Legault minimise les propos de sa femme sur Trudeau

Rimouski — Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, minimise l’impact sur ses relations avec Justin Trudeau des propos tenus par sa femme, Isabelle Brais, et pour lesquels elle a présenté ses excuses.

Comme l’a révélé La Presse hier, Mme Brais est bien moins optimiste que son mari quant à la possibilité de négocier avec le fédéral. Rouvrir la Constitution sera impossible avec le gouvernement de Justin Trudeau, estime-t-elle. « Son père était brillant, mais lui ne l’est pas », a-t-elle laissé tomber, au cours de l’été, devant des électeurs de Westmount.

François Legault a cherché à minimiser cette histoire lors d’une mêlée de presse à Tadoussac. « Mon épouse, avec qui je suis depuis 28 ans, c’est une femme autonome qui a ses opinions et qui est spontanée. Elle s’est excusée, moi je pense qu’il faut tourner la page […]. Ça règle le dossier », a-t-il soutenu.

M. Legault considère qu’il n’a pas lui-même à offrir des excuses. « Non, je pense qu’elle est une grande femme, elle s’est excusée pour elle-même », a-t-il dit.

Le chef caquiste a répondu qu’il n’est « pas en mesure de juger qui est le plus brillant des deux », entre le père et le fils Trudeau.

Il a ajouté que Mme Brais « a dit que ses mots ont dépassé sa pensée ».

Il nie que cette histoire risque de nuire à d’éventuelles négociations avec le fédéral s’il est porté au pouvoir. Il se fait plus optimiste que sa femme au sujet de tels pourparlers. Il s’est engagé à conclure une nouvelle entente sur l’immigration, par exemple.

« Je suis confiant que les demandes qu’on fait auprès d’Ottawa, parce qu’elles sont appuyées par un grand pourcentage de Québécois, devront être accueillies peu importe qui sera là à l’automne 2019 », à l’issue des prochaines élections fédérales.

Récents échanges avec Ottawa

Il a confirmé que la personne responsable de préparer la transition pour un éventuel gouvernement caquiste, Catherine Loubier, avait « parlé avec des gens du gouvernement fédéral » au cours des derniers jours. Il n’a donné aucun détail sur le résultat des échanges menés par cette ex-conseillère du premier ministre conservateur Stephen Harper.

Des échanges avec Ottawa, c’est « normal et responsable », car « il faut savoir c’est quoi les dossiers chauds et il faut se prépare au cas où il y a une victoire de la CAQ », a-t-il indiqué en soirée, à Rimouski. A-t-il été question d’immigration ? « On n’a pas parlé de ça », a-t-il répondu.

Des commentaires « contre-productifs », selon Lisée

Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, estime que malgré ses désaccords avec Justin Trudeau, c’est un homme « qui a une légitimité, qui a une crédibilité, qui a une habileté ».

S’il est devenu chef du Parti libéral du Canada, puis premier ministre, c’est qu’il « doit faire quelque chose de bien ».

« Ce sont des commentaires qui sont contre-productifs. Je pense que je ne le sous-estime pas. Il représente un pouvoir important. »

— Jean-François Lisée, chef du Parti québécois

« C’est un interlocuteur valable, a-t-il ajouté. Qu’il ne me sous-estime pas non plus. »

À Ottawa, le ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez, s’est dit « content » que Mme Brais ait présenté ses excuses « parce que ces commentaires-là n’ont pas leur place en politique ».

— Avec la collaboration de Martin Croteau et de Maxime Bergeron, La Presse

Couillard « tanné de se faire manger la laine sur le dos » par Legault

Sainte-Marie — Philippe Couillard est « tanné de [se] faire manger la laine sur le dos » par François Legault. « Si quelqu’un fait des attaques, il va en recevoir aussi », a-t-il affirmé hier en lançant une tirade de « questions » sur la Coalition avenir Québec (CAQ).

De passage en Beauce, le chef libéral a posé des questions sur les liens qui unissent le chef de la CAQ au cofondateur du parti, l’homme d’affaires Charles Sirois. Ce dernier est notamment impliqué dans Pangea, une société d’activités agricoles. M. Couillard a demandé si la proximité entre MM. Legault et Sirois expliquait pourquoi la CAQ « ne prend pas d’engagements sur le thème [de] l’accaparement des terres ».

Puis, le chef libéral s’est demandé si le candidat de la CAQ dans La Prairie, Christian Dubé, avait participé à titre de vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) à des réunions avec Lumenpulse, alors que la société d’État investissait dans l’entreprise dans laquelle la conjointe de M. Dubé était actionnaire et administratrice, selon les médias de Québecor.

« Je sers à M. Legault sa propre médecine. […] [Puis] je vais vous dire comme on dit dans les établissements scolaires : c’est-tu moi qui a commencé ? », a poursuivi M. Couillard, se défendant de mettre fin à sa promesse de tenir une campagne positive.

Durcissement du ton

Alors que les libéraux attaquent quotidiennement la CAQ depuis quelques jours, le ton s’est radicalement durci hier entre les deux caravanes.

En matinée, les médias de Québecor ont révélé que l’aile parlementaire caquiste avait reçu en novembre 2016 trois courriels provenant de deux adresses associées au député libéral et candidat dans Chomedey, Guy Ouellette. Ces courriels contenaient de l’information sensible pour le gouvernement Couillard concernant un homme d’affaires controversé, Luigi Coretti, et un haut fonctionnaire et militant libéral, Pietro Perrino. 

« M. Ouellette fait partie de mon équipe et s’il fait partie de mon équipe, c’est parce que je lui fais confiance. »

— Philippe Couillard, lors d’un point de presse, hier, à Québec

Après avoir refusé de le faire en matinée au nom de la protection de ses sources, François Legault a confirmé en soirée que Guy Ouellette avait transmis des informations confidentielles à son parti mais aussi, selon lui, au Parti québécois. C’est « troublant qu’un député libéral sorte des informations aux deux partis d’opposition contre le Parti libéral et Pietro Perrino. Si j’étais à la place de Philippe Couillard, je serais un peu plus inquiet et je regarderais plus dans ma cour que dans la cour des autres ».

Selon lui, « Philippe Couillard n’aurait pas dû nommer Pietro Perrino secrétaire général à l’économie, n’aurait pas dû le nommer pour préparer les futurs endroits de vente du cannabis. C’est sûr qu’un gouvernement de la CAQ ne gardera pas Pietro Perrino ». Il promet de négocier le départ de M. Perrino ou, puisqu’il est protégé par la sécurité d’emploi, de le mettre sur une tablette. Pour le chef caquiste, on assiste à « une triste fin de campagne pour Philippe Couillard. C’est la fin des années libérales : on tire n’importe où, on accuse n’importe qui, n’importe comment ».

Il soutient ne pas être sous l’influence de Charles Sirois, bien que ce soit un ami et le cofondateur de son parti. « J’ai dit à l’UPA ce que je veux vous répéter : je ne suis pas achetable et il n’y a pas personne qui m’influence. »

Du reste, il nie que Pangea soit responsable d’une spéculation autour de la valeur des terres agricoles, rappelant un rapport rendu public par le gouvernement le printemps dernier. Ce rapport avait conclu qu’ « il est impossible de confirmer, à l’aide des informations que le [ministère de l’Agriculture] a en sa possession, que cette hausse du prix des terres agricoles est influencée par Pangea ».

Le syndicat des agriculteurs s’inquiète de l’impact du modèle d’affaires de Pangea, a-t-on rappelé au chef caquiste. « L’UPA aurait aimé ça faire elle-même ce genre d’activité-là, a-t-il répliqué. Mais ce qui est important, c’est qu’il n’y a pas d’accaparement des terres, il n’y a pas de financiarisation importante de terres, et il n’y a pas d’impact significatif sur le prix des terres. »

Rappelons que Pangea achète des terres agricoles et s’associe à des producteurs pour les exploiter. Cette société détient plus de 6000 hectares. Elle est le deuxième propriétaire de terres agricoles en importance et son plan d’expansion devrait l’amener à occuper rapidement la première place, relevait-on le printemps dernier.

— Avec Tommy Chouinard, La Presse

Jean Habel dépose une plainte contre Legault

Le député sortant et candidat libéral de la circonscription de Sainte-Rose à Laval, Jean Habel, a envoyé hier une lettre au Bureau du syndic de l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) pour qu’il ouvre une enquête sur François Legault. « À l’occasion d’une mêlée de presse, M. Legault, commentant le bilan financier […] publié par M. Philippe Couillard dans le cadre de la campagne électorale, a déclaré sans discernement que tout impôt latent était nécessairement lié à la détention d’actifs dans une juridiction étrangère, suscitant un débat immédiat sur la possibilité que M. Couillard dispose de fonds à l’étranger », peut-on lire dans la lettre obtenue par La Presse. « J’estime que les propos tenus par M. Legault sont de nature à contrevenir aux dispositions du Code de déontologie », poursuit-on. Selon François Legault, « M. Habel va se faire retourner comme une crêpe », comme son collègue François Blais qui avait porté plainte contre Éric Caire. La commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale a blanchi M. Caire en concluant qu’il ne s’était pas placé dans une situation de conflit d’intérêts lorsque lui et son ex-conjointe ont reçu un prêt de 55 000 $ du maire de L’Ancienne-Lorette.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

Test de français : le PLQ veut serrer la vis aux futurs enseignants

Le Parti libéral (PLQ) souhaite rehausser le niveau de français des futurs enseignants et propose de limiter à une reprise, en cas d’échec à la première tentative, la passation d’un examen national de français qui serait obligatoire pour l’obtention de leur diplôme. Depuis 2008, les étudiants au baccalauréat en enseignement dans les universités francophones doivent se soumettre à un Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) avant leur troisième stage, et le réussir. Le nombre de reprises est pour l’instant illimité. Philippe Couillard propose de mettre fin à cette pratique. « À un moment donné, tu le réussis ou tu ne le réussis pas, [et il faut parfois] penser à son orientation professionnelle » en cas d’échecs successifs, a dit le chef libéral, hier.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

Gertrude Bourdon embarrassée par des souhaits interdits

La candidate libérale dans la circonscription de Jean-Lesage à Québec, Gertrude Bourdon, croyait qu’elle pouvait légalement utiliser la date de naissance des citoyens inscrits sur la liste électorale pour les appeler et leur souhaiter un bon anniversaire pendant la campagne. « On m’a dit que la façon que je le fais, c’était conforme aux règles. Comprenez-moi qu’aujourd’hui, je vais faire une triple vérification. Si on me dit que dans le cadre d’une campagne électorale, ce n’est plus conforme aux règles, bien sûr que je vais me conformer aux règles », a affirmé hier Mme Bourdon. Or, dans le guide des « bonnes pratiques à l’intention des candidats » aux élections fourni par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ), cette pratique est formellement proscrite. De plus, le DGEQ a par le passé forcé l’ancien député libéral de Jean-Lesage André Drolet à ne plus contacter ses électeurs le jour de leur anniversaire s’il obtenait leur date de naissance par l’entremise des informations inscrites sur la liste électorale. « Il faut connaître les détails des dispositions législatives et réglementaires. Mme Bourdon commence une longue et fructueuse carrière politique. Je suis certain qu’elle va entièrement se plier à tous les règlements et lois qui existent », a affirmé pour sa part Philippe Couillard.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

Nouvelle escalade avec QS sur fond de dissensions au PQ

Mont-Tremblant — L’escalade entre le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS) a repris de plus belle, hier. Et ce, même si Jean-François Lisée a reconnu que sa décision d’attaquer le parti de gauche n’avait pas fait l’unanimité au sein de ses troupes.

En début de soirée, le chef péquiste a réagi avec colère à une publicité de QS qui fait appel au souvenir de René Lévesque, fondateur du PQ.

La vidéo rappelle que dans ses jeunes années, la formation politique a été qualifiée d’extrémiste par les « vieux partis ». On y fait un parallèle entre les récents propos de M. Lisée au sujet de QS et ceux d’un député de l’Union nationale à propos du PQ.

« Moi, je suis assez vieux pour avoir connu René Lévesque, pour avoir apprécié René Lévesque, pour connaître le sens du rassemblement de René Lévesque, pour savoir combien René Lévesque détestait le radicalisme », a réagi M. Lisée à Mont-Tremblant.

« C’est une grave insulte à sa mémoire que Québec solidaire essaie de tirer la couverte de René Lévesque de son côté, a-t-il ajouté. René Lévesque, c’est le contraire de Québec solidaire. »

Le chef du PQ avait lancé une première salve contre QS jeudi dernier, lors du dernier débat télévisé, lorsqu’il a demandé à Manon Massé « qui tire les ficelles » de son parti.

Il a renouvelé ses attaques, dans les jours qui ont suivi, en dénonçant la « partie gratuite » dont QS jouit dans les médias et en affirmant qu’un courant « sectaire » et « marxiste » était bien vivant dans le parti.

Depuis le début de la semaine, il avait délaissé ses critiques de Québec solidaire, appelant ses sympathisants et ceux de la Coalition avenir Québec au « rassemblement » pour empêcher la réélection du Parti libéral.

Une stratégie que désapprouve Véronique Hivon

Mais à Rouyn-Noranda, hier matin, le chef péquiste a de nouveau été forcé d’expliquer sa stratégie face à QS. Il a reconnu que, malgré un « consensus » au sein de ses troupes, le plan de match n’avait pas fait « l’unanimité ».

Il a également confirmé que, parmi les opposants à sa stratégie, on trouve nulle autre que sa vice-cheffe, Véronique Hivon.

« Elle est vice-cheffe, je suis chef, donc c’est moi qui prends les décisions, a-t-il dit. Je me fais fort de l’écouter souvent et de suivre ses conseils souvent. Mais pas tout le temps. »

La principale intéressée n’a pas nié le désaccord lors d’une conférence de presse à Montréal.

« On a des styles différents, ce n’est pas une surprise pour personne », a simplement dit Mme  Hivon.

Duceppe s'attaque à Manon Massé

Désaccord ou pas, l’offensive a repris quelques heures plus tard. L’ancien chef du Bloc québécois Gilles Duceppe s’est livré à une charge à fond de train contre Manon Massé.

En entrevue à La Presse canadienne, il a accusé la leader solidaire de n’être souverainiste que « de temps en temps ». Il a affirmé au sujet du programme de QS que le parti « vit dans un autre monde ». Et il a écorché la qualité de son français parlé.

Quand on aspire à diriger le Québec, « me semble-t-il qu’on devrait mieux parler que cela », a déclaré M. Duceppe, convaincu qu’« on ne laisserait pas passer ça ailleurs ».

M. Lisée a assuré que la sortie de M. Duceppe n’a pas été téléguidée par son bureau.

« Les gens ont des micros devant eux, ils disent ce qu’ils pensent, a dit le chef péquiste. Je suis pour la liberté d’expression. Je choisis moi-même des expressions et il m’arrive d’utiliser des termes qui ne font pas consensus moi-même. Alors je ne devrais pas être le premier à jeter la pierre. »

— Avec la collaboration de Simon-Olivier Lorange et de La Presse canadienne

Attirer les jeunes en région

Le Parti québécois mise sur des incitatifs fiscaux et sur les étudiants étrangers pour donner un « nouvel élan » aux régions. « On est face à un problème qui est très grave et qui touche non seulement la main-d’œuvre, mais aussi la vitalité des régions, la présence en région de jeunes familles qui sont l’épine dorsale de la vitalité d’une région », a résumé le chef Jean-François Lisée. S’il est élu, il compte bonifier le crédit d’impôt aux jeunes qui s’établissent en région de 10 000 $ par année sur trois ans à 15 000 $ par année sur cinq ans. Un gouvernement péquiste réduirait les droits de scolarité des étudiants français ou belges qui fréquenteront une université à l’extérieur de Montréal et de Québec.

— Martin Croteau, La Presse

Aucun regret d’avoir traité un libéral de « câlice »

Jean-François Lisée ne regrette pas d’avoir traité le ministre libéral sortant Luc Blanchette de « câlice » dans un rassemblement militant. « Ça se pourrait même que Luc Blanchette reste : éloignez de moi ce câlice », a lancé M. Lisée devant ses partisans, prononçant le mot avec un fort accent québécois. Il s’est vite repris en prononçant cette fois le mot de manière à désigner le vase sacré de la liturgie chrétienne. Il a aussi décrit M. Blanchette comme une « bonne personne ». « Dans cette campagne, vous me voyez tel que je suis : très sérieux sur les enjeux, ouvert, transparent, répondant aux questions, et faisant régulièrement des traits d’humour, a indiqué le chef du Parti québécois, hier matin. Je m’engage solennellement à continuer de faire ça si je suis premier ministre. »

— Martin Croteau, La Presse

un tribunal consacré aux cas de violence sexuelle

La vice-cheffe du Parti québécois (PQ), Véronique Hivon, a réitéré hier un engagement qu’elle avait pris l’hiver dernier, soit de « rebâtir la confiance entre les victimes de violence sexuelle et le système judiciaire ». Ainsi, un gouvernement péquiste créerait au sein de la Cour du Québec une chambre consacrée aux cas de violence sexuelle ou conjugale – à l’instar de la Chambre de la jeunesse, par exemple. Selon Mme Hivon, cette chambre emploierait des procureurs et des juges spécialisés dans ce genre de dossiers et mettrait en place des « règles de pratique différentes » par rapport aux tribunaux déjà en place. La vice-cheffe péquiste compte également donner « une plus grande place à la justice réparatrice ». « Les victimes veulent être entendues, se rendre devant les tribunaux, mais souvent, elles ne cherchent pas la condamnation : elles vont plutôt chercher une admission, de la part de l’accusé, de ses torts, du dommage irréversible qu’il a causé. » 

— Simon-Olivier Lorange, La Presse

QS veut faire vibrer la fibre nostalgique des boomers

Québec solidaire (QS) a tenté d’élargir sa base électorale, hier matin, en lançant un appel nostalgique aux baby-boomers. Au menu : années 60 et 70, gouvernement Lévesque et Révolution tranquille.

Rattrapée par ses déclarations de lundi sur le marxisme, Manon Massé a continué de s’en dissocier, préférant comparer QS au Parti québécois (PQ) des premières années.

« Mon peuple est un peuple fier, un peuple qui a fait de grandes choses, et aujourd’hui – parce que les vieux partis nous maintiennent dans une vision d’économie de colonnes de chiffres –, notre peuple n’a plus d’espace pour désirer mieux, pour souhaiter mieux, pour rêver mieux », a déploré Manon Massé en point de presse au centre-ville de Montréal, entourée par ses candidats dans la métropole.

« Et oui, dans les années 60 et 70, notre peuple a rêvé mieux. Et je pense qu’on est encore capables de rêver mieux. »

— Manon Massé

« Je me souviens d’un peuple qui ne s’est pas laissé gagner par la peur. Je me souviens d’une époque où on ne votait pas pour le moins pire, mais par enthousiasme, par espoir pour l’avenir », avait-elle précédemment affirmé dans son discours.

« Du marxisme ? Oui, ça l’est »

Lundi soir, en entrevue télévisée à CBC News, la candidate de QS au poste de première ministre a accepté l’étiquette de « marxiste » que l’intervieweuse lui proposait. « Je pense que la révolution qu’emmène Québec solidaire, c’est une révolution qui met les changements climatiques et la population au centre de nos priorités », a-t-elle dit. « Si vous appelez ça le socialisme, bien sûr que nous le sommes. Vous appelez ça du marxisme ? Oui, ça l’est. La chose la plus importante pour nous, c’est d’améliorer la vie des gens. »

Depuis hier matin, Mme Massé nuance ou retire alternativement ses propos, faisant valoir qu’elle accordait peu d’importance aux étiquettes, que son anglais était défaillant et que ses connaissances en sciences politiques étaient limitées.

Le PQ de René Lévesque s’est fait taxer de « marxisme » dans ses premières années, a rappelé Mme Massé hier matin. La similarité des attaques, « je prends ça comme un compliment », a ajouté la co-porte-parole. Son discours empruntait d’ailleurs à la formule de l’ex-premier ministre en proposant de « retrouver l’ambition qui a fait du peuple québécois quelque chose comme un grand peuple ».

Alors, revendique-t-elle l’héritage du père du Parti québécois ?

« Je pense que le parti qui parle à chaque élection depuis 12 ans de souveraineté et d’indépendance, contre vents et marées, malgré les sondages, qui ne prend pas ça à la légère parce qu’on y croit à Québec solidaire, peut-être qu’on peut [dire] que c’est l’héritier du parti visionnaire de René Lévesque », a répondu Manon Massé.

La main-d’œuvre ignorée
Il faut tendre la main aux bénéficiaires de l’aide sociale, disent des organismes

Il faut tendre la main aux bénéficiaires de l’aide sociale, plaident des organismes

Alors que la pénurie de main-d’œuvre sans précédent est sur les lèvres de tous les chefs des partis politiques en cette période électorale, des organismes communautaires rappellent que plus de 120 000 bénéficiaires de l’aide sociale sans contrainte à l’emploi n’attendent qu’un meilleur soutien du gouvernement pour réintégrer le marché du travail et aider à pourvoir tous ces postes vacants.

À la suite de problèmes de consommation de marijuana et d’une psychose pour laquelle elle a été hospitalisée, Isabelle Raymond s’est retrouvée dans une grande précarité financière. Bénéficiaire de l’aide sociale depuis 2010, elle a intégré deux programmes d’aide à l’emploi au cours des dernières années et tenté de nombreuses démarches pour décrocher un travail, dans toutes sortes de domaines. « À part L’itinéraire, où je travaille comme camelot depuis trois ans, je n’ai jamais réussi à trouver une job », raconte-t-elle.

Ils sont environ 1,5 % de la population québécoise, soit 122 600 personnes, à recevoir l’aide sociale tout en étant aptes à travailler. Mais aucun d’eux n’a d’emploi. « Certains ont eu des problèmes de consommation, d’autres ont été judiciarisés, ont vécu ou vivent de la violence. Alors certains préjugés ne jouent pas en leur faveur », souligne Émile Roux, directeur général de la Société de développement social.

L’immigration est la solution la plus souvent mise de l’avant pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, mais « on ne parle jamais de ce 1,5 % de Québécois qui sont là, prêts à occuper des postes », remarque M. Roux.

L’itinérance absente de la campagne

Au début de l’année, on comptait près de 93 000 postes vacants au Québec, tous secteurs d’emplois confondus, selon Statistique Canada. Ce sont 260 postes non pourvus par tranche de 10 000 postes disponibles.

La Société de développement social et cinq groupes communautaires dont le fil rouge est la réinsertion professionnelle* dénoncent d’une seule voix l’absence d’un discours politique concernant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale durant la campagne électorale. Ils signent cette semaine une lettre, qui sera notamment glissée dans 500 exemplaires du magazine L’itinéraire, appelant à ce que le futur gouvernement agisse pour que ces travailleurs potentiels puissent se frayer un chemin vers le marché de l’emploi.

Émile Roux soutient que leur message est simple : « Comment peut-on parler de pénurie de main-d’œuvre quand, au Québec, nous avons un bassin de 122 600 personnes prêtes à travailler demain matin, si l’occasion se présente ? Le gouvernement n’a pas exploité toutes les solutions. »

Pour permettre à tous ces citoyens d’entrer sur le marché du travail, les organismes estiment que l’État devra d’abord « abolir ou réviser la loi 70 », une mesure votée récemment qui permet de réduire la prestation des demandeurs d’aide sociale qui ne participent pas à un programme de recherche d’emploi. « C’est une approche punitive et coercitive qui n’est pas cohérente avec la réalité des gens sur le terrain et renforce la précarité », témoigne M. Roux. La santé mentale de certains peut les contraindre dans leurs démarches et ils s’en trouvent punis, explique-t-il à titre d’exemple.

De plus, les prestataires ne peuvent ajouter plus de 200 $ de revenus à la somme qu’ils reçoivent de l’aide sociale. Une fois cette somme dépassée, leur prestation est réduite.

« Ces personnes qui sont en démarche pour réintégrer le marché du travail ne peuvent pas aller au-delà de leur situation économique et maximiser leurs revenus. »

— Charles-Éric Lavery, chef du développement social à L’itinéraire

« Il faut toujours faire attention de ne pas dépasser les 200 $ et pour certains, c’est très stressant et limitant », témoigne Isabelle Raymond.

Des prestataires « emprisonnés »

« On entend souvent dire que ces gens n’essayent pas, mais une fois sur l’aide sociale, il y a ces contraintes qui les emprisonnent », affirme Émile Roux. Par exemple, un prestataire à qui on offre un emploi adapté pourrait le refuser parce qu’il ne veut pas qu’on réduise son aide sociale pendant qu’il tente de s’intégrer sur le marché du travail. Si l’occasion n’aboutit pas, le risque de précarité s’avère souvent trop grand.

La création de programmes d’employabilité destinés aux bénéficiaires de l’aide sociale doit se faire en collaboration avec les organismes communautaires, affirment ces derniers.

« Il faut que le gouvernement se donne les moyens de bien faire les choses, soutient M. Roux. Il faudra des programmes d’aide pensés adéquatement, de la même façon que des programmes sont déployés pour l’intégration des nouveaux travailleurs immigrants. »

*Les organismes signataires sont L’itinéraire, la Société de développement social, Le Sac à dos, le Mouvement pour l’intégration et la rétention en emploi (MIRE), le Groupe Information Travail (GIT), la Coopération de solidarité Les Valoristes et Spectre de rue.

Menacé, un candidat musulman suspend sa campagne

Un candidat de confession musulmane de Québec, dont une affiche avait été criblée de balles plus tôt dans la campagne, vient de suspendre ses activités après avoir été menacé d’agression. Ali Dahan a été convoqué par le Service de police de la Ville de Québec, il y a quelques jours, qui voulait l’informer de l’existence de propos menaçants contre lui, a pu confirmer La Presse. Ces propos avaient été publiés en commentaire d’un article rapportant que l’une de ses affiches avait été criblée de balles de fusil à air comprimé. « Ça disait : “Cette fois-ci, c’est votre pancarte, mais que la prochaine fois, ce sera vous” », a dit M. Dahan, qui rapportait la substance du message plutôt que son libellé exact. « Depuis, je tremble, je ne peux plus sortir, a-t-il ajouté. Aussi longtemps qu’il n’est pas arrêté, je ne suis pas en sécurité. » Le candidat, qui se présente comme indépendant dans la circonscription de Jean-Talon, a suspendu son porte-parole et a annulé un rassemblement politique. Le Service de police de la Ville de Québec confirme qu’une enquête est en cours dans ce dossier. — Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

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