vaccination des 5 à 11 ans

« Une question de jours »

Santé Canada donnera son feu vert ce vendredi au vaccin de Pfizer-BioNTech pour les 5 à 11 ans. L’avis du Comité sur l’immunisation du Québec suivra ensuite « dans les prochains jours ». Dès que 80 % des enfants de 5 à 11 ans seront vaccinés, cela ouvrira « de belles perspectives » quant à la levée des mesures sanitaires, s’est réjoui le premier ministre François Legault.

Vaccination des enfants de 5 à 11 ans

« Ça vient complètement changer la situation »

La vaccination des enfants du primaire contre la COVID-19 est imminente. Santé Canada donnera son feu vert ce vendredi au vaccin de Pfizer-BioNTech pour les 5 à 11 ans. Le premier ministre François Legault envisage de laisser tomber certaines mesures sanitaires dès que 80 % d’entre eux seront vaccinés.

L’examen des études cliniques de Pfizer-BioNTech est terminé. La Santé publique fédérale fera une mise à jour sur le vaccin de Pfizer-BioNTech ce vendredi matin et le Comité consultatif national de l’immunisation divulguera ses nouvelles recommandations. Des ministres du gouvernement Trudeau feront également le point plus tard dans la journée.

Deux sources confidentielles bien au fait du dossier ont confirmé jeudi les informations sur l’approbation de ce vaccin d’abord rapportées par le Toronto Star. Le Canada doit obtenir près de 3 millions de doses du vaccin de Pfizer-BioNTech qu’il distribuera aux provinces.

« Ça vient complètement changer la situation de la COVID-19 au Québec », s’est réjoui le premier ministre François Legault jeudi.

« Le fait d’ajouter les jeunes de 5 à 11 ans, ça vient augmenter massivement le pourcentage de la population qui va être vaccinée. »

— François Legault, premier ministre du Québec

En raison de la vaccination de cette tranche d’âge, il sera possible à un moment donné de « laisser tomber » la grande majorité des mesures sanitaires, selon lui. Dès que 80 % des enfants de 5 à 11 ans seront vaccinés, cela ouvrira « de belles perspectives », a-t-il indiqué. Il affirme toutefois avoir besoin de maintenir l’état d’urgence pour l’instant, notamment pour l’imposition du passeport vaccinal ainsi que le port du couvre-visage.

« Une question de jours, pas de semaines »

L’annonce de Santé Canada est attendue par le gouvernement du Québec, qui a déjà commencé à planifier la vaccination des 650 000 enfants de ce groupe d’âge pour qu’ils puissent recevoir une première dose d’ici Noël. Au cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, on espère pouvoir aller de l’avant « dans les prochains jours ».

D’ailleurs, le Centre de services scolaire de Montréal a récemment envoyé un avis aux parents au nom du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal leur demandant de répondre à un court questionnaire afin de planifier cette opération imminente.

L’autorisation délivrée par Santé Canada sera ensuite suivie par un avis du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) pour définir le cadre dans lequel le vaccin sera distribué et administré. « Ce sera une question de jours, pas de semaines », promet le DNicholas Brousseau, président du CIQ.

L’avis donnera notamment des recommandations sur l’intervalle à respecter entre les deux doses de vaccin (il est actuellement de huit semaines pour les plus de 12 ans) et l’administration du vaccin aux enfants qui ont déjà eu la COVID-19. Une fois cet avis publié, les autorités régionales de santé publique pourront lancer les opérations de vaccination.

Les scientifiques du CIQ sont déjà en train de réviser les études sur la vaccination des enfants ailleurs dans le monde. Dans de rares cas, le vaccin de Pfizer-BioNTech pourrait causer une inflammation du cœur.

61 % des parents des enfants visés d’accord

Selon un sondage effectué du 29 octobre au 10 novembre pour l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 61 % des parents d’enfants de 5 à 11 ans sont d’accord pour les faire vacciner, tandis que 21 % des parents sont « totalement en désaccord » et 7 % sont « plutôt en désaccord ». Depuis le 1er juillet 2020, environ 3300 adultes répondent à un questionnaire en ligne sur la pandémie et les mesures de la Santé publique. Il s’agit d’un échantillonnage non probabiliste sans marge d’erreur.

La plupart des parents en désaccord (43 %) ne voient pas l’utilité de faire vacciner leur enfant vu le faible risque que la COVID-19 leur pose, d’autres (27 %) craignent surtout les effets secondaires qui pourraient survenir. De plus, 6 % d’entre eux estiment que les vaccins contre la COVID-19 sont inefficaces et 5 % ne font pas confiance à la vaccination en général.

