Bilan de la dernière année universitaire

Il y a toujours une place pour des campus vibrants

En août, à la veille de la rentrée, j’ai fait partager mes réflexions concernant le retour imminent sur les campus montréalais1. Maintenant, l’année universitaire qui s’amorçait alors s’achève. Entre-temps, nous avons traversé quelques vagues de la pandémie et rencontré plusieurs variants. Si nous n’en avons pas fini avec les défis qu’engendre la COVID-19, cette année me convainc plus que jamais de l’importance de l’expérience en présence pour nos communautés étudiantes.

On a accueilli la nouvelle cohorte comme il le faut. Celle-ci a eu droit aux discours traditionnels dans le Tribunal-école. Elle a aussi assisté à la cérémonie d’accueil autochtone habituelle, menée par un aîné et accompagnée de joueurs de tambour. Quant à elle, la cohorte de deuxième année – ayant entamé ses études en droit sur Zoom – a demandé l’accueil en personne dont elle avait été privée à l’automne 2020. On a donc fait notre mieux pour elle aussi ! Lors de la remise d’un exemplaire du Code civil à chacun, un coup de poing du doyen s’est substitué à la poignée de main plus classique, COVID-19 oblige.

Plusieurs cours ont exploité le potentiel particulier de l’enseignement en personne, grâce à l’énergie et au dévouement des professeurs enthousiasmés par le retour dans les salles de classe. Les discussions en petits groupes ont eu lieu beaucoup plus fluidement que dans les salles de répartition Zoom.

L’année en présence a été marquée par plusieurs moments formateurs pour le corps étudiant. Je pense, entre autres, à la séance de questions et de réponses entre la communauté étudiante et notre diplômé, l’honorable Mahmud Jamal, la première personne racisée à accéder à la Cour suprême du Canada. Les profs du cours en traditions juridiques autochtones ont servi à leurs groupes un dîner de bannique et de potage afin d’en marquer la fin.

Un étudiant m’a fait remarquer que si le Zoom permettait aux gens d’une cohorte de se connaître un peu, il en était autrement pour les interactions entre les cohortes. Ces interactions précieuses, qui construisent des réseaux professionnels, ont plutôt lieu dans les espaces communs. C’est surtout la proximité spontanée qui facilite des échanges instructifs, et parfois difficiles, entre des étudiants de différents parcours et opinions. Je suis donc heureux de voir les gens de retour à l’Atrium, au cœur de notre bâtisse, qu’ils s’attablent en petits groupes ou qu’ils jouent au ping-pong ou au piano.

Notre communauté diplômée, de laquelle la philanthropie appuie nos activités, a suivi de près le retour en présence. Elle voulait que la relève profite de la riche vie étudiante qui a tant marqué son parcours.

Pour brosser un juste portrait, admettons que le retour sur les campus a été imparfait. Si certains ont bien vécu la fin d’un isolement nuisible à leur santé mentale, d’autres ont éprouvé de l’anxiété en raison de l’augmentation de contacts sociaux. La tolérance s’est avérée variable envers les exigences reliées au port du masque ainsi qu’au passeport vaccinal. D’aucuns auraient pris d’autres décisions que celles de la Santé publique, de l’administration universitaire ou des professeurs, chacun responsable d’accompagner chaque étudiant absent en raison de la COVID-19. N’empêche que, selon mon estimation, l’expérience étudiante de l’année 2021-2022 a été bien supérieure à celle de l’année passée à distance.

L’université de demain ne peut être celle d’hier et nos réflexions se poursuivent concernant la part des outils pédagogiques qui revient aux supports technologiques, dont Zoom. Néanmoins, le retour aux campus après la longue absence me persuade qu’il vaut la peine de conserver une importante part des interactions en personne. Il y a toujours une place pour des campus vibrants dans une ville étudiante foisonnante comme Montréal.

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