet de levier a également facilité l’obtention de quelque 70 millions de dollars supplémentaires en subventions.

324 brevets délivrés

Protéger la propriété intellectuelle s’avère critique, surtout aux premières étapes d’une découverte fondamentale. Les efforts de l’organisme ont mené à la délivrance de 326 brevets, en plus de 183 autres en instance. La proximité entre l’équipe et les chercheurs et chercheuses, qui partagent les mêmes bureaux, contribue à faciliter et accélérer ces démarches.

15 essais cliniques réalisés

Le soutien apporté aux projets a rendu possible la tenue de 15 essais cliniques de phases 1 et 2 en lien avec la leucémie, les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires ischémiques et la drépanocytose. Cinq autres essais cliniques sont déjà à l’ordre du jour pour les 24 prochains mois.

3 nouvelles entreprises prometteuses

L’expertise d’IRICoR a mené au démarrage de jeunes pousses qui connaissent beaucoup de succès. En voici quelques-unes :

• ExCellThera a les droits exclusifs sur la molécule brevetée UM171, laquelle stimule l’expansion des cellules souches pour traiter les personnes atteintes de leucémie ou d’autres cancers du sang. Plus d’une centaine de patientes et patients ont été traités avec la thérapie cellulaire amplifiée par UM171 lors d’essais cliniques réalisés aux États-Unis, en Europe et au Canada.

• Epitopea met au point un vaccin thérapeutique contre le cancer qui pourrait viser les tumeurs solides et liquides. Bien qu’il en soit encore au stade de développement, ce produit a déjà attiré de nombreux investisseurs en capital de risque d’ici et d’ailleurs, dont le Fonds de solidarité FTQ et CTI Capital.

• Entreprise dérivée d’ExCellThera, RejuvenRX est en quête de fonds pour sa solution favorisant la régénération cellulaire auprès de personnes atteintes de cancer.

1 pont unique du labo au chevet du patient ou de la patiente

Pour qu’une découverte révolutionnaire en sciences de la vie contribue à rendre le monde meilleur, il faut la sortir du laboratoire. C’est là qu’IRICoR excelle, en mettant en relation le milieu universitaire avec l’industrie et des partenaires financiers. « Le couple IRIC-IRICoR constitue un modèle unique qui transforme la façon de valoriser la recherche et qui assure la translation rapide des découvertes en innovations thérapeutiques pour le mieux-être des patients et des patientes ainsi que pour notre richesse collective », conclut Elizabeth Douville.

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