Par ailleurs, le nombre de cas de COVID-19 continue d’augmenter chez les enfants de moins de 10 ans. La Santé publique québécoise dénombrait 106 nouveaux cas pour la journée de mercredi et 218 pour la journée de mardi. On ne déplore toutefois aucun décès dans ce groupe d’âge ni aucune nouvelle hospitalisation.

720 nouveaux cas au Québec

Au moment où les personnes de 75 ans et plus peuvent maintenant prendre rendez-vous pour obtenir leur dose de rappel, le Québec a rapporté jeudi un total de 720 nouveaux cas et 2 décès supplémentaires.

Ces nouveaux cas portent à 647 la moyenne quotidienne. La tendance est ainsi à la hausse de 7 % sur une semaine. Les non-vaccinés représentent toujours la majorité des nouveaux cas. Pour ce qui est des décès, les deux morts en plus portent à deux la moyenne quotidienne. La tendance est ainsi légèrement à la baisse. À ce jour, 11 550 personnes ont succombé à la COVID-19.

Après une tendance à la baisse dans les derniers jours, le nombre d’hospitalisations a augmenté de 10 jeudi pour repasser au-dessus de la barre des 200. On compte actuellement 205 personnes hospitalisées en lien avec le virus, dont 46 aux soins intensifs, soit une baisse de 1 patient sur ce plan.

Dans de nouvelles prévisions rendues publiques jeudi, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a néanmoins soutenu que « le nombre de nouvelles hospitalisations pourrait demeurer faible durant les prochaines semaines ».

À ce jour, 79,7 % de l’ensemble des Québécois ont reçu au moins une dose de vaccin et environ 77,6 % d’entre eux sont adéquatement vaccinés.

Appel à tous

Ferez-vous vacciner vos enfants dès que possible ? Quelles sont les raisons qui motivent votre décision ?

Quarantaine obligatoire pour les enfants non doublement vaccinés

Des écoles font un rappel à la veille des vacances

Vous avez prévu un petit voyage dans le Sud pendant les Fêtes avec vos enfants ? Des écoles commencent à rappeler aux parents qu’à l’heure actuelle, les enfants non doublement vaccinés doivent toujours faire une quarantaine obligatoire de 14 jours au retour d’un voyage et qu’ils devront rater des jours de classe.

Anastasia Pomares est bien consciente de tout cela. « Nous allons partir à la Guadeloupe du 22 décembre au 5 janvier et mon fils devra manquer deux semaines de classe en raison de la quarantaine. Mais nous n’avons pas de famille ici et ça fait deux ans qu’il n’a pas vu ses grands-parents », explique-t-elle.

Étudiante à HEC, elle prévoit deux semaines difficiles au retour. « Ça va coûter cher de gardienne », note-t-elle.

Pour leur part, Charlotte Prenot et son conjoint ont décidé à contrecœur d’être séparés à Noël. Lui restera au Québec avec l’aînée pour éviter qu’elle fasse une quarantaine et manque ainsi trop de jours d’école. Elle-même partira avec leur bébé dans sa parenté française. « Notre grande fille de 7 ans trouve difficile de ne pas pouvoir être du voyage », dit Mme Prenot.

Pas de vaccination à temps pour les Fêtes

Alors que flotte au Québec une odeur de retour à la normale avec le retrait du masque au secondaire et le retour vers les bureaux, cette question de la quarantaine ne doit pas être négligée.

Au gouvernement du Canada, la règle est toujours la même pour les enfants non doublement vaccinés de moins de 12 ans. Pendant 14 jours après son arrivée, « l’enfant ne doit pas se présenter à l’école, à un camp de jour ou dans une garderie ».

L’enfant ne peut pas non plus prendre les transports en commun ni participer à de grands rassemblements, « à l’intérieur ou à l’extérieur, comme un parc d’attractions ou un évènement sportif ».

Au rythme où vont les choses, même si la campagne d’immunisation des 5 à 11 ans commence sous peu, impossible que les enfants soient pleinement vaccinés pour le temps des Fêtes.

En date du 10 novembre, le ministère québécois de la Santé et des Services sociaux a rappelé dans un avis que « selon la situation actuelle et les données scientifiques récentes sur l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 », il était toujours recommandé qu’il y ait « un intervalle de huit semaines entre les doses des vaccins à acide ribonucléique (ARN) messager contre la COVID-19 pour les personnes immunocompétentes. Cet intervalle procure une meilleure efficacité vaccinale qu’un intervalle plus court ».

Christine Dubuc, qui est agente de voyage, met bien en garde ses clients. L’assurance annulation est incontournable dans la mesure où les consignes précises de voyage peuvent encore être appelées à changer d’ici le voyage du temps des Fêtes.

« Il faut une assurance qui permet d’annuler le voyage même 24 heures avant le départ, dit-elle. Et pas une assurance de carte de crédit, mais bien une assurance du fournisseur lui-même. »

Absence scolaire au retour des vacances

La Fédération des syndicats de l’enseignement relève pour sa part que lorsqu’un enfant est malade, les enseignants vont volontiers lui donner du travail à faire pour éviter qu’il prenne du retard, « mais c’est une pratique qui n’est certainement pas encouragée pour des motifs liés aux voyages », indique Sylvie Lemieux, attachée de presse du syndicat.

L’absence d’élèves dans les jours qui suivent ou qui précèdent les grandes vacances est un grand classique qui ne date pas d’hier, que ce soit pour profiter de meilleurs prix sur les billets d’avion ou pour prolonger un séjour dans la famille à l’étranger. Mais cette fois, en raison de la quarantaine, les élèves risquent d’être absents beaucoup plus longtemps, s’inquiète Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement. Lui aussi souligne que les enseignants n’alourdiront pas leur tâche pour cela. « Ils le font quand un élève se fait opérer, mais pas pour un voyage ou un tournoi de hockey. »

Étude sur la séroprévalence à Montréal

Près d'un enfant sur dix déjà infecté l'été dernier

Près de 10 % des enfants montréalais de moins de 12 ans avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 l’été dernier, comparativement à 6 % l’hiver dernier, selon une nouvelle étude de l’Université de Montréal et de l’Université McGill.

À titre comparatif, 15 % des adultes avaient déjà été infectés l’hiver dernier, selon les données d’Héma-Québec. Il s’agit de tests sanguins de séroprévalence, qui détectent les anticorps générés par une infection par le SARS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19. Une séroprévalence peut être suscitée par un vaccin, mais les enfants de 12 ans ne peuvent recevoir celui contre la COVID-19.

Les infections était presque trois fois plus élevées à Montréal-Nord que dans l’Ouest-de-l’Île.

« Ça confirme que les inégalités sociales jouent un rôle important dans l’impact de la pandémie », explique Kate Zinszer, épidémiologiste à l’Université de Montréal et auteure principale de l’étude.

« Il y a probablement davantage de parents qui travaillent en première ligne à Montréal-Nord, il y a plus de gens dans les logements. Et les inégalités créent du stress qui peut faciliter l’infection. »

— Kate Zinszer, épidémiologiste à l’Université de Montréal

Le taux d’infection moins élevé chez les enfants que chez les adultes signifie-t-il que les enfants sont un vecteur de transmission moins important, contrairement à ce qui se passe avec la grippe, par exemple ? « C’est possible, mais on ne peut pas en être certain avec ces données. Il se peut qu’il y ait d’autres facteurs, par exemple le confinement après la détection d’un cas dans une école. »

L’étude a tout d’abord analysé la séroprévalence chez les enfants montréalais entre octobre 2020 et mars 2021, puis entre mai et août 2021. L’étude d’Héma-Québec sur la séroprévalence chez les adultes a eu lieu entre janvier et mars 2021.

L’équipe de Mme Zinszer a aussi mesuré la séroprévalence chez les adolescents. Une autre donnée frappante de l’étude est que les adolescents étaient plus susceptibles que les enfants d’avoir été infectés à l’hiver 2021, mais moins à l’été 2021. Or, les adolescents ont commencé à être vaccinés au printemps dernier, et la vaccination peut aussi créer des anticorps contre le SARS-CoV-2. Ils auraient donc dû avoir un taux de séroprévalence beaucoup plus élevé que celui des enfants de moins de 12 ans. « Ça pose des questions très importantes sur la participation des adolescents montréalais à la vaccination et sur leurs comportements facilitant la transmission du SARS-CoV-2, qu’il faudra approfondir », dit l’épidémiologiste montréalaise.

Filles et garçons

L’étude de Mme Zinszer constate aussi que chez les enfants, les filles sont 30 % plus susceptibles d’être infectées que les garçons. « Ce ne sont pas des résultats statistiquement significatifs, mais on peut se demander s’il y a des comportements différents chez les filles et les garçons. »

Alors que la vaccination des enfants est imminente, les auteurs de l’étude demandent aux parents d’amener leurs enfants pour qu’ils se soumettent à une prise de sang afin d’avoir des données de séroprévalence avant la vaccination, de façon que les résultats reflètent les infections et non la vaccination. Pourquoi ne pas avoir lancé la troisième collecte de données plus tôt ? « Il y a eu toutes sortes de freins, des annonces, de nouvelles mesures; la recherche, c’est compliqué, dit Mme Zinszer. La première collecte de données avait aussi été retardée par une menace de grève des enseignants. »

La séroprévalence en chiffres

8,8 %

Proportion des enfants blancs montréalais qui avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 à l’été 2021

14 %

Proportion des enfants montréalais de minorités raciales qui avaient déjà été infectés par le SARS-CoV-2 à l’été 2021

Source : Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19

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