It’s Not a Game, It’s a Lifestyle

Lisa LeBlanc et son alter ego disco-bingo

Alter ego psychotronique de Lisa LeBlanc, Belinda sort It’s Not a Game, It’s a Lifestyle, album-surprise de cinq chansons disco dont le seul et unique sujet est le bingo. Discussion aussi drôle que surréaliste avec l’autrice-compositrice-interprète acadienne, qui devait faire un retour sur disque et sur scène en 2020, et qui a combattu la pandémie par l’humour.

On dirait bien que tu t’es ennuyée pendant le confinement…

Didnt’we all ? (Rires) Pour vrai, ça me fait tellement rire, merci tellement pour cette entrevue. C’est malade !

Qui est Belinda ?

Je ne sais pas si c’est juste la personne que j’aurais tout le temps voulu être ou une inspiration des matantes des années 60 et 70. C’est comme la waitress classy qui te sert des frites avec de l’attitude, ou de l’attitude avec des frites… Whatever. C’est tellement un monde qui me fait capoter. J’aime le communautaire, j’allais au bingo quand j’étais jeune, j’ai tout le temps « hangé out » dans des clubs de l’âge d’or, parce que c’est tout ce qu’il y avait à Rosaireville ! Ça fait partie d’une culture vraiment acadienne. Moi, ça me fait bien rire.

Mais il y a de l’affection là-dedans, tu ne fais pas ça pour te moquer ?

Absolument pas ! Ce n’est pas un truc pour rire du monde, au contraire. On connaît tous une Belinda en Acadie. Il y en a comme 1000.

Donc, faire cet album, ç’a été ton activité de confinement ?

Pendant le confinement, comme tout le monde, on s’est retrouvés plus de gigs, plus rien. J’arrivais d’une sabbatique en plus, j’étais ready to rock en 2020 ! Puis, ç’a été : « Oh, OK, non, ce ne sera pas cette année. » Ç’a été un coup dur, comme pour plein d’artistes. Et on avait tellement de temps, et tellement rien à faire, alors on a commencé un bingo. Et c’est comme ça que Belinda est née.

Ça fonctionnait comment, ce bingo ?

Ça s’appelle « Bingo avec Johanne », et Johanne est incarnée par mon chum, Benoit Morier. On fait ça le dimanche en Facebook Live (sur la page Bingo avec Johanne). Tellement de monde a embarqué, qui est venu faire des tounes de bingo… parce que c’est ça, Belinda, c’est juste des tounes de bingo ! On a eu Damien Robitaille, Sunny Duval, Joseph Edgar, toutes les Hay Babies en solo… C’était juste : « Eille, man, mets une perruque, fais un personnage, ça va être vraiment niaiseux », pis that’s it. C’est super léger. C’est comme ça que tout a commencé, et là, here we are, j’ai fait assez de tounes de Belinda que je lance un EP ! (Rires)

Et il y a du monde qui joue au bingo ?

Oui. Tout le monde peut jouer. C’est gratuit, tu fais tes cartes… Et ça a pris de l’ampleur solide, on est même rendus avec quatre commanditaires de partout au Canada. Il y a plein de monde de Winnipeg qui joue, des Fransaskois, du monde du Nouveau-Brunswick, de Montréal…

C’est devenu un bingo pan-franco-canadien ?

Pour vrai, oui ! Il y a des gens de Moncton qui jouent avec des gens de Saint-Boniface, qui ne se connaissent pas vraiment dans la vraie vie, mais qui sont devenus comme des bingo buddies. (Rires) C’est vraiment tripant. Pour nous, ç’a été une façon incroyable de faire quelque chose de super positif, de survivre un peu à la pandémie, d’avoir de quoi de le fun. J’ai appris plein de trucs aussi. J’ai pu apprendre le Pro Tools, le logiciel d’enregistrement qu’on utilise beaucoup en studio. J’ai pu jouer des bongos et plein d’instruments que je ne peux pas jouer d’habitude.

Les bongos, le disco… Ce n’est pas tout à fait toi !

Clairement pas ! Mais, en même temps, peut-être que c’est vraiment moi dans mon plus profond… On le sort parce que c’est juste drôle de sortir quelque chose d’aussi niaiseux, cinq tounes de bingo…

Ça fait du bien, cette légèreté en période de pandémie ?

Oui. Ç’a tout le temps été le but de l’émission du bingo. On ne va jamais parler de pandémie, de ce qui se passe, on veut une distraction qui va nous faire du bien. Le rire, c’est ce qui a sauvé ma pandémie. C’est comme ma façon de vivre avec ce qui se passe autour. Je veux juste voir et faire des affaires vraiment nounounes. Mais ç’a aussi été quelque chose de super créatif, « flyé » et libérateur.

Par contre, j’espère que tu ne vas pas nous dire que c’est ton album le plus personnel…

Je suis vraiment mature maintenant. Je suis devenue une artiste mature. (Rires)

Est-ce que c’est vrai que tu es en train de travailler sur un projet portant sur Édith Butler ?

J’en parle un peu, ce n’est pas un secret, mais oui, on travaille sur de quoi. Ça devait sortir en 2020 et ç’a été reporté à 2021.

À quoi ressemblera ton automne ?

Du bingo, pretty much ! (Rires) Mon automne… Tous les shows prévus étaient liés à Édith, alors je me retrouve comme tout le monde, c’est reporté d’un an. Donc, pour vrai, on fait une pause de bingo cet été, c’était le dernier dimanche, et on va revenir avec une autre saison de ça, l’automne prochain. Ça prend beaucoup de ma vie en ce moment, on est juste obsédés par ça, on parle juste de ça.

Vous avez eu du plaisir à créer un univers, on dirait.

Une alternate reality, oui. Ça a tellement pris over notre vie, on ne sait plus ce qui est vrai ou pas.

As-tu hâte que tout redevienne normal, à l’après-pandémie ?

C’est tellement loin. On ne sait pas ça va être quoi, quand… Mais oui. J’ai hâte de faire des shows. Ça fait deux ans, really, je suis tellement prête. C’est la chose dont j’ai le plus hâte.

Tu as été l’une des premières à faire des spectacles en Facebook Live au début de la pandémie. Comment c’était ?

C’était malade. On a joué devant 4000 personnes ! On se disait : « Ben voyons, il se passe quoi, on est dans un stade ? » Mais t’es dans ton salon et, quand ça finit, c’est genre : « I guess qu’on va se faire à souper, veux-tu des nouilles ? » C’est vraiment weird, mais c’est aussi une belle façon de connecter avec le monde. Ça nous faisait « feeler » moins perdus dans tout ça, moins dépassés par la situation.

As-tu passé le confinement au Nouveau-Brunswick ?

Oui. Techniquement, je vis à Montréal. Mais je suis mieux où je suis en ce moment, pour la durée de la pandémie. On a un spot, on peut travailler, c’est cool. Et on est déconfinés, c’est une autre vibe qu’à Montréal.

Sûrement oui. Merci, et bon été !

Bye. Je vous envoie plein de « déconfinement love ».

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It’s Not a Game, It’s a Lifestyle

Belinda (Lisa LeBlanc)

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