AUSTIN — « Quand Trump a été élu, j’ai eu le sourire aux lèvres pendant cinq heures. »
Chris Salcedo, animateur de radio de Dallas, se présente comme un « vrai » conservateur.
L’émission qu’il chapeaute accorde une large attention aux interventions de Donald Trump, presque systématiquement sur un ton approbateur.
Le chef d’État est un politicien pragmatique qui opte souvent pour des solutions conservatrices « par bon sens », relève M. Salcedo, qui ne trouve guère à redire sur les actions du président depuis son arrivée en poste.
« Il a parfois trop tendance à torpiller les bonnes choses qu’il fait par des interventions sur Twitter », souligne l’animateur, qui multiplie les attaques en ondes contre les élus démocrates, décrits comme des gauchistes immoraux.
Pris au dépourvu
La réaction de Josh Rudd à la victoire de Donald Trump était d’une tout autre nature.
Comme nombre de ses amis, Josh Rudd a été pris par surprise le jour de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Et il a mis du temps à s’en remettre.
« Sur le coup, je me suis senti écrasé par ce qui se passait. Et je me suis dit qu’on avait beaucoup à faire », relève l’étudiant de l’Université du Texas à Austin, qui est l’un des dirigeants de l’association queer de l’institution.
« J’ai été réconforté par le fait que plusieurs personnes ressentaient la même chose que moi », souligne M. Rudd, qui a participé le lendemain du scrutin à une manifestation regroupant plusieurs centaines de personnes.
Le militant, qui est issu d’une petite ville conservatrice du Texas, a été la cible de plusieurs attaques discriminatoires au fil des ans.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a exacerbé plus encore le problème, relève M. Rudd, qui fustige le discours « populiste » et « réactionnaire » du nouveau chef d’État.
« Son élection a libéré la parole de nombre de personnes qui pensent avoir le droit de faire preuve de discrimination. »
— Josh Rudd, étudiant
L’écart idéologique qui sépare Josh Rudd de Chris Salcedo se reflète dans la manière dont évolue la perception du président au sein de l’État depuis l’année dernière.
Globalement, 43 % des Texans approuvent aujourd’hui la manière dont Donald Trump s’acquitte de ses fonctions. Par parti, les résultats sont aux antipodes. Seuls 10 % des électeurs démocrates se disent satisfaits alors que 80 % le sont chez les élus républicains.
Les appuis dans son camp demeurent solides, malgré les difficultés qu’il a rencontrées depuis son entrée en poste pour tenir ses promesses-clés, incluant la révision de l’Obamacare.
Le rédacteur en chef du Texas Tribune, Ross Ramsey, pense que le désaveu démocrate n’est guère étonnant. « Donald Trump et son administration n’ont rien fait en un an pour les tirer de leur côté », relève-t-il.
La stabilité de son soutien du côté républicain est d’abord le reflet, selon lui, du niveau de division politique observé au sein de l’État.
« Si Hillary Clinton avait remporté l’élection, je pense que les chiffres que l’on verrait dans le sondage seraient inversés, mais sensiblement les mêmes », note M. Ramsey.
Le fait que Donald Trump n’ait pas encore pris de décision susceptible d’affecter l’électorat républicain dans des domaines-clés explique aussi le maintien de sa cote de popularité dans son camp.
Un choix tactique
Nombre d’électeurs républicains, dit-il, ont appuyé le candidat pour des raisons tactiques plutôt qu’idéologiques.
Ils le voient comme un outil pour favoriser un « changement majeur » à Washington, et il est loin d’être certain que leur soutien perdurera si le président s’avise en cours de route de changer des choses d’une manière qui les affecte négativement.
La décision récente de Donald Trump de supprimer les subventions fédérales versées aux compagnies d’assurances dans le cadre de l’Obamacare constitue un test crucial pour le chef d’État, relève M. Ramsey.
Comment réagiront ses partisans, demande-t-il, si la couverture médicale dont ils disposent est restreinte ou que le coût de leur assurance médicale explose ?
L’érection d’un mur frontalier avec le Mexique, qui représente le principal partenaire commercial du Texas, est un autre exemple où il existe, selon le journaliste, une forme de « dissonance cognitive » dans l’électorat républicain local. Si le mur se concrétise et que les échanges commerciaux sont compromis, continueront-ils de se montrer solidaires du président ?
« Il faut garder en tête que les électeurs sont les plus grandes girouettes », conclut M. Ramsey.
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Un gouffre entre démocrates et républicains
Donald Trump a-t-il un tempérament présidentiel ?
Républicains : 68 %
Démocrates : 5 %
Est-il honnête et digne de confiance ?
Républicains : 66 %
Démocrates : 4 %
Est-il compétent ?
Républicains : 80 %
Démocrates : 9 %
Source : sondage University of Texas/Texas Tribune