Effondrement d’un immeuble en Floride

Un incendie entrave les secours

Le sort de quatre Canadiens encore inconnu ; le bilan monte à cinq morts

Au troisième jour après l’effondrement spectaculaire d’un immeuble résidentiel près de Miami, les secours poursuivaient samedi leurs recherches acharnées dans les décombres, compliquées par un incendie, les autorités ayant toujours l’espoir de retrouver des survivants. Tout comme la veille, Ottawa ne pouvait affirmer si des Canadiens font partie des victimes.

Affaires mondiales Canada s’est contenté d’affirmer que quatre Canadiens pourraient avoir été victimes de l’effondrement. Il n’a offert aucune nouvelle information à ce sujet.

Le Ministère indique que les responsables consulaires canadiens à Miami sont en contact avec les autorités locales pour recueillir des renseignements supplémentaires. Il a refusé de fournir plus de détails, invoquant les lois sur la confidentialité.

Une cinquième mort confirmée

Au moins cinq personnes ont trouvé la mort dans cette catastrophe, survenue à Surfside, en Floride, dans le sud-est des États-Unis, et pour l’heure inexpliquée.

« Aujourd’hui, nos équipes de sauvetage ont trouvé un autre corps dans les décombres, et nos recherches ont aussi mis au jour des restes humains », a déclaré Daniella Levine Cara, mairesse du comté de Miami-Dade, où a eu lieu le drame, lors d’une conférence de presse.

« Cela signifie que le nombre de disparus descend à 156, et que le nombre de décès confirmés s’élève à cinq », a-t-elle ajouté.

« Nous gardons espoir. […] Nous recherchons des personnes vivantes dans les décombres, c’est notre priorité et nos équipes n’ont pas arrêté. »

— Daniella Levine Cara, mairesse du comté de Miami-Dade, plus tôt dans la journée

Un incendie tenace a nui samedi aux efforts des sauveteurs.

« Nous faisons face à d’énormes difficultés avec cet incendie », a reconnu Mme Levine Cara.

Un brasier s’est en effet déclenché sur le site où le bâtiment de 12 étages, nommé Champlain Towers, s’est effondré jeudi avant l’aube. La fumée s’est propagée à travers les gravats, ce qui rendait certaines zones de recherches inaccessibles, selon la mairesse.

Les soldats du feu ont demandé aux riverains de rester chez eux, fenêtres et portes closes, pour se protéger des fumées nocives.

Anxiété grandissante

Enchevêtrements de poutres et de métal, piles de gravats, odeurs de caoutchouc et de plastique carbonisés, malgré le feu, les secouristes, unités cynophiles et grues fouillent de façon frénétique les ruines du bâtiment depuis deux jours et demi.

Malgré les moyens déployés, l’anxiété des familles confrontées à une attente interminable grandit.

Un mémorial avec bougies, fleurs et une quarantaine de photos des personnes manquantes a été érigé près du site du sinistre.

« Nous avons une amie qui a pu s’enfuir du bâtiment avec son mari. […] Je suis toujours sous le choc, et suis venue prier pour les personnes manquantes. »

— Gina Berlin, 54 ans, qui vit dans le quartier depuis 1992

« L’ami de ma mère est là [sous les décombres]. Nous voulons avoir de l’espoir, mais nous devons être réalistes. La prochaine étape consiste à être là pour les familles et savoir pourquoi c’est arrivé », souligne Mark, 55 ans, qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Dommages structurels

Le besoin d’explications sur les causes de cette catastrophe ayant touché environ 55 appartements se fait de plus en plus pressant.

Un rapport portant sur l’état de l’immeuble avait noté dès 2018 des « dommages structurels majeurs », ainsi que des « fissures » dans le sous-sol du bâtiment, selon des documents publiés vendredi soir par la Ville de Surfside.

« L’imperméabilisation sous les abords de la piscine et la voie d’accès pour les véhicules […] est au-delà de sa durée de vie et doit donc être complètement retirée et remplacée », a écrit dans ce document l’expert Frank Morabito.

« Ne pas remplacer l’imperméabilisation dans un futur proche causera l’élargissement exponentiel de l’étendue des détériorations du béton », affirmait-il également en réclamant des réparations « dans un délai convenable », sans toutefois relever de risque d’effondrement.

La mairesse du comté de Miami-Dade a assuré samedi que la Ville n’était pas au courant de cette étude, mais qu’un audit de l’immeuble et de l’ensemble des bâtiments construits il y a plus de 40 ans allait être réalisé dans les 30 prochains jours.

