VALÉRIE MILOT

Capter l’invisible

Valérie Milot ne fait rien comme tout le monde. Elle aurait pu, comme tant d’autres, choisir le piano ou le violon, mais c’est la harpe qui a conquis son cœur. Se tenant loin des clichés romantiques qui entourent l’instrument, elle s’est lancée dans une nouvelle aventure artistique avec Orbis, un album qui sort des sentiers battus, mais aussi un spectacle immersif avant-gardiste où la musique rencontre la technologie.

À 10 ans, Valérie Milot, qui apprenait déjà le piano, a découvert la harpe. Ce fut le coup de foudre. Son nouvel instrument allait lui apporter le succès : Prix d’Europe en 2008, Jeune soliste 2009 des Radios francophones publiques, Prix de la meilleure interprétation pour une œuvre contemporaine au Concours international de harpe de la Cité internationale de Paris, Découverte de l’année aux prix Opus et Révélation de l’année 2009-2010 de Radio-Canada.

Six ans plus tard, elle en est déjà à son septième album avec Orbis, un disque fort réussi à saveur moderne où l’on retrouve des œuvres de John Cage, Steve Reich, Marjan Mozetich, Antoine Bareil (son conjoint) ainsi que de Frank Zappa et du groupe rock progressif britannique Gentle Giant, sous étiquette Analekta.

SORTIR DE SA ZONE DE CONFORT

Pour faire découvrir ce répertoire au public, elle a décidé de jouer dans un environnement hypertechnologique, immersif et interactif. Pour l’aider dans son projet fou, elle a fait appel à l’Atelier Vert-glacis, à Timecode Lab, au metteur en scène Thomas Pintal et à la boîte de production Figure 55, à qui l’on doit notamment le film musical Harmonielehre, avec l’OSM, présenté à la Société des arts technologiques en 2014.

Pendant une partie du spectacle, la harpiste jouera sous un dôme aux propriétés uniques. Des capteurs reliés à ses bras et à sa harpe activeront la création d’animations lumineuses sur le dôme, le tout accompagné d’un enregistrement des Violons du Roy, qui ont aussi participé au disque.

« Chaque fois que je fais un disque, j’essaie de penser au concept des concerts qui y seront reliés, dit Valérie Milot. J’ai eu le goût de faire quelque chose qui me sortirait de ma zone de confort et qui irait bien avec le répertoire du disque. C’est une musique moderne ; il lui fallait un habillage pertinent. En pop, les artistes sont déjà rendus tellement loin dans leur utilisation de la technologie, par exemple Peter Gabriel. Il y a vraiment matière à s’inspirer. Je me suis dit : pourquoi ne pas en faire autant dans le monde classique ? »

« C’est assez nouveau et déstabilisant pour moi comme façon de jouer en public. Ça brise les repères traditionnels du concert. »

— Valérie Milot

Pour financer son projet, la musicienne a mis sur pied une campagne de sociofinancement sur la plateforme Indiegogo et récolté un peu plus de 10 000 $, ce qui ne représente qu’une petite partie du budget du spectacle qui partira en tournée québécoise l’an prochain.

« C’est un projet de grande envergure, dit-elle. J’espère pouvoir continuer à le donner pendant au moins trois ans. Aujourd’hui, c’est difficile de trouver du financement en culture, surtout quand on est soliste. À un certain moment, il faut y mettre du sien et lancer ses propres projets en espérant qu’ils vivront le plus longtemps possible. »

SOLISTE EN RÉSIDENCE À L’OM

Après le violoncelliste Stéphane Tétreault il y a deux ans, Valérie Milot sera la seconde soliste en résidence de l’Orchestre Métropolitain pour la saison 2016-2017. Elle participera à trois programmes pour un total de neuf concerts avec l’OM.

« Je suis vraiment contente que l’OM ait osé choisir une harpiste comme soliste en résidence, dit-elle. Il n’y aura peut-être jamais eu autant de concertos pour harpe au Québec que pendant la saison 2016-2017. Je vais aussi faire une tournée en région avec les Violons du Roy et je jouerai aussi avec l’Orchestre symphonique du Saguenay–Lac-Saint-Jean. »

Cet été, elle donnera également le concert Old Friends, un hommage à Simon et Garfunkel, avec son conjoint Antoine Bareil, violon solo de l’Orchestre symphonique de Laval, et 18 musiciens, dans le cadre des Concerts populaires de Montréal au centre Pierre-Charbonneau.

Les deux musiciens hyperactifs sont les parents d’une fillette née en décembre dernier. Ils concilient maintenant ce rôle à leurs nombreuses activités musicales. « Chaque jour est un défi d’organisation, mais on y arrive. »

À la Cinquième Salle de la Place des Arts les 26, 27 et 28 mai, 20 h

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