Opinion

Réussir la relance de Montréal au bénéfice de tous les Québécois

Au moment où la COVID-19 a frappé, l’économie du Québec était sur une forte lancée. Le taux de chômage était à son plus bas, les entreprises investissaient et les finances publiques étaient en ordre. Le choc a été brutal. Toutes les régions du Québec ont été durement touchées.

L’esprit de solidarité dont les Québécois ont fait preuve face à la crise a été tout aussi impressionnant que leur adhésion aux directives de Santé publique. Tous les secteurs d’activité se sont mis à l’arrêt sur l’ensemble du territoire de la province.

L’impact sur Montréal, l’un des puissants moteurs économiques du Québec et de l’est du Canada, a été tout aussi dévastateur. Cet arrêt forcé est venu stopper net une renaissance économique espérée depuis des décennies. En 2019, Montréal affichait pour la deuxième année de suite la plus forte croissance parmi les grandes villes canadiennes.

Heureusement, maintenant que la situation sanitaire est maîtrisée, le redémarrage progressif de l’économie se déroule de façon ordonnée. Le nombre de nouveaux cas signalés continue de diminuer alors que la capacité de dépistage s’est accrue.

Il faut se préoccuper du Grand Montréal

La santé économique de Montréal est importante pour la force du Québec. On y retrouve 42,5 % des entreprises de la province, les sièges sociaux de plusieurs de nos fleurons québécois, de nombreuses filiales étrangères et organisations internationales ainsi qu’un pôle logistique essentiel à l’économie québécoise. Ce sont plus de 2,2 millions de Québécois qui travaillent dans la grande région de Montréal.

La contribution de la métropole au produit intérieur brut (PIB) du Québec, aux investissements directs étrangers et aux brevets déposés dépasse largement son poids démographique. C’est pourquoi la situation qui ralentit présentement le redémarrage de son économie devrait tous nous interpeller.

Cesser les décalages

Le temps est venu d’aborder avec lucidité la réalité dans le Grand Montréal. La situation sanitaire y est là aussi bien maîtrisée. La situation encore difficile dans certains CHSLD et résidences pour aînés ne justifie pas d’y maintenir un décalage systématique de la reprise des activités.

La décision de retarder la réouverture des restaurants de la zone métropolitaine est symptomatique d’une approche qui n’a plus sa raison d’être. Le redémarrage des centres commerciaux qui a tardé s’explique difficilement.

Il y a un coût réel et élevé à imposer des délais additionnels avant de pouvoir rouvrir. Pour les entreprises qui sont très fragilisées par la perte de leurs revenus depuis trois mois, même une semaine de plus sans revenus, c’est très significatif.

Nous invitons les autorités publiques à considérer avec la plus grande prudence les décisions qui ont des répercussions économiques négatives majeures alors que la situation sanitaire est bien en main. Le moment est venu de se défaire du réflexe de décaler systématiquement le redémarrage des activités pour les entreprises du Grand Montréal.

Le défi particulier du centre-ville

La situation est encore plus difficile dans le cas du centre-ville de Montréal, où la réouverture des activités ne signifiera pas du tout un retour rapide à un achalandage suffisant pour opérer. On prévoit qu’il y aura tout au plus 20 % des 310 000 travailleurs qui y reviendront d’ici décembre. À peine 30 % des quelque 100 000 étudiants se rendront dans les établissements du centre-ville. Sans compter l’absence des quelque 11 millions de touristes qui visitent chaque année Montréal. Cette faiblesse extrême de l’achalandage met en péril la survie de milliers de petits commerces.

Il faut agir et les gouvernements ont commencé à y voir. Il faudra cependant que les mesures d’aide, notamment pour les loyers, se prolongent bien au-delà du mois de juin.

Tous solidaires de Montréal

La métropole constitue une vitrine précieuse pour l’ensemble du Québec. Elle contribue au rayonnement de notre culture aux échelles locale, nationale et internationale. C’est notre seule métropole apte à concurrencer les autres grandes villes du continent.

En raison de l’importance de son poids démographique et de son rôle de locomotive économique, Montréal nécessite une attention particulière. Pour que Montréal puisse contribuer au dynamisme économique de la province, il faut reconnaître ses enjeux propres.

Au cours des derniers mois, nous avons rendu hommage aux gouvernements qui ont mis en place dans l’urgence un impressionnant dispositif d’aide pour atténuer les effets économiques de la crise. Mais Montréal aura besoin d’un coup de main supplémentaire.

Il y a urgence d’agir. Ce sont tous les Québécois qui bénéficient d’une métropole forte dans une province forte.

*Signataires : Yves-Thomas Dorval, président et chef de la direction, Conseil du patronat du Québec (CPQ) ; Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ; Véronique Proulx, présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ) ; et François Vincent, vice-président, Québec, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI)

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