Volatilité boursière

« C’est inquiétant lorsque ça survient »

Nul doute que la volatilité boursière des derniers mois a créé son lot d’inquiétude auprès de nombreux investisseurs. On a beau croire qu’on possède une bonne tolérance au risque, on découvre parfois qu’on l’a surestimée lorsqu’on fait face à une sérieuse correction boursière. Comment alors affronter ces périodes difficiles ? Témoignage.

Et l’inquiétude naît

Geneviève Babin est gestionnaire dans une entreprise de services en ressources humaines. Début quarantaine, avec comme objectif financier de se doter d’un bon pactole en vue de la retraite, elle a choisi d’investir en fonction d’un profil croissance, ce qui implique une pondération relativement élevée de son portefeuille dans des titres boursiers. Elle a vu bien sûr son portefeuille perdre de la valeur au cours des derniers mois. « Bien que l’on s’attende à ce que ce genre de situation se produise, c’est inquiétant lorsque ça survient, avoue-t-elle. On se demande alors si on fait la bonne chose, si on a la bonne stratégie. »

Apprivoiser ses craintes

Devant ces baisses de marchés, Sophie Paquet, conseillère à la Financière Banque Nationale, lui conseille de garder la tête froide et de se méfier de ses émotions, car celles-ci pourraient l’amener à prendre de mauvaises décisions. « Étant donné que l’objectif de Geneviève est d’accumuler des actifs sur une longue période de temps, soit 20 à 25 ans, il importe qu’elle surmonte ses craintes et qu’elle garde le même profil d’investisseur quant à la prise de risque », dit la conseillère. Et l’idée a fait son chemin. « Actuellement, je ne sais pas trop ce qui peut arriver sur les marchés, mais comme mon projet est à long terme, je garde le cap », dit Mme Babin.

Prendre du recul

Pour l’aider à traverser cette période de forte volatilité boursière, Sophie Paquet invite sa cliente à prendre du recul et à examiner ce que l’histoire nous enseigne. Depuis 40 ans, les corrections boursières sont de 13 % en moyenne. Une fois ces corrections terminées, les marchés mettent généralement quatre mois à récupérer les pertes. Par contre, lors des marchés baissiers (bear markets), soit une baisse de 20 % et plus, il faudra en moyenne 22 mois pour retrouver le niveau d’avant la baisse. Le dernier « bear market » remonte à 10 ans. « Pour les investisseurs à long terme, ces chiffres incitent à ne pas verser dans la panique lorsque les marchés reculent », dit la conseillère.

L’épargne systématique

Ce qui rassure Geneviève Babin face aux fluctuations boursières, c’est que son plan d’investissement s’appuie sur un programme d’épargne systématique. Chaque mois, elle ajoute à son compte de retraite une certaine somme qui est investie en fonction de la stratégie établie. De plus, le portefeuille sera rééquilibré périodiquement lorsqu’il s’éloignera de la répartition d’actifs désirée. Ainsi, lorsque les prix des actions baissent, l’équilibre est rétabli en vendant des obligations pour racheter plus d’actions. « Ces deux facteurs assurent que l’investisseur profite des bonnes occasions lorsqu’elles se présentent », dit Sophie Paquet.

Des voix rassurantes

L’année 2018 a certainement été décevante pour les investisseurs. Presque toutes les catégories d’actifs ont réalisé des rendements négatifs. Mais 2019 sera différente selon la majorité des stratèges, dont Clément Gignac, économiste en chef et stratège à l’Industrielle Alliance. C’est qu’il ne prévoit pas que l’économie américaine tombe en récession avant l’année 2021. « L’histoire nous enseigne que les bear markets ne surviennent que lorsque l’économie tombe en récession », dit-il. Il rappelle également que, par le passé, le marché boursier américain a enregistré en moyenne une hausse de 23 % dans les 12 mois qui ont suivi une correction boursière d’environ 15 %, si celle-ci n’était pas suivie par une récession.

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