Le port de Montréal n’est pas sorti du bois

Les difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement risquent de perdurer en 2022, mais l’invasion en Ukraine ne semble pas avoir eu d’impacts directs sur le port de Montréal, pour le moment. L’accès difficile aux conteneurs – qui se trouvent au mauvais endroit, au mauvais moment – demeure un problème pour l’industrie du transport maritime, affirme le président-directeur général de l’Administration portuaire de Montréal, Martin Imbleau. « Ça ne se réglera pas en quelques mois », a indiqué le dirigeant, lundi, durant l’assemblée annuelle.

— La Presse Canadienne

Chaîne d’approvisionnement à la SAQ

La longue odyssée du vin rosé

Ça aura été beaucoup plus long et ardu qu’à l’habitude, mais la SAQ sera prête pour l’été, les tablettes pleines de rosé. Après la pandémie, la guerre en Ukraine ajoute une pression supplémentaire à la chaîne d’approvisionnement et aux producteurs de vin, ce qui poussera la société d’État à annoncer une nouvelle hausse de prix avant la fin du mois.

Avis aux amateurs de rosé : le vin qu’ils boiront à l’été sur la terrasse a été commandé… en février, plusieurs mois plus tôt qu’à l’habitude.

À l’instar des quincailleries et des centres de jardin qui offrent quelques mois par année des barbecues, des fleurs, des parasols et des piscines pour enfants, la SAQ a aussi ses « items saisonniers », soutient Luc Bourdeau, vice-président, chaîne d’approvisionnement, de la SAQ, au cours d’une entrevue accordée à La Presse.

À la fin de décembre, le champagne doit être sur les tablettes et l’été, l’offre de rosés doit être diversifiée.

« Si je n’ai pas de rosé, ce n’est pas substituable par une autre catégorie », souligne Luc Bourdeau.

Problèmes logistiques

Pour y parvenir cet été, il aura fallu faire plus d’efforts que d’habitude.

« [En plus du transport], maintenant on a aussi un enjeu de disponibilité de bouteilles, d’étiquettes et de bouchons », explique M. Bourdeau.

« Des verreries qui étaient en Ukraine ont cessé leur production. Les producteurs doivent se tourner ailleurs. Des usines ont aussi fermé à cause de la COVID-19. Donc, tout le monde doit courir après son stock pour réussir à mettre le liquide dans la bouteille. »

Finalement, une grande partie des stocks de vin est arrivée en temps voulu.

« Avant la pandémie, on n’avait pas à prévoir tant que ça à l’avance », se rappelle M. Bourdeau. Or, maintenant, la SAQ doit planifier l’été bien avant que la neige ne soit fondue si elle veut garnir ses tablettes et s’assurer que les produits en promotion soient disponibles au moment voulu.

L’an dernier, quelque 250 vins rosés étaient offerts sur les tablettes de la société d’État. Pour l’année s’échelonnant entre avril 2021 et mars 2022, les ventes de rosés ont augmenté de 15 % par rapport à la même période l’année précédente. En 2021, les rosés représentaient 5,4 % des ventes de vin en litres, contre 58,1 % pour les rouges et 36,5 % pour les blancs.

Les rosés ne sont par contre pas les seuls à mettre du temps avant d’arriver à bon port en raison de la COVID-19 et du conflit en Ukraine. Par exemple, en provenance de la Moldavie, le Crama Regala – un sauvignon blanc et un cabernet sauvignon – doit maintenant faire des détours avant d’arriver en succursale.

« [Normalement] on passe par le port d’Odessa – dans le sud de l’Ukraine – pour expédier le vin, précise Luc Bourdeau. On doit maintenant les exporter à partir de la Roumanie, ce qui est beaucoup plus long en termes de cheminement de camion. »

La société d’État a également fait des pieds et des mains pour s’approvisionner en Tsingtao, une bière chinoise. « Ce qu’on voit, c’est que, parfois, des vins ou des produits vont être en rupture de stock parce qu’on n’est pas capable de les avoir à temps. » Le scénario des tablettes vides vécu en décembre en raison d’un conflit de travail aux entrepôts de la SAQ ne devrait toutefois pas se reproduire, assure-t-il.

Augmentation de prix

Par ailleurs, en plus de causer des maux de tête à la SAQ, les problèmes d’approvisionnement pèsent lourd sur les épaules des producteurs, selon Karine Pauchard, directrice des opérations pour Hillebrand, entreprise chargée de faire le lien pour l’expédition de vins entre les producteurs à l’étranger et la SAQ.

« Nos difficultés majeures, c’est de trouver des conteneurs et de l’espace pour les navires », a-t-elle expliqué en visioconférence, alors qu’elle se trouvait à Beaune, en France. « On fait face à des navires qui annulent leurs escales dans certains ports. »

En raison des problèmes de transport et de disponibilité de bouteilles et d’étiquettes, les producteurs demandent des hausses de prix.

Au terme d’une négociation serrée « plus difficile » que d’habitude, la SAQ annoncera des augmentations sur ses produits au cours de la troisième semaine de mai.

De quel ordre ? « Nos équipes qui négocient les prix voient ce qui se passe avec l’inflation. C’est sûr que nos augmentations vont être autour de l’inflation », a confirmé M. Bourdeau. La situation est, selon lui, inévitable si les clients veulent retrouver de la diversité en succursale. « Si la SAQ n’accepte pas un juste prix, on n’aura plus de vin », lance-t-il sans détour.

Luc Bourdeau rappelle que certains producteurs, s’ils n’obtiennent pas le prix voulu, pourraient bouder la SAQ. « Si on n’accepte pas le prix, il se peut qu’on se prive de produits. »

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