L’incessant déclin du caribou

Il occupait jadis le sud du Québec et même une partie de la Nouvelle-Angleterre. Mais la destruction constante de son habitat ne cesse de le pousser vers le nord. Aperçu de la situation du caribou.

Trois « écotypes » de caribous

Le caribou est divisé en plusieurs sous-espèces, dont une seule vit au Québec : le caribou des bois (Rangifer tarandus caribou). Il en existe trois « écotypes », c’est-à-dire des variétés qui se sont génétiquement adaptées aux conditions propres à leur milieu : le caribou migrateur, dans le nord du Québec, le caribou forestier (appelé boréal par Ottawa), au nord du fleuve Saint-Laurent, et le caribou montagnard, en Gaspésie et dans les monts Torngat, à la frontière du Québec et du Labrador.

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Estimation du nombre de caribous montagnards en Gaspésie, selon le plus récent inventaire du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Il s’agit d’une diminution par rapport à l’inventaire précédent. Cet écotype est considéré comme en voie de disparition, selon la terminologie employée par Ottawa.

Populations isolées

Il existe deux populations isolées de caribous forestiers : l’une près de Val-d’Or, en Abitibi, qui ne compte plus que 7 individus, et l’autre dans Charlevoix, qui en compte 17, selon les plus récents inventaires du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Il existe aussi une population non isolée qui vit au nord de la rivière Saguenay, du lac Saint-Jean, du réservoir Gouin et du lac Abitibi. Cet écotype est considéré comme menacé, selon la terminologie employée par Ottawa.

Un territoire qui rétrécit

Le caribou occupait tout le territoire québécois, il y a 150 ans, rappelle le biologiste Martin-Hugues Saint-Laurent, professeur à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). On le retrouvait au sud du Saint-Laurent, dans les Maritimes et même en Nouvelle-Angleterre. « On chassait le caribou en arrière de Rimouski il y a encore 80 ans », dit-il.

En enclos

Québec a annoncé en janvier la construction d’un immense enclos dans Charlevoix, pour y placer les derniers caribous forestiers, et d’un autre en Gaspésie, pour les caribous montagnards, à l’instar de ce qui a déjà été fait pour les sept caribous restants de l’Abitibi. « Aussi bien dire que c’est un zoo ! », s’insurge Martin-Hugues Saint-Laurent, qui déplore que cette solution s’attaque au symptôme plutôt qu’à la cause du problème et ne soit pas accompagnée d’un plan de réintroduction.

Indifférence

Même si de plus en plus de gens s’inquiètent pour le caribou, sa disparition se produit dans une relative indifférence, se désole Martin-Hugues Saint-Laurent. « En aucun cas ça ne soulève les passions comme 20 cerfs de Virginie dans le parc Michel-Chartrand à Longueuil », illustre-t-il, rappelant au passage que le cerf de Virginie est une espèce en surabondance. « Il n’y a personne qui manifeste avec des pancartes pour dire “Protégeons le caribou” », raille-t-il.

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