Opinion : COVID-19

« Elles sont partout »

Tout comme il y a 100 ans, les femmes accomplissent un travail colossal face à l'épidémie

Le 5 avril 1919, le match de hockey pour l’obtention de la Coupe Stanley entre les Canadiens de Montréal et les Metropolitans de Seattle est annulé à cause « des ravages de la grippe espagnole chez les joueurs… pour la première et la seule fois dans l’histoire de la LNH, une saison de hockey professionnel se termine sans que la Coupe Stanley soit remportée par une équipe ». Entre 1918 et 1920, la grippe espagnole fait 14 000 victimes au Québec, dont 3500 à Montréal.

Parlant des tâches accomplies par les femmes, Ernest Décary, président du bureau de santé [de la Ville de Montréal], avait déclaré : « Elles sont partout et se dévouent à soigner et recevoir les malades […]. Le travail qu’elles accomplissent est merveilleux. Avec elles point de discussions inutiles »*. Selon l’historienne Magda Fahrni, cette épidémie a donné aux femmes un nouveau rôle, et les politiciens, les médecins ont reconnu le travail, souvent bénévole, qu’elles ont fourni pendant plusieurs mois.

Les temps ont changé – nous avons l’âge et l’expérience pour l’affirmer ! – mais il demeure que le travail accompli majoritairement par des femmes – médecins, infirmières, préposées aux bénéficiaires, travailleuses sociales, éducatrices en service de garde, intervenantes communautaires, secrétaires-réceptionnistes –, pour ne citer que ces exemples, est encore une fois colossal.

Nous proposons d’ailleurs d’ajuster le vocabulaire gouvernemental et médiatique à cette réalité trop occultée : les femmes sont encore, ici et ailleurs, les premières responsables de la santé et du bien-être des personnes, des familles et des communautés.

Nous voulons ici rendre hommage aux femmes – et aussi aux hommes – qui prennent soin de nous. Nous les remercions chaleureusement, conscientes que leur travail est extrêmement ardu, contraignant et même dangereux. Nous espérons que toutes celles et tous ceux qui sont véritablement au front en ce moment auront droit à notre reconnaissance collective lorsque le temps viendra de renouveler leurs conventions collectives.

Il est impératif d’accorder au travail qui consiste à soutenir les personnes, les familles et les communautés le même statut et les mêmes avantages dont bénéficient ceux qui œuvrent, par exemple, dans l’industrie lourde. Après tout, consoler un enfant, soigner une personne malade ou venir en aide à une femme victime de violence devrait être considéré en tout temps comme un service vraiment essentiel. En ce moment même, la société québécoise tout entière se mobilise pour la vie, pour l’espoir. N’oublions pas les anges gardiennes qui rendent cet espoir possible.

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