L’attention s’est aussi portée sur une autre étude conduite en 2020 qui a montré que le Champlain Towers, construit en 1981, avait subi un affaissement d’environ 2 millimètres par an entre 1993 et 1999.

Dans un communiqué conjoint avec son université, l’auteur de l’étude a toutefois précisé que l’affaissement des sols ne causerait pas seul l’effondrement d’un immeuble.

Des travaux visant à mettre le bâtiment aux normes étaient par ailleurs en cours, notamment sur le toit, ont précisé plusieurs responsables, estimant néanmoins peu probable qu’ils soient la cause de l’écroulement.

Un immeuble construit à la même période que le Champlain Towers par les mêmes architectes est par ailleurs sous surveillance, a déclaré samedi le gouverneur de Floride, Ron DeSantis.

« Je sais qu’ils envisagent de l’évacuer. Je ne sais pas s’il y a des signes qu’il y a des problèmes dans ce bâtiment, mais étant donné les similarités », a-t-il justifié.

En attendant, l’enquête pour déterminer les causes exactes de la tragédie de Surfside durera probablement des mois, ont prévenu les experts.

États-Unis

« Nous avons remporté une victoire massive »

Trump martèle les mêmes allégations lors de son premier rassemblement depuis son départ de Washington

Donald Trump a repris samedi ses griefs électoraux sans fondement et a brossé un tableau dystopique des États-Unis sous contrôle démocrate lors de son premier rassemblement politique depuis son départ de la Maison-Blanche.

Sa mission, en partie, était de se venger de l’un des républicains qui ont voté pour sa deuxième destitution historique.

L’évènement de l’ancien président Trump a eu lieu samedi soir au parc des expositions du comté de Lorain, dans l’Ohio, non loin de Cleveland, dans l’objectif d’appuyer Max Miller, ancien conseiller de la Maison-Blanche qui tente de ravir le siège du républicain Anthony Gonzalez au Congrès. Ce dernier est l’un des 10 républicains qui ont voté en faveur de la destitution du président Trump pour incitation à l’insurrection mortelle au Capitole américain le 6 janvier dernier.

Donald Trump veut le faire payer.

Dans son discours, Donald Trump a revisité certaines des fausses affirmations familières qu’il mettait de l’avant lors de sa campagne électorale infructueuse contre Joe Biden.

« Le soir du 3 novembre, les élections étaient terminées et, tout d’un coup, les choses ont commencé à se fermer. Nous avons remporté une victoire massive, ils ont fait quelque chose qui ne devrait jamais être autorisé. »

— Donald Trump

En fait, Donald Trump décrivait un processus de dépouillement légitime qui a vu Joe Biden prendre les devants au fur et à mesure que la nuit avançait, alors qu’étaient dépouillés les résultats des bulletins de vote par correspondance et ceux de villes à tendance démocrate dans des États clés. Les responsables électoraux de l’administration Trump et les hauts responsables électoraux des États dirigés par les républicains ont reconnu la validité du résultat des élections.

Lors d’un autre écho du passé, la foule a scandé « enfermez-la », en référence à Hillary Clinton, la démocrate qu’il a vaincue en 2016.

Donald Trump a publiquement entretenu l’idée qu’il pourrait d’une manière ou d’une autre être réintégré dans ses fonctions, même s’il n’existe aucune base légale ou constitutionnelle pour le faire.

Donald Trump continue de taquiner la possibilité d’organiser une course de retour pour la Maison-Blanche en 2024. Les conseillers de l’ancien président, qui a été banni de Twitter et de Facebook après le 6 janvier, avancent qu’il prendra une décision après les élections de mi-mandat, à l’automne prochain.

« Joe Biden est en train de détruire notre nation, juste sous nos yeux », a-t-il notamment lancé. « Qui diable sait ce qu’il va se passer en 2024, on n’aura même plus de pays ! »

Les rassemblements de Donald Trump ont joué un rôle déterminant dans sa politique depuis le lancement de sa campagne de 2016. L’ancienne vedette de téléréalité est énergisée lorsqu’elle se produit devant son public et aborde souvent de nouveaux contenus et points de discussion pour voir comment ils résonnent auprès de la foule. Son organisation politique utilise également ces évènements pour collecter les informations des participants et comme outils de levée de fonds.

« Il nous manque », a déclaré Chris Laskowski, 55 ans, qui vit à Medina, en Ohio, et assistait à son premier rassemblement avec son mari, James. « Je pense qu’ils lui ont volé les élections et il est toujours notre président », a-t-elle déclaré.

Elle n’était pas seule.

« Il sera de retour en août », a prédit Peggy Johnson, 60 ans, qui était venue du Michigan pour assister à ce qu’elle a dit être son septième rassemblement pro-Trump. « Il est en fait président maintenant. »

D’autres apparitions publiques à venir

Le rassemblement partisan est organisé cinq mois après le départ de Donald Trump de Washington dans un contexte de violence sans précédent dans la capitale américaine.

Cette première sortie publique de l’ancien président devrait marquer le début d’une nouvelle étape ponctuée de nombreuses apparitions publiques pour ce dernier.

Donald Trump est notamment attendu sur les lieux d’un autre rassemblement partisan en Floride, le week-end des festivités de la fête nationale du 4 juillet, encore en appui à un candidat arrivé à mi-mandat. Il est aussi attendu près de la frontière au sud des États-Unis pour protester contre les politiques d’immigration du président Joe Biden.

Les premières sorties publiques de l’ancien président Trump sont prévues alors qu’il se retrouvera avec des démêlés judiciaires à Manhattan impliquant son entreprise.

Le quotidien The New York Times, qui cite des sources proches du dossier, rapporte que des accusations pourraient être déposées dès la semaine prochaine.

Donald Trump a déjà dénoncé les enquêtes le visant, les qualifiant de « chasse aux sorcières » visant à endommager sa carrière politique. Il s’est engagé à aider les républicains à reprendre le contrôle du Congrès aux élections de mi-mandat, l’an prochain.

Johnson & Johnson suspend la vente d'opioïdes

Johnson & Johnson, un des laboratoires américains accusés d’avoir alimenté la crise des opioïdes qui a fait plus d’un demi-million de morts aux États-Unis depuis 1999, a trouvé un accord avec l’État de New York mettant fin aux poursuites judiciaires moyennant 230 millions de dollars et a confirmé avoir arrêté la production et la vente de ces substances.

C’est la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, qui a fait l’annonce samedi dans un communiqué.  

Le groupe étalera le paiement des 230 millions de dollars sur neuf ans, a-t-elle précisé.

De son côté, Johnson & Johnson a annoncé dans un communiqué séparé que cet accord lui permettait d’éviter un procès qui devait commencer lundi et a précisé que le groupe avait pris la décision d’arrêter la production de « tous ses analgésiques sur ordonnance aux États-Unis en 2020 ».

Le règlement annoncé samedi « ne constitue pas un aveu de responsabilité ou d’acte répréhensible de la part de la société », a également souligné le groupe, alors que d’autres actions judiciaires à l’échelle nationale sont en cours, dont un procès en Californie.

Le laboratoire pourrait également payer 30 millions de dollars de plus la première année si la chambre exécutive de l’État de New York promulguait une nouvelle mesure créant un fonds de règlement des opiacés, a indiqué la justice américaine.  

« L’épidémie d’opioïdes a fait des ravages dans d’innombrables communautés de l’État de New York et du reste du pays, laissant des millions de personnes toujours dépendantes aux opioïdes qui sont dangereux et mortels. »

— Letitia James, procureure générale de l’État de New York, par communiqué

« Johnson & Johnson a contribué à alimenter cette crise, mais aujourd’hui, il s’engage à quitter le secteur des opioïdes, non seulement à New York, mais dans tout le pays », a-t-elle ajouté.

Le laboratoire a tenu à souligner que la décision avait été prise avant l’accord conclu avec l’État.

Les 230 millions de dollars doivent permettre de financer les efforts de prévention, de traitement et d’éducation aux dangers que présentent ces substances dans l’État de New York.

Coûts humain et économique

Johnson & Johnson, Purdue et d’autres laboratoires et distributeurs pharmaceutiques sont accusés d’avoir encouragé les médecins à surprescrire ces médicaments – initialement réservés aux patients atteints de cancers particulièrement graves – alors même qu’ils savaient qu’ils généraient de graves dépendances.

Depuis 1999, cette dépendance a poussé de nombreux consommateurs de ces médicaments vers des doses de plus en plus fortes et vers des drogues illicites comme l’héroïne ou le fentanyl, un opioïde de synthèse extrêmement puissant et donc à fort risque de surdose fatale.  

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), principale agence de santé publique du pays, estiment qu’environ 90 000 personnes sont mortes de surdoses de drogues en 2020, dont les trois quarts impliquaient encore des opioïdes.

Les CDC avaient estimé en 2019 à quelque 78,5 milliards de dollars par an « le fardeau économique » de la crise, incluant frais de santé, productivité perdue et coûts pour le système pénal. Une étude publiée par la Société américaine des cctuaires avait, elle, évalué à 631 milliards de dollars le coût pour les quatre années 2015-2018.

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