« La crise du logement, c’est pas juste une crise montréalaise »

Des centaines de manifestants se sont rassemblés dans l’arrondissement de Verdun, à Montréal, dimanche, pour dénoncer l’inaction gouvernementale face à la crise du logement, un phénomène qui se répand dans la province, selon eux.

Ils ont réclamé notamment l’instauration d’un registre national des loyers, un gel des loyers et la démission de la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest.

L’organisme responsable de l’évènement, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), s’inquiète de voir la crise du logement s’étendre à l’extérieur de Montréal.

Selon le plus récent rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), paru fin février, nombre de petites municipalités du Québec présentent maintenant des taux d’inoccupation des loyers près de 0 %, comme Granby, Drummondville, Rouyn-Noranda, Rivière-du-Loup et Joliette. À noter, la SCHL ne publie pas de données pour les villes de moins de 10 000 habitants.

« La crise du logement, c’est pas juste une crise montréalaise », souligne à ce sujet la porte-parole du RCLALQ, Marjolaine Deneault. « Ce qui est vraiment inquiétant, c’est vraiment la situation dans les régions, en dehors de Montréal et dans les quartiers limitrophes, je pense à Montréal-Nord, qui n’étaient pas touchés avant. »

Des villes démunies

« On voit des régions, des villes intermédiaires, des villes touristiques, on pense à la Gaspésie, les Laurentides, qui sont vraiment touchées par des phénomènes de gens qui se sont déplacés pendant la pandémie et qui ont causé des raretés de logements là-bas », poursuit-elle.

Contrairement à Montréal, où des ressources existent pour aider les locataires à risque de se retrouver à la rue, ces petites villes ne disposent pas toujours de telles infrastructures, plaide Marjolaine Deneault.

De récents propos de la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, qui a reconnu pour la première fois dans une entrevue au Journal de Québec l’existence d’une crise du logement, ont aussi contribué à mettre le feu aux poudres.

« Elle ne l’a pas reconnu partout au Québec, elle l’a reconnu uniquement en fonction du taux d’inoccupation alors que nous, ce qu’on dit, c’est qu’il y a une crise du logement à cause du coût des loyers. C’est ben beau qu’il y ait 4 % et plus de logements disponibles à Montréal, si les gens ne peuvent pas payer le coût de ces loyers, bien on est à la case départ encore », explique Marjolaine Deneault.

Des craintes aussi dans Verdun

Si la situation en région est préoccupante, celle en ville l’est tout autant, et particulièrement dans le quartier Verdun, où la manifestation a débuté, aux abords de la station de métro du même nom.

À l’approche du 1er juillet, les appels de locataires aux prises avec des avis d’éviction se multiplient, selon l’intervenant au Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun (CACV) Michel Proulx.

« On le voit, à Verdun, les gens de classes plus pauvres sont amenés à quitter puisqu’ils n’ont plus les moyens de se loger ici. »

— Michel Proulx, intervenant au Comité d’action des citoyennes et citoyens de Verdun

Pour démontrer la gravité de la situation, la présidente du conseil d’administration du CACV, Louise Constantin, fait état de plusieurs situations troublantes. Encore ce mois-ci, dit-elle, les locataires d’un immeuble de huit appartements de la rue Godin, à Verdun, ont dû quitter leur logis après avoir reçu des appels insistants de leur nouveau propriétaire prétendant qu’il allait entreprendre sous peu des rénovations.

La manifestation s’est conclue au parc Arthur-Therrien. En fin d’après-midi, le Service de police de la Ville de Montréal ne rapportait aucun incident en lien avec l’évènement.

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