Les vins de la semaine

Pour l’amour des vins français

En 2021, les vins rouges représentaient 58 % des ventes de vins à la SAQ. Toujours dominants, ils sont néanmoins en déclin constant depuis quelques années. Par contre, notre affinité pour les vins européens, elle, se maintient. Et pour les vins français en particulier : ils représentent encore aujourd’hui plus de 30 % des ventes de vins à la SAQ, à peu de chose près la même proportion qu’il y a 10 ans.

Authentique terroir

Ce vin, élaboré par Les Vignerons d’Estézargues, une cave coopérative qui réunit une dizaine de familles vigneronnes, est devenu un incontournable sur nos tablettes. D’une constance remarquable, il offre, chaque année, un des meilleurs rapports qualité-prix. Le 2020 le confirme encore. Issu d’un très bon millésime, il s’ouvre sur un nez délicat, fin, parfumé, avec des notes florales, de violette, et de fruits noirs mûrs. À l’aération apparaissent des arômes de crème de mûre et d’épices. La bouche est riche et soyeuse, bourrée de fruit, mais avec une acidité super fraîche qui apporte élan et tonus. Des tannins mûrs mais fermes s’égrènent en finale. Un vin très complet, issu d’une viticulture et de vinifications exemplaires, qui est une authentique expression de son terroir. À ce prix, bravo ! À déguster avec saucisson sec, couscous aux merguez, hamburger à l’agneau, saucisses et légumes grillés.

Domaine La Montagnette Signargues Côtes du Rhône Villages 2020, 17,45 $ (11095949), 14,5 %

Garde : de 3 à 5 ans

Entre puissance et finesse

Ce superbe domaine d’une vingtaine d’hectares cultive ses vignes en altitude, sur les coteaux adossés aux Dentelles de Montmirail, au-dessus du village de Vacqueyras. Issue de 60 % de grenache et 40 % de syrah, la cuvée Fruit Sauvage est une merveille d’équilibre entre puissance et finesse. Le nez s’ouvre sur des notes de fruits rouges, d’herbes, de garrigue, d’épices et de sous-bois. La bouche suit, s’appuyant sur un fruit bien mûr, avec encore beaucoup d’épices et de garrigue, de poivre, d’anis et une pointe d’olive noire. Ample et puissant en bouche, le vin est équilibré par une fraîcheur remarquable. Des tannins fins ajoutent du relief et de légers amers, comme l’écorce d’orange, et contribuent à sa fraîcheur. Très harmonieux et doté d’une longue finale, il s’accordera, après un passage en carafe, avec un magret de canard aux mûres, ou des côtelettes d’agneau aux herbes ou à la tapenade.

Le Clos de Caveau Fruit Sauvage Vacqueyras 2019, 31,25 $ (13750370), 14,5 %, bio

Garde : de 4 à 5 ans

Complet et harmonieux

Florent et Clément Pinard sont la vingtième génération à exploiter ce domaine familial. Sans conteste parmi les meilleurs vignerons de Sancerre, ils cultivent 17 hectares de vignes en bio (non certifié) et vinifient le plus naturellement possible. La cuvée Florès est issue de vignes cultivées à Bué sur les fameuses caillottes, un terroir de pierres calcaires, et vinifiée sur lies en cuves. Le vin charme déjà au nez, parfumé, avec des accents d’agrumes, d’herbes aromatiques, de fleur, de sureau. Et quelle belle matière en bouche ! Mûre, ample et juteuse, elle fait aussi preuve d’éclat, de fraîcheur et de tension. Des notes minérales, de pierre à fusil, et salines ajoutent à la complexité et à la texture. Un vin complet et très harmonieux, à servir avec : poisson avec beurre blanc au pamplemousse ou à l’oseille, pétoncles poêlés avec zestes d’agrumes, risotto aux fruits de mer.

Vincent Pinard Sancerre Florès 2019, 42 $ (12097962), 13 %

Garde : de 4 à 6 ans

France

Insultes et menaces à la Maison de la Poutine

Si vous deviez vous vider le cœur au sujet du président russe, que feriez-vous ? En réponse à cette question, des hurluberlus très confus ont jugé bon de téléphoner aux succursales de la Maison de la Poutine, restaurants implantés en France, pour insulter et menacer ces ambassadeurs du plat emblématique québécois. Une situation tragi-comique qui exaspère le personnel.

Certains individus gagneraient à se renseigner sur le Québec et sa gastronomie : cela leur éviterait de confondre un président belliqueux avec une assiette de frites, de fromage en grains et de sauce brune. Depuis une semaine, les diverses enseignes de la Maison de la Poutine reçoivent régulièrement des appels téléphoniques agressifs et menaçants de la part d’interlocuteurs qui semblent établir un lien entre l’invasion en Ukraine et le versement d’une garniture aux trois poivres.

Les trois succursales – on en trouve deux à Paris, fondées en 2017, et une à Toulouse, établie en 2019 – sont concernées, indique à La Presse Erwan Caradec, cofondateur des restaurants. « Nous recevons quatre ou cinq appels par jour de gens qui nous tombent dessus avec des menaces et des insultes, disent qu’il faut arrêter de tuer en Ukraine. Bon, personne ne dit qu’il va venir poser une bombe, mais cela met beaucoup de stress sur nos équipes », confie-t-il, joint par téléphone à Toulouse.

« On essaie de leur expliquer que nous sommes un restaurant, et que la poutine est un plat québécois qui n’a aucun rapport avec le président russe, se désole une employée de la Maison de la Poutine de la rue Mandar, à Paris. Mais on a beau le leur expliquer, ils ne veulent pas comprendre… »

En faire tout un plat

Face à cette situation assez kafkaïenne, merci, les propriétaires de l’institution ont publié un communiqué jeudi pour rappeler que poutine et Poutine, ce n’est pas du tout le même combat. « On a senti le besoin de protéger nos équipes en diffusant ce communiqué. Cela dit, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire. Nous sommes obligés de prendre les appels des clients pour les commandes », se résigne M. Caradec. Si les employés se retrouvent avec l’un de ces énergumènes à l’autre bout du combiné, ils se bornent à leur servir patiemment le même mantra : ici, on sert de la poutine, un plat québécois et, non, ça n’a rien, mais alors rien à voir avec Vladimir Poutine…

De nombreux internautes ont réagi avec un mélange de consternation et d’amusement en découvrant le communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Certains suggèrent de mettre une lettre minuscule à « poutine » dans le nom des restos, pour atténuer la confusion. Mais quelque chose nous dit que, quelle que soit la sauce à laquelle on leur sert des explications, les bornés reviendront toujours à la charge.

En attendant, la Maison de la Poutine ne lâchera pas la patate. « On ne changera certainement pas le nom du plat, alors ce serait bien qu’il change son nom, ce p***** de dictateur ! », conclut, sur un ton aigre-doux, le cofondateur.

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