Guerre en Ukraine

Des « milliers » de crimes de guerre auraient été commis

La justice ukrainienne a identifié « quelques milliers » de crimes de guerre présumés dans le Donbass et tout près de 80 suspects à travers le pays. À Poltava, dans l’est de l’Ukraine, 2 soldats russes accusés d’avoir bombardé des zones civiles ont été condamnés à 11 ans de prison.

80 suspects

« Quelques milliers » de crimes de guerre présumés ont été identifiés dans le Donbass, a déclaré mardi la procureure générale de l’Ukraine, Iryna Venediktova, de passage à La Haye, où siège la Cour internationale de justice de l’ONU.

La justice ukrainienne soupçonne la déportation forcée d’Ukrainiens – possiblement des enfants – en Russie, la torture, le meurtre de civils et la destruction d’infrastructures civiles.

Au total, le parquet a identifié 15 000 crimes de guerre présumés et 80 suspects sur le sol ukrainien depuis l’invasion russe, a annoncé Mme Venediktova.

« Ça ne veut pas dire que tous les crimes qui sont présumés seront portés en justice. Ça peut dépendre des preuves qu’on va recueillir dans chaque cas », nuance MMiriam Cohen, professeure de droit international à l’Université de Montréal et titulaire d’une Chaire de recherche du Canada.

Les zones du Donbass sous contrôle russe étant inaccessibles, les autorités ukrainiennes recueillent les témoignages d’habitants évacués et de prisonniers de guerre. Dans un procès de crime de guerre, le défi est de prouver l’acte, mais aussi son auteur, affirme MCohen.

« Les règles de preuves sont particulières à chaque système judiciaire, mais normalement, ça prend un cumul de différents types de preuves », comme des photos, des vidéos ou des témoignages, énumère-t-elle.

À Poltava, dans l’est de l’Ukraine, 2 soldats russes ont été condamnés à 11 ans et demi de prison, mardi, pour avoir bombardé au lance-missile deux villages dans la région de Kharkiv, au premier jour de la guerre. Dans une autre affaire, la Cour ukrainienne se penchera pour la première fois sur le cas d’un viol présumé commis par un militaire russe. L’accusé n’a toutefois pas été arrêté et est actuellement recherché, a annoncé lundi Mme Venediktova.

Une usine chimique touchée à Sievierodonetsk

Une frappe aérienne a touché une usine chimique de Sievierodonetsk, dans l’est de l’Ukraine, où des combats sanglants font rage depuis plusieurs jours.

C’est ce qu’a déclaré le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï, sur Telegram mardi en fin d’après-midi. L’armée russe a pilonné « un réservoir d’acide nitrique », a-t-il indiqué, exhortant la population à rester à l’abri en raison des fumées toxiques.

Le Conseil norvégien pour les réfugiés a lancé un appel urgent à l’aide, mardi, pour évacuer des milliers de civils pris au piège dans cette ville à moitié contrôlée par les forces russes.

Les bombardements incessants empêchent jusqu’à 12 000 civils privés d’eau, de nourriture et d’électricité de s’échapper, a alerté le Conseil.

Plus de 1500 personnes ont péri dans la bataille pour la ville qui comptait environ 100 000 habitants avant la guerre, a estimé le maire, Oleksandr Striuk, à l’Associated Press.

L’embargo sur le pétrole fera mal aux Russes

L’Ukraine a salué mardi le projet d’embargo du pétrole russe adopté par l’Union européenne, qui devrait se traduire par une réduction des deux tiers des importations d’ici la fin de l’année.

« L’embargo pétrolier va accélérer le compte à rebours vers l’effondrement de l’économie et de la machine de guerre russes », a salué le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, qui a estimé que l’embargo pourrait coûter « des dizaines de milliards de dollars » à la Russie.

De son côté, la Russie a répliqué que les sanctions ne seront pas « fatales » pour les grandes entreprises, mais qu’elles nuiront à la population russe.

Washington accentue son soutien à kyiv

Les États-Unis ont annoncé mardi qu’ils fourniront à l’Ukraine des systèmes perfectionnés de lance-roquettes multiples et mobiles. Washington exige toutefois l’assurance que ces armes ne seront pas utilisées pour frapper le territoire russe.

Un haut responsable de la Maison-Blanche a précisé dans un entretien avec la presse qu’il s’agissait de lance-roquettes multiples montés sur des blindés légers.

Il ne s’agit toutefois pas de systèmes à très longue portée – elle est de 80 km environ –, mais c’est néanmoins un renforcement significatif des capacités ukrainiennes.

L’Afrique, victime collatérale

Le blocage des ports ukrainiens par la Russie dirige l’Afrique tout droit vers une crise alimentaire, craint le président de l’Union africaine et président sénégalais, Macky Sall.

L’arrêt des exportations de céréales et d’engrais via la mer Noire provoquera des pénuries généralisées et une envolée des prix sur ce continent qui compte déjà 282 millions de personnes sous-alimentées, a-t-il prévenu mardi lors d’une conférence devant des dirigeants européens à Bruxelles. L’Afrique en a même déjà un avant-goût : en l’espace de quelques mois, le prix de l’engrais y a triplé par rapport à 2021.

— Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press

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