Gratuité pour les 65 ans et plus à la STM

40 % des aînés prendront davantage le métro et l’autobus, selon une étude

Environ quatre aînés sur dix utiliseront « davantage » les transports en commun dans la métropole une fois qu’ils seront gratuits pour les 65 ans et plus, selon une nouvelle étude de l’Université McGill. L’administration Plante, qui s’y est engagée à partir de juillet prochain, affirme que les problèmes financiers de la Société de transport de Montréal (STM) ne remettent pas en question sa décision.

Près de 15 % des usagers actuels

« Les personnes âgées interrogées à Montréal étaient pour la plupart au courant de l’annonce de la gratuité du transport en commun (79 %), et 40 % d’entre elles ont déclaré qu’elles utiliseraient davantage le transport en commun une fois qu’il serait gratuit », lit-on dans l’étude pilotée par l’assistante de recherche au doctorat en urbanisme à l’Université McGill Meredith Alousi-Jones. À l’inverse, près de 60 % des usagers n’envisagent pas de différence, certains utilisant déjà régulièrement les transports en commun. Depuis le début du mois de février, son équipe associée au Transport Research at McGill (TRAM) compile des données sur l’utilisation du transport collectif chez les aînés. En un mois, près de 4000 personnes ont déjà répondu à un sondage, dont tout près de 2000 habitent dans la métropole québécoise. Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on précise qu’environ 13 % des usagers du métro et des autobus de la STM sont des personnes âgées.

La voiture reste « essentielle »

En entrevue, Mme Alousi-Jones rappelle toutefois qu’environ 65 % des aînés montréalais affirment qu’ils ne « seraient pas capables de maintenir leur niveau de vie actuel » s’ils devaient abandonner leur voiture. « On voit très bien que même s’il y a plusieurs possibilités, avoir une auto demeure essentiel dans la perception du bien-être chez les aînés », souligne la chercheuse. D’ailleurs, environ 79 % des résidants sondés à Montréal disent avoir un permis de conduire valide. À travers le Canada, ce chiffre grimpe à environ 82 %, les villes de Toronto, Vancouver, Victoria, Halifax et Saskatoon ayant aussi été incluses dans l’exercice.

« Briser l’isolement »

Dans le transport adapté, le contraste est frappant : ce sont 70 % des clients qui ont 65 ans et plus. Au-delà de l’achalandage, la mesure de gratuité vise toutefois surtout à « briser l’isolement » et à combattre la hausse du coût de la vie chez les personnes âgées, affirme l’entourage de la mairesse. « Ce sont des données très intéressantes qui sont dévoilées par les chercheurs de l’Université McGill. Ça démontre que notre initiative incitera de nouveaux usagers à opter pour les transports en commun. Toutefois, l’objectif premier de la mesure était surtout de sortir de l’isolement nos aînés qui ont été particulièrement affectés par la pandémie », rappelle l’attachée de presse de la mairesse, Marikym Gaudreault. Elle confirme que les récentes difficultés financières de la STM, qui vient d’annoncer des coupes de 18 millions, ne retarderont pas le projet de gratuité, toujours prévu en juillet 2023.

Une bonne nouvelle, mais…

Selon Meredith Alousi-Jones, il est vrai que ces données montrent que la gratuité pour les 65 ans et plus est « pertinente à Montréal ». « Cela dit, ça montre aussi que ce n’est pas la seule mesure qu’il faut implanter pour attirer plus de gens et s’assurer d’avoir un service réellement adapté aux aînés », raisonne-t-elle. L’experte observe que plusieurs lignes d’autobus desservant des bassins d’aînés importants ne sont « pas fréquentes ». « Ça prendrait des lignes plus fréquentes, mais surtout plus spécifiques vers des destinations pour les personnes âgées et en provenance. On parle de services de santé, de grands parcs, de lieux commerciaux », mentionne encore la chercheuse à ce sujet.

40 millions de fonds publics

La gratuité du transport collectif pour les 65 ans et plus a été officiellement annoncée dans le dernier budget de la Ville de Montréal, en novembre dernier, mais il s’agit d’une promesse phare du parti de Valérie Plante depuis 2017, année où la mairesse a été portée au pouvoir pour la première fois. La mesure coûtera 40 millions annuellement à la Ville. Fait à noter, toutefois : comme ce nouvel incitatif ne sera mis en place qu’au mois de juillet 2023, il ne coûtera que 24 millions pour sa première année.

30 %

Proportion de répondants estimant « qu’il n’y aurait pas d’alternatives de déplacement adéquates s’ils arrêtaient de conduire ». Environ 20 % d’entre eux soutiennent qu’ils devraient déménager s’ils n’avaient plus de voiture.

Source : étude de l’Université McGill

78 %

Proportion de gens utilisant le métro et les réseaux d’autobus de la STM qui habitent l’île de Montréal. Le reste réside surtout dans les couronnes nord et sud, soit dans l’agglomération de Longueuil (10 %) et la région de Laval (12 %).

Source : étude de l’Université McGill